Officiellement, il est arrivé à Grenoble le 6 février dernier. Mais samedi soir, un peu plus d’un mois après sa présentation à la presse, Fabien Barcella a donné l’impression d’être Grenoblois depuis toujours. « Je me sens bien dans cette équipe, expliquet- il. L’ambiance dans le vestiaire me correspond. Il y a un esprit de clocher, une vraie convivialité. C’est proche de mes valeurs. On n’a pas de grand nom, mais ça bosse dur et bien. »

À croire que l’ancien pilier international retrouve une seconde jeunesse. Barcella, bientôt 32 ans, a délivré samedi soir une prestation dans la droite lignée de ses sorties précédentes. Une performance aboutie tant en mêlée fermée où il a constamment mis au supplice le Géorgien Kubriashvili, que dans le jeu courant. Surtout, il a encore une fois disputé l’intégralité de la rencontre. Barcella avec le FCG, c’est 240 minutes de temps de jeu en trois rencontres, soit le maximum possible.

« À ce poste, c’est suffisamment rare pour être souligné, commente le manager isérois Fabrice Landreau. Habituellement, un pilier joue 50 minutes maximum par rencontre. » Et Landreau d’ironiser : « Barcella, c’est quand même le seul joueur à avoir fait 25 semaines de préparation physique, bien plus que les joueurs du Super Rugby. »

Une touche d’humour pour rappeler qu’avant de débarquer aux pieds des montagnes, Barcella avait passé six mois à Toulon sans jouer ou presque. Au total : 77 minutes de temps de jeu. Un chiffre famélique qui tend à expliquer aujourd’hui la capacité de l’ancien Biarrot à oeuvrer durant l’intégralité d’une rencontre avec un même niveau de performance.

Avec Fabien Barcella, Grenoble a retrouvé une assise confortable en mêlée fermée. Rarement cette saison, le pack parisien avait connu de telles difficultés. Les avants grenoblois ont offert six points à leur buteur Jonathan Wisniewski sur cet exercice, sans oublier un ballon gagné sur introduction adverse (18e). Au final, Grenoble s’est imposé logiquement face au Stade français, offrant probablement d’autres perspectives que le seul objectif du maintien. Désormais, Grenoble est en position de qualifiable.

« Cette victoire est le fruit d’un travail en profondeur qui a démarré il y a neuf semaines, lâche Fabrice Landreau, le manager soucieux de ne pas s’enflammer. C’est une bouffée d’oxygène. Maintenant, je n’oublie pas que nous sommes en construction, en chantier. De ce succès, je retiens en priorité notre constance. Mais on est encore loin du maintien… »

DES STATISTIQUES IMPRESSIONNANTES

Fabien Barcella, lui aussi, se veut prudent. « Je ne sais pas si on peut parler d’autre chose que du maintien. Soyons humbles. » Mais il ne cache pas non plus sa joie du vilain tour joué au Stade français. « Gagner ici, c’est un exploit. » Une performance que le pilier avait déjà goûtée en 2009 avec Biarritz. À l’époque, il se situait à l’apogée de sa carrière. Il était alors le pilier gauche de référence dans l’hexagone. Cette année-là, il était de ceux qui s’étaient imposés en Nouvelle-Zélande avec le XV de France (22-27).

« « Barce » est totalement épanoui et a retrouvé son meilleur niveau depuis qu’il est arrivé à Grenoble, juge son partenaire Jonathan Wisniewski. Quand je vois ses statistiques le lundi matin, je trouve ça incroyable. Franchement, il mériterait que le sélectionneur s’intéresse à lui. » Ce n’est pas forcément ce que l’intéressé est venu chercher aux pieds des Alpes, mais qui sait…

Source: Midi Olympique