Le 19 octobre prochain aura lieu l’élection à la présidence de la Fédération Française de Rugby.

Interrogé via Midi Olympique, le président de la FFR, Florian Grill a expliqué vouloir tout rafler et faire le Grand Chelem. Extrait:

Je suis encore plus concentré et déterminé. Je veux le grand chelem ! Je souhaite qu’on emporte la FFR, certes, mais aussi les Ligues régionales et World Rugby, pour avoir un vrai mandat démocratique très clair qui nous permette de réformer la Fédération, sachant que les 15 mois que l’on vient de passer nous ont permis de lancer les chantiers. On a marqué un essai, maintenant il faut le transformer.

Il évoque les nombreux chantiers qu’il a en tête. Extrait:

Ils sont nombreux : le plan Marshall sur les installations, grâce auquel les clubs peuvent obtenir jusqu’à 50 000 euros via leurs collectivités ; l’aide au rugby féminin via Adidas qui permet d’avoir 6 000 euros de dotation, les clubs du monde rural ou ceux qui œuvrent dans les QPV (Quartiers Prioritaires de la Ville) peuvent prétendre à 2 250 euros ; 35 000 ballons sont injectés dans le milieu scolaire depuis la rentrée ; 60 000 bénévoles bénéficient de la responsabilité civile de la FFR gratuitement au lieu des 12 000 précédemment, grâce au nouveau programme d’assurance ; nous avons aussi créé 8 titres de champions de France supplémentaires et mi-2025, nous aurons le nouvel Oval-E 3 qui va grandement faciliter la vie des licenciés…

Désormais, nous devons aligner les Ligues régionales sur la FFR. On a fonctionné pendant 15 mois en minorité, avec 11 élus seulement sur 40 au comité directeur et 3 Ligues sur les 13 métropolitaines et les 5 d’Outre-Mer. On a su faire fonctionner la FFR dans un contexte peu évident et nous avons quand même réussi à lancer tous nos projets.

Il explique pourquoi son projet est différent de celui de son opposant Didier Codorniou. Extrait:

Le mien est concret et il a déjà commencé. Il y a déjà 20 millions de mis sur les installations. Il ne mise pas sur les ressources de l’état dont on sait qu’il est en difficulté financière. On trouve des sous auprès des grandes entreprises comme Adidas ou TotalEnergie, ou auprès de mécènes ou d’actions RSO (responsabilité sociétale des organisations, N.D.L.R.). Exemple : TotalEnergie, via le Certificat d’économie d’énergie (CEE) pourrait payer 80 % de la réfection des vestiaires des clubs de France au prétexte que ce sont des passoires thermiques.

Il a ensuite parlé du départ d’Alexandre Martinez, la semaine dernière. Extrait:

Nous n’avons jamais été d’accord sur sa gestion financière des années Laporte. Il démissionne au lendemain d’un diagnostic de KPMG qui dit la vérité des chiffres, vérité des chiffres que le commissaire aux comptes et notre expert comptable Claude Hélias disaient aussi. M. Martinez démissionne aussi à la veille du rapport de la cour des comptes, dont on comprend qu’il va mettre en difficulté le trésorier de la FFR qu’il était. Je l’ai remercié d’avoir attiré mon attention sur quelques points mais nous n’avons jamais été d’accord sur sa gestion passée.

Il exprime ensuite son désaccord avec Didier Codorniou concernant l’état de santé de la FFR sur le plan financier. Extrait:

Les chiffres sont les chiffres. Quand KPMG dit que les fonds propres sont à 29 millions d’euros, ce n’est pas 50 ou 100 millions. Cela ne porte pas à discussion. La trésorerie d’exploitation à juin 2024 est estampillée par KPMG et par Claude Hélias. Il y a 69 millions d’euros sur les comptes, sauf que sur ces 69 millions, 49 millions sont liés au fonds des grands blessés. Ce n’est donc pas notre trésorerie. Il reste donc environ 20 millions. Et lorsque l’on sait que la Coupe du monde va nous en coûter 19, il ne reste vraiment plus grand-chose. Les chiffres sont clairs. Les contester, c’est mentir ou faire de la mauvaise politique. Il faut dire la vérité dans la vie.

Il explique ensuite pourquoi la Coupe du monde va coûter de l’argent à la FFR. Extrait:

Au lendemain de notre élection à la tête de la FFR, on nous disait que le GIE France 2023 gagnait 5 millions d’euros. En réalité, il en perd 36 et nous sommes actionnaires à 55 %. Cela fait bien 19 millions de perte. Quand on achète le pack hospitalité à 82 millions d’euros en proposant un prix deux fois et demi plus élevé que celui proposé par les concurrents, on a du mal à rentabiliser. Encore plus quand on choisi une agence qui dépose le bilan (Daimani, N.D.L.R.). Il y a eu de graves erreurs de gestion. Je ne parle même pas du dossier le Coq Sportif, une société dont j’ai découvert qu’elle nous devait 5,3 millions…

Nous sommes des gestionnaires responsables. Nous allons redresser les comptes de la FFR en trois ans. Nous n’allons pas impacter les clubs et nous ne ferons pas de plan social à la Fédération. On n’a pas d’argent mais on a des idées. On a trouvé 20 millions d’euros pour les équipements en partant d’une mise de 5 millions, on a trouvé en un an 4 millions d’euros pour le monde rural, le féminin, l’emploi… On trouve d’autres sources de revenus pour les clubs autour de la RSO (responsabilité sociale des organisations, N.D.L.R.) et autour de la Fédération à mission. Moi, je ne fais pas de programme contre. Juste un programme pour.

Il s’est ensuite confié sur l’affaire Jaminet. Extrait:

Mal, évidemment. Les propos de Melvyn Jaminet sont inacceptables et encore moins lorsque l’on porte le maillot frappé du coq. On a fait le nécessaire en le mettant à pied. On l’a ramené en France avec le chef de délégation Bernard Viviès. Nous avons aussi pensé à lui en le protégeant à l’arrivée, avec un accueil policier pour éviter les débordements et en lui organisant un retour à Toulon en VTC, pour qu’il ne soit pas dans un vol public. La commission de discipline a ensuite pris sa décision et je n’ai pas à la commenter. Le RC toulonnais et le joueur lui-même ont admis la sanction.

Puis de l’affaire Jegou – Auradou. Extrait:

Au cœur de la tempête, on a tenu un cap qui me semble être le bon. Un cap en trois points : écouter la plaignante, respecter et rappeler la présomption d’innocence, faire confiance à la justice argentine. Ensuite, oui, la FFR a avancé certains frais. La Fédération a été au rendez-vous de sa responsabilité, en se battant dès le premier jour pour que les joueurs ne soient pas incarcérés à la prison de Mendoza, ce qui aurait ajouté un drame au drame. On attend désormais la décision de la justice argentine qui sera souveraine.

Il souhaite serrer la vis. Extrait:

Cela fait plus de 50 ans que ces soirées qui débordent étaient tolérées, voire organisées dans le milieu du rugby. Il y aura un avant et un après cet été 2024. Maintenant que nous avons vu les images du bar, il faudrait sanctionner peut-être toute l’équipe et même certains membres du staff. On ne peut pas vouloir travailler sur l’alimentation et l’hydratation des joueurs et tolérer de tels débordements. Ce n’est plus possible. On ne peut pas, non plus, tolérer ces agissements lorsque 60 000 bénévoles sur le terrain se tuent à expliquer aux parents qu’au rugby, on apprend le respect. Partant de là, il y aura à l’avenir de l’information mais aussi des sanctions.

Il ne manque pas d’enfoncer le clou concernant Melvyn Jaminet. Extrait:

Pour Melvyn Jaminet, ça me paraît compliqué eu égard des propos qui ont été tenus. On a dû se justifier auprès de tous nos partenaires et auprès de nos bénévoles, auprès des 270 clubs qui bossent dans les Quartiers Prioritaires de la Ville. Il faut comprendre que ces propos ne les aident pas à expliquer à la population que le rugby est un sport de convivialité, ça n’aide pas les partenaires à vouloir accoler leur nom au rugby. In fine, c’est quand même eux qui paient les joueurs. 80 % des revenus de notre sport viennent de droits télés, de partenariats, du sponsoring… Porter le coq, ce sont des droits, dont des indemnisations très flatteuses, mais aussi des devoirs. Il faut que les joueurs le comprennent bien.

Questionné sur le sujet épineux de la cocaïne, il répond. Extrait:

Cela faisait des années que tout le monde se cachait sur ces sujets. Moi, bien avant les événements de l’été, je lançais déjà une commission addiction sur la cocaïne et l’alcool. Je suis le premier président de la FFR à avoir dit que le rugby n’était pas hermétique aux problèmes de la société. On a lancé avec Sylvain Derœux un plan antiviolence en 30 points. Quand on est malade, la première étape à accomplir est de poser un diagnostic. Je suis content que les langues se soient déliées maintenant. La grandeur du rugby sera d’affronter le problème en face. On sera là pour aider les clubs et les bénévoles.

Déjà, par l’exemplarité au plus haut niveau. On va être intransigeant. Il va y avoir des contrôles et des sanctions. Cela passera aussi par des partenariats avec l’AFLD ou la gendarmerie. On va lancer aussi une application « I-arbitres » qui va permettre d’évaluer le comportement des bancs de touche et des tribunes… Bref, nous avons tout un tas d’idées très concrètes qui sont lancées ou en passe de l’être.