Droits télé du Top 14 : Canal + va-t-il être évincé par la Ligue Nationale de Rugby ?

Droits télé du Top 14 : Canal + va-t-il être évincé par la Ligue Nationale de Rugby ?

Le mercredi 3 avril 2024 à 16:46 par David Demri

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Au lendemain du lancement de l’appel d’offres pour les droits TV du Top 14 et de la Pro D2 sur la période 2027-2031, le Directeur général de la Ligue nationale de rugby a expliqué ce mercredi, pour RMC Sport, les conditions de cette procédure. Emmanuel Eschalier a notamment détaillé les critères qualitatifs de cet appel d’offres dans un contexte favorable pour le rugby avec un engouement populaire, des stars et une belle exposition par les diffuseurs.

Emmanuel Eschalier, la LNR a lancé mardi son appel d’offres pour les droits TV du Top 14 et de la Pro D2 pour la période 2027-2031. Si le prix de réserve est fixé à 130 millions d’euros – soit un peu plus que le montant payé actuellement par le diffuseur – combien la Ligue espère-t-elle obtenir? Quels sont vos objectifs réalistes pour cet appel d’offres?

Nos objectifs sont de poursuivre la progression de la valorisation des droits du Top 14 et de la Pro D2. C’est d’avoir, à l’issue de cet appel d’offres, une visibilité à moyen terme pour la Ligue comme pour les clubs sur l’exposition de nos championnats, sur les revenus audiovisuels pour pouvoir continuer à investir afin de faire grandir nos compétitions au bénéfice du rugby et au bénéfice des diffuseurs qui en auront acquis les droits.

D’un point de vue financier, vous êtes-vous fixé un objectif ou un montant rêvé?

Il y a un prix de réserve qui est affiché, qui est communiqué et qui est de 130 millions d’euros pour l’ensemble des quatre packs qui regroupent les deux championnats. Nous ne communiquerons pas d’autres chiffres que celui du prix de réserve, qui est un prix à partir duquel, si les autres critères de l’appel d’offres et notamment les critères qualitatifs sont remplis, les procédures d’attribution seront automatiques.

Vous parliez justement de cet aspect qualitatif: RMC Sport a même appris l’existence d’une sorte de coefficient pour évaluer l’exposition médiatique et la mise en avant potentielle des matchs par les diffuseurs, pouvez-vous éclaircir ce point? Comment sera fait le choix du diffuseur sur l’aspect qualitatif?

L’intégration d’une dimension qualitative dans l’évaluation des offres c’est la stratégie habituelle de la Ligue nationale de rugby qui est très attachée, évidemment, à la valorisation du montant des droits mais aussi à la dimension qualitative qui repose sur plusieurs éléments. A savoir le niveau d’exposition dont l’audience générée par la diffusion des matchs, mais également la qualité de la couverture éditoriale des rencontres. Notamment pour la Pro D2 sur laquelle l’appel d’offres propose une montée en puissance par rapport à la couverture actuelle de la Pro D2, qui est déjà de grande qualité mais il me semble que l’on peut encore progresser à l’avenir. La dimension qualitative intègre aussi les engagements pris par les diffuseurs pour faire la promotion du Top 14 et de la Pro D2, à la fois sur leur antenne à travers les différents supports de communication. Ce sont ces trois critères: l’exposition donc l’audience, la couverture éditoriale et l’engagement promotionnel qui forment les critères qualitatifs qui viendront pondérer les offres financières. Ce sont donc des offres financières pondérées par la note qualitative qui seront comparées les unes avec les autres.

« Les notes qualitatives remises à un huissier de justice avant que les offres financières ne soient ouvertes »

La pondération dont vous parlez est-elle déjà actée de manière chiffrée avec un coefficient ou est-ce que ce sera au cas par cas?

Non ce n’est pas du tout au cas par cas. Les règles de l’appel d’offres sont extrêmement précises et sont détaillées dans le document d’appel d’offres. La méthode d’évaluation des offres qualitatives des candidats sera faite selon une méthodologie déposée au préalable chez un huissier. Les notes qualitatives seront elles-mêmes remises à un huissier de justice avant que les offres financières ne soient ouvertes. C’est pour que l’évaluation qualitative ne soit pas influencée par la connaissance des offres financières des différents candidats. La méthodologie est extrêmement rigoureuse, précise et transparente pour garantir à tous les acteurs intéressés que l’appel d’offres sera parfaitement équitable entre tous les candidats. Notamment dans la façon dont les offres qualitatives seront évaluées. Quant à l’importance de la note qualitative, elle varie selon les packs. Sur les packs 1 et 2, c’est le critère d’exposition qui représente le poids le plus important dans la dimension qualitative. Pour le pack 4 qui concerne à 100% la Pro D2, ce sera davantage la couverture éditoriale des rencontres.

Avec les quatre lots proposés, on sent aussi une volonté d’attirer de nouveaux diffuseurs. La LNR est-elle prête à se séparer de Canal+, son diffuseur historique, si un autre candidat paie un petit peu plus ou faudra-t-il une vraie différence financière pour évincer l’offre qualitative, historique de Canal?

Il n’y absolument aucune volonté de la LNR d’évincer Canal+. Je ne vois pas pourquoi nous aurions cette idée. La relation entre le rugby professionnel et la Ligue et Canal + est extrêmement forte, elle est historique et a débuté dès la création de la LNR en 1998. Canal +a énormément contribué au développement du Top 14 et de la Pro D2, leur offre une exposition exceptionnelle. Maintenant, il y a des règles lorsque l’on remet les droits sur le marché. Des règles qui prévoient l’organisation d’appel d’offres avec des lots distincts, avec une procédure ouverte, transparente et équitable avec l’ensemble des candidats. Chaque candidat pourra formuler ses offres et les offres retenues seront celles qui sont les meilleures au regard des critères de l’appel d’offres. Tout simplement. Nous comptons évidemment sur l’engagement de notre partenaire historique dans cet appel d’offres. Mais tout le monde le sait, Canal+ le sait comme l’ensemble des acteurs le savent, lorsque les droits sont remis sur le marché cela doit se faire à travers un appel d’offres qui obéit à des règles précises.

Dans son communiqué pour lancer l’appel d’offres, la LNR précise que les candidats peuvent « étendre leur offre sur une cinquième saison » sur les packs qu’ils convoitent. Pourra-t-on avoir un lot attribué sur cinq ans et un autre sur quatre ans? Est-ce qu’il faudra refaire un appel d’offre pour une seule saison si c’est le cas?

L’appel d’offres porte sur les saisons 2027-2028 à 2030-2031 donc sur quatre saisons. Effectivement, on propose une option pour une cinquième saison parce que le code du sport nous en offre désormais la possibilité pour le Top 14. Ce n’était pas le cas jusqu’à la modification des textes qui est intervenue au mois de septembre. C’est une option que chaque candidat pourra choisir d’activer lorsqu’il remettra son ou ses offres. En revanche, pour répondre à votre question, la cinquième saison ne pourra être attribuée que si elle est cochée par l’ensemble des candidats qui ont obtenu les packs portant sur un même championnat. Pour les packs qui intègrent les droits du Top 14, les packs 1-2-3, pour que la cinquième saison soit activée, il faudra que les vainqueurs des trois packs aient coché la cinquième option pour que l’ensemble des droits d’une compétition soient attribués pour la même durée. La cinquième saison ne sera activable que sur l’ensemble d’une même compétition si les conditions sont remplies. Si ce n’est pas le cas, les droits ne seront attribués que pour quatre ans.

Le lot pour la finale en clair n’est pas concerné par cet appel d’offres. Est-ce que l’on sait quand et comment le diffuseur en clair sera décidé?

De façon assez classique, les droits de la finale en accès gratuit sont réservés dans l’appel d’offres. Ils ne sont pas proposés dans l’appel d’offres. La finale est un événement d’importance majeure qui doit être diffusé en accès gratuit. C’est d’ailleurs aussi, au-delà de cette obligation, la volonté de la LNR. De façon habituelle, nous attendons d’avoir une visibilité sur l’attribution des droits sur l’ensemble de la saison pour ensuite attribuer les droits de la finale en codiffusion par un acteur gratuit. Il n’y a pas de calendrier déterminé à ce jour, les droits sont attribués à France 2 jusqu’en 2027 donc pour la période 2027-2031 nous allons attendre que l’attribution de l’ensemble des droits de la saison se fasse pour ensuite envisager un timing pour la finale en accès gratuit. Avec un processus classique de consultation du marché.

« Un contexte évidemment favorable »

On voit actuellement les difficultés de la Ligue 1 pour vendre ses droits TV, en quoi est-ce que ces galères sont une bonne chose pour la LNR? Est-ce que vous pensez que cela peut contribuer à augmenter le montant proposé par les éventuels diffuseurs du Top 14 et la Pro D2?

Non. D’abord, je ne ferai aucun commentaire sur les droits d’autres compétitions. Je m’en garderai bien. De toute façon cela n’a absolument aucun rapport. Les droits dont vous parlez portent sur la saison 2024-2025 et les saisons suivantes L’appel d’offres que nous lançons aujourd’hui porte sur les saisons 2027-2028 à 2030-2031. On ne parle pas des mêmes cycles de droits. Et puis je n’ai pas de commentaire à faire sur les dossiers d’autres ligues et d’autres compétitions.

Mais le fait de voir, par exemple, Canal + donner une meilleure exposition au Top 14, notamment parce qu’il y a conflit avec la LFP, c’est forcément une bonne chose indirectement pour la LNR et la diffusion du rugby français non?

Nous ne nous sommes jamais positionnés dans une relation concurrentielle avec les autres disciplines et les autres compétitions. Les chaînes payantes de sport ou généraliste ont besoin d’une programmation diversifiée avec des complémentarités de programme pour bâtir des offres attractives. Aujourd’hui nous sommes ravis de la façon dont le Top 14 et la Pro D2 sont aujourd’hui exposés et couverts à tous points de vue par notre diffuseur. L’appel d’offres que nous lançons a pour ambition de permettre au Top 14 et à la Pro D2 de poursuivre leur développement sur le moyen terme et d’avoir de la visibilité pour la Ligue comme pour les clubs afin de continuer à investir et faire faire grandir nos compétitions.

Auriez-vous pu rêver meilleur moment, meilleure situation du rugby français avec des stars, avec une exposition médiatique liée à la Coupe du monde en France pour lancer cet appel d’offres? Encore meilleur, cela aurait été quoi, un titre mondial du XV de France à domicile?

Forcément un titre mondial. Je pense que l’on en aurait tous rêvé. On avait tous très envie que l’équipe de France aille au bout. Malheureusement cela n’a pas été le cas mais néanmoins l’équipe de France est revenue au plus haut niveau du rugby mondial et le contexte du rugby français est très favorable avec un engouement très fort du rugby que l’on voit chaque week-end en Top 14. On le voit aussi en Pro D2 où les audiences sont en progression de 13% alors que le Top 14 progresse de 5% par rapport à la saison dernière qui était celle où le Top 14 a battu son record historique d’affluence. Donc la dynamique est très très bonne en termes d’engouement populaire. Le rugby français se porte bien sur le plan sportif tant au niveau des clubs que de l’équipe de France.Nos championnats sont extrêmement incertains et plein de suspense à tous les étages. Donc le contexte est évidemment favorable. Et cela a été un élément qui a compté dans notre décision s’agissant du timing de cet appel d’offres. Même si la raison principale, c’est celle qui a motivé le timing de nos précédents appels d’offres, c’est de mettre les droits sur le marché plusieurs années en avance par rapports aux termes des contrats en cours pour avoir une visibilité à moyen terme. Mais le contexte très positif et la dynamique rugby est excellente et c’est évidemment un point important et on l’espère favorable.

Via RMC Sport

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