Encore plus ambitieux (SudOuest.fr)
Encore plus ambitieux (SudOuest.fr)
Le mardi 10 août 2010 à 13:58 par David Demri
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La saison passée, Toulon et le Racing Métro sont venus bousculer la hiérarchie. Leurs moyens et leurs recrutements peuvent leur permettre d’envisager une saison encore meilleure.
Il y a trois mois, au soir d’une demi-finale époustouflante et cruelle pour les siens, battus après prolongation par Clermont (35-29), Mourad Boudjellal, le président de Toulon, avait lâché une de ces tirades fracassantes dont il est désormais coutumier : « On va revenir et on visera le Bouclier de Brennus. On a très faim et on va manger salement. Il faut être un bon client en boîte de nuit pour accéder au carré VIP. Mais le rugby est en train de changer. Toulon arrive »… Et le Racing Métro, éliminé lui en barrages, devrait le suivre de près, aurait-il pu ajouter.
On peut appartenir au patrimoine et avoir la volonté de bousculer l’ordre établi. Toulon (4e budget avec 19,05 millions d’euros) comme le Racing Métro (5e budget avec 18,94 millions d’euros) sont de vieilles institutions du rugby français, mais force est de reconnaître que leurs deux présidents, très différents mais également atypiques, les ont dépoussiérées à très grande vitesse. Cet été, ce sont encore Boudjellal et Jacky Lorenzetti qui ont effectué les emplettes les plus spectaculaires sur le marché des transferts.
Prudence et pragmatisme
À Toulon, Carl Hayman, l’ancien pilier droit des All Blacks, George Smith, le formidable petit flanker australien aux 110 sélections, les ailiers internationaux Paul Sackey (Ang) et Rudi Wulf (N.-Z.) sont venus amener un supplément de puissance, de vitesse et d’expérience à un effectif déjà très riche.
Un constat qui vaut aussi pour le Racing Métro, où le surdoué argentin Juan Martin Hernandez, l’ancien Perpignanais Nicolas Durand ou encore l’ailier bayonnais Benjamin Fall, ont, entre autres, posé leur sac.
« Il n’y aurait rien d’étonnant à retrouver Toulon et le Racing Métro » en finale du Top 14, confiait hier dans nos colonnes Vern Cotter, l’entraîneur de Clermont. Si après avoir agacé le petit monde d’Ovalie, les deux ambitieux du Top 14 inspirent ainsi le respect, c’est d’abord parce que les deux techniciens qui les dirigent ont su donner de la cohérence, du sens aux investissements consentis.
Dans leur approche du jeu, Pierre Berbizier et Philippe Saint-André se ressemblent un peu. Rien de surprenant puisque le premier a été le mentor du néo-Varois en équipe de France, et que celui-ci souligne volontiers l’influence décisive de son aîné.
Tous deux affichent la même prudence et le même pragmatisme à l’approche du coup d’envoi. « On va être attendus. Il n’y aura plus d’effet de surprise », assurent-ils d’une même voix.
Assumer un nouveau statut
« Je me prépare à une saison beaucoup plus dure, poursuit Saint-André. Serons-nous capables d’assumer notre changement de statut, c’est pour moi le gros point d’interrogation. L’an passé, nous avions enchaîné douze matches sans défaite qui nous avaient permis de finir à la deuxième place, mais dans ma carrière d’entraîneur, je n’avais jamais connu une telle série. Soyons humbles. Ayons d’abord comme objectif de revenir dans les six premiers et de préserver notre invincibilité à Mayol, où nous n’avons pas perdu depuis 15 mois. »
L’itinéraire du Racing Métro lors de leur deuxième partie de l’édition passée possède des ressemblances avec celui des Varois. « J’aurais aimé que nous allions peu plus loin », nuance cependant Berbizier. « Cela aurait achevé de nous désinhiber, parce ce sont ces matches de phase finale qui permettent à un groupe d’aller plus vite dans sa construction. »
Cette saison, Toulon et le Racing Métro, qui il y a trois ans s’affrontaient en ProD2, auront justement la Coupe d’Europe pour accélérer leur apprentissage du plus haut niveau. En feront-ils une priorité ? Ce n’est pas une évidence, surtout lorsqu’on mesure la difficulté de l’exercice proposé (1). « L’an passé, nos matches de Challenge européen contre les Wasps nous avaient permis de progresser », avance Berbizier. « On verra, de toute façon, après deux matches, on sera fixé », répond Saint-André.
Et l’on devine que dans l’ordre de leurs préoccupations, briller sur la scène européenne compte bien moins que l’obtention d’une carte de membre du carré VIP du Top 14.
(1) Le Racing Métro est dans la poule 2 avec Clermont, les Saracens et le Leinster. Toulon est dans la poule 3 avec les Ospreys, le Munster et les London Irish.
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