Esteban Adabie : « Le rugby a été ma meilleure thérapie »
Esteban Adabie : « Le rugby a été ma meilleure thérapie »
Le samedi 12 octobre 2024 à 9:17 par David Demri
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Titulaire cet après-midi face au Racing 92 dans le cadre de la 6ème journée de Top 14, Esteban Abadie s’est longuement livré dans Var Matin.
Il revient avec émotion sur sa découverte du rugby et la disparition de son père Geoffrey en 2015, ancien champion de France de Rugby avec le Racing 92 en 1990 et avec le Stade Français en 1998.
Il raconte ses premiers souvenirs et sa volonté de jouer au rugby malgré les contraintes pour jouer au Racing 92 :
« Mes premiers souvenirs de rugby, ce ne sont évidemment pas les miens, s’amuse le troisième ligne. Et même s’il n’y avait pas de photo ou de maillot de mon père, car les mètres carrés sont comptés à Paris, j’ai souvenir d’aller le voir au stade. Pas au Stade français, puisqu’il a arrêté en 2000, mais dans des petits clubs du coin dans les années qui ont suivi. Je me souviens également des beachs au bassin d’Arcachon ou des heures complètes à écouter mon père refaire le match avec ses potes. Ce sont des souvenirs que je garde précieusement. »
« Une fois que j’ai goûté au rugby, c’était cuit pour les autres sports. C’était loin, mais mon père pensait que c’était le meilleur club pour un jeune ado. Pendant des années, qu’il pleuve ou qu’il vente, ma mère a donc fait 1h30 de bagnole plusieurs fois par semaine pour m’emmener à l’entraînement et aux matchs. »
Il revient sur le drame de la perte de son père et explique comment il a pu surmonter l’épreuve :
« Dix jours avant de passer le bac, je reçois un coup de fil de la nouvelle compagne de mon père. Et là, tout s’écroule. » Son père vient de mettre fin à ses jours. « C’est un cauchemar. Je sais que j’ai le bac à passer, qu’il faut avancer mais… Heureusement, mes amis sont là. Ma copine également, que je rencontre à cette époque. Mais surtout, alors que nous étions déjà très proches, nous devenons fusionnels avec ma mère et mon frère. Et on avance. Ensemble. »
« J’ai 18 ans, le ciel vient de me tomber sur la tête, mais je ne mets rien entre parenthèses. Je suis triste, déboussolé, en colère, mais je veux avancer, alors je continue les cours, le rugby. Ça a d’ailleurs été ma meilleure thérapie lors des premiers mois. Car pendant 80 minutes, tu oublies tes problèmes, tu te marres avec les copains. Tu retrouves tes soucis dans le vestiaire, mais le temps d’un match, d’un entraînement… »
Esteban Abadie ne pouvait plus rester en région parisienne et devait partir pour se reconstruire, il témoigne :
« Je sentais de la pitié autour de moi, notamment au club. Je lisais dans les regards des choses que je voulais éviter. Je ne voulais pas qu’on s’apitoie sur mon sort. C’était bienveillant, mais j’avais besoin de rebondir, de faire le deuil. Puis quand tu viens t’entraîner et que tu vois des photos de ton père sur les murs, ça te fait rechuter.
Quitter Paris, c’était accepter de partir loin de mon monde, mais il le fallait. Alors à un an de la fin de mon contrat, j’ai signé à Brive «
Il conclu ensuite en rendant un très bel hommage à son père et l’assure, il est fier de son nom et son père ne le quitte jamais :
« Repartir de zéro m’a fait le plus grand bien. J’aimais le Racing, mais avoir des coéquipiers qui ne connaissaient rien de mon histoire m’a permis de me reconstruire. Et de comprendre certaines choses vis-à-vis de mon père. Comme le fait que je n’étais pas “seulement » rugbyman… Ce que mon père n’a pas supporté, c’est l’après-carrière. Il a connu le début du professionnalisme, l’explosion, le Stade français… Et quand tu passes du statut de star à l’anonymat, c’est compliqué. Donc son expérience m’a par exemple poussé à poursuivre mes études .
Et puis sur le terrain, c’est aussi devenu ma plus grande force. Je suis tellement fier de porter son nom. D’ailleurs, je me note toujours un petit mot pour mon père sur le poignet. »
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2 Commentaires
C est pas la moitié d un con. Lui il faut le garder. Bon joueur mais surtout intelligent sensé.
De tout coeur avec toi Esteban, j’espère que tu c.o.ntinueras à trouver ton plaisir sur le pré, pour notre plus grand bonheur. En seulement deux saisons, tu es devenu un rouage essentiel du RCT, que ce soit par tes prestations ou ton engagement, respect !