Alors que la Champions Cup s’apprête à livrer son verdict printanier, les enjeux ne se limitent pas au rectangle vert. Les retombées financières des compétitions européennes de rugby n’ont jamais été aussi importantes, et les clubs qualifiés pour les demi-finales et la finale en sont les premiers bénéficiaires.

À la tête de l’EPCR, l’organisateur des coupes d’Europe, Jacques Raynaud refuse de trop s’étendre sur les retombées financières de la Champions Cup pour les clubs.

Il s’est tout de même confié via Midi Olympique. Extrait:

« Les demi-finales et finales sont devenues vraiment un pilier des contributions économiques puisque vous savez que nous reversons la totalité de nos recettes, moins nos coûts opérationnels, aux ligues. Notre métier est de créer une compétition extraordinaire qui génère des recettes supplémentaires pour le rugby des clubs, que nous versons à parts égales aux trois ligues. »

Un modèle économique en plein essor

Si le montant exact de ces reversements demeure confidentiel, leur progression est impressionnante. En trois saisons, ces revenus ont doublé, tirés vers le haut par un portefeuille de sponsors lui aussi multiplié par deux, selon Raynaud.

L’arrivée du groupe Investec comme sponsor titre la saison dernière, et celle prochaine d’un nouveau partenaire encore tenu secret, témoignent du fort attrait commercial de la compétition. Le groupe Apicil rejoint aussi l’aventure pour les phases finales.

« Nous ne sommes pas loin d’avoir doublé l’importance des demi-finales et finales pour les comptes de l’EPCR en trois ans. C’est une très belle réussite qui démontre que le produit plaît », se félicite Raynaud. Nous avons encore un petit peu de place pour accueillir de nouveaux partenaires, notamment un sponsor titre pour la Challenge Cup. »

Récompenser la performance… avec modération

Malgré ces recettes florissantes, la culture rugby reste frileuse quant à une trop grande individualisation des primes. Si les clubs bénéficient d’un avantage financier en fonction de leurs performances à partir des huitièmes de finale — notamment via les recettes des matchs à domicile — les dotations directes demeurent modestes en phase de poules, et dépendent largement des initiatives propres aux ligues nationales.

Jusqu’à 600 000 euros pour le champion

L’année dernière, la Ligue Nationale de Rugby (LNR) avait mis en place une grille de primes pour ses clubs engagés en coupes d’Europe. En cas de victoire en Champions Cup, un club pouvait empocher 300 000 euros, 200 000 pour un finaliste, 150 000 pour une demi-finale, et jusqu’à 125 000 pour le vainqueur de la Challenge Cup (75 000 pour le finaliste). Le tout plafonné à 1 million d’euros, avec ajustements selon le parcours global des clubs français.

Ainsi, dans un scénario où un club l’emporte en Champions Cup, deux s’arrêtent en demi-finales et un autre perd en finale de Challenge Cup, le vainqueur pourrait toucher 600 000 euros, tandis que les demi-finalistes empocheraient 162 500 euros chacun, et le finaliste de Challenge 75 000 euros.

Un modèle hybride entre esprit de clocher et logique de performance, où la réussite européenne commence aussi à peser lourd dans les comptes, autant que dans les palmarès.