Clermont-Toulon, en finale de Coupe d’Europe, c’est aussi un choc de cultures, une opposition de styles autour desquels se sont construites ces équipes.

On le dit depuis la nuit des temps sportifs sans, toutefois, que cela se vérifie toujours, de l’opposition des styles naissent les plus grands matches. Le Clermont-Toulon de ce samedi semble devoir offrir aux supporters des deux clubs et aux publics irlandais et télévisuels, un de ces chocs de cultures dont on espère beaucoup.

Choc de cultures donc, appuyé sur des bases et des convictions propres au caractère et à l’histoire de ces villes, de ces clubs et de leurs dirigeants. Ces différences se voient autour des équipes mais aussi dans leur manière d’aborder le rugby. A Toulon, Mourad Boudjellal a reconstruit un club et une équipe, qui ont rendu leur fierté rugbystique aux habitués de Mayol, en sachant s’appuyer sur des hommes que ne renieraient pas les Gruarin, Herrero et autre Eric Champ .

Il l’a fait en utilisant son portefeuille mais à bon escient Les gaillards recrutés, les Botha, Hayman, Sheridan, Armitage, Masoe, sont des gens venus apporter leurs qualités à un jeu parfaitement élaboré par Bernard Laporte. Il s’agit là de proposer de l’affrontement physique intense, constant, virulent, technique aussi, avec pour objectif d’être encore relayé au « milieu du terrain » par Mathieu Bastaraud.

A l’image de leurs traditions

La grande majorité des équipes qu’a affronté le RCT cette saison a fini par craquer, saoûlées de lourdes percussions jusqu’au mois de décembre où le Racing Métro est allé à Mayol avec des joueurs aussi musculeux et déterminés que l’étaient les hommes au muguet. On a pu voir, ce soir-là, que Sébastien Bruno et consorts étaient vulnérables lorsqu’on les prenait à leur propre jeu et que même leur défense de fer pouvait finir par craquer.

L’ASM a, aussi, réussi à tenir la dragée haute aux Toulonnais, tant au stade Marcel-Michelin qu’au Vélodrome de Marseille. On la sait donc en mesure de tenir le choc, tant devant qu’en matière de défense. Derrière, le jeu toulonnais est sans doute moins sophistiqué que celui des Auvergnats, moins considéré comme une arme de base, mais Matt Giteau et ses camarades savent renverser une tendance lorsque c’est nécessaire.

Cela peut sembler un peu restrictif, mais cela reste totalement « rugby » et se justifie d’autant plus qu’avec sir Jonny Wilkinson, le RCT dispose de l’arme fatale. L’ASM a, elle, construit son équipe autour d’une philosophie de jeu, plus large mais tout aussi efficace. Son paquet d’avants est également de fort calibre et capable de tenir tout les chocs, comme il l’a fait face au Munster.

S’ils ont suffisamment de ballons, les Asémistes savent alors user d’autres arguments avec une ligne de trois-quarts à laquelle les entraîneurs sont parvenus à donner la confiance et les automatismes qui lui permettent de faire courir ses adversaires et, souvent, grâce à ses perles imprévisibles, de déstabiliser les meilleures des défenses. L’opposition des styles aura donc bien lieu, même si le match se jouera, sans doute, « sur des détails » dont on se prend à imaginer qu’ils prendront la forme d’essais.

La Montagne