Alors que Bernard Laporte est en déplacement ce mercredi en Mayenne pour inaugurer un nouveau stade de rugby, le journal L’Équipe révèle que l’ingérence présumée du président de la FFR auprès de la commission d’appel en faveur du club de Montpellier serait née lors d’une visite à Mohed Altrad, à Montpellier début juin.

A en croire les révélations du journal L’Equipe de ce mercredi, l’entourage de Mohed Altrad aurait demandé à Bernard Laporte lors d’une visite du président de la FFR en juin dernier à Montpellier d’intervenir auprès de la commission d’appel pour réduire les sanctions du MHR.

Que reproche-t-on à Bernard Laporte?

Le président de la Fédération française de rugby est soupçonné d’avoir interféré auprès de la commission d’appel qui examinait, le 29 juin dernier, une requête du club de Montpellier, condamné par la commission de discipline de la Ligue à un match de suspension et à 70 000 euros d’amende en raison de banderoles hostiles à la Ligue lors du match contre le Racing.

La commission d’appel de la Fédération aurait, en effet, dans un premier temps confirmé les sanctions avant de les alléger le lendemain, le 30 juin, après un appel de Bernard Laporte à Jean-Daniel Simonet, le président de cette instance juridique.

Au final, les sanctions ont bel et bien été diminuées. L’amende réduite à 20 000 euros et la suspension du stade levée, alors que la Ligue a reçu, le 29 juin au soir, un appel téléphonique l’informant que les sanctions étaient toutes maintenues.

Altrad au cœur de l’affaire

Cette intervention de Bernard Laporte ne concerne pas n’importe quel club, mais le MHR, propriété de Mohed Altrad, milliardaire d’origine syrienne qui a fait fortune dans le matériel de location pour le bâtiment. En effet, Altrad est le premier sponsor maillot de l’équipe de France, instauré par Bernard Laporte.

Altrad avec qui la société de communication de Bernard Laporte avait aussi un contrat d’image de 150 000 euros, qui a été annulé après les révélations de conflits d’intérêts.

Selon les révélations du quotidien L’Équipe de ce mercredi, Altrad est d’autant plus au cœur de cette affaire que ce serait lors d’un déplacement à Montpellier que le président du club de Montpellier aurait soufflé à Bernard laporte d’interagir. Comme l’écrit le quotidien sportif, « Laporte a-t-il cherché à favoriser un argentier du rugby français ou un employeur personnel? »

Est-ce grave?

Si l’enquête décidée par la ministre des sports, Laura Flessel, confirme les soupçons de conflits d’intérêt, l’affaire est grave. En effet, le président de la Fédération qui gère la gouvernance du rugby, se doit d’être neutre et impartial. Il ne peut favoriser un club plus qu’un autre au motif que son président signe des chèques pour avoir son nom sur le maillot des Bleus. Elle l’est d’autant plus que « Bernie » a basé toute sa campagne sur la volonté d’en finir avec l’affairisme et les magouilles à la Fédération.

Quelle est la défense de Laporte?

Bernard Laporte crie au complot ourdi par la Ligue nationale de rugby avec qui il est guerre ouverte depuis son élection. Il est vraisemblable que plusieurs fuites viennent de la Ligue. Il a été entendu le 8 septembre dernier par les enquêteurs de l’IGJS, promettant de leur remettre des documents prouvant sa bonne foi.Il récuse les propos de l’un des membres de la commission d’appel démissionnaire. Selon L’Équipe, il met aussi en avant des arguments des points juridiques pour le report de la décision de la commission d’appel au 30 juin.

Comment réagit le monde du rugby?

Le monde amateur semble encore donner du crédit au président de la Fédération qui, en pleine tempête, poursuit ses réformes. Parmi les présidents de clubs, seul Mourad Boudjellal et Mohed Altrad continuent de soutenir Laporte. L’Union des clubs professionnels de rugby (UCPR), par la voix de son président Alain Carré,a dénoncé, mardi, un « conflit d’intérêts » entre Mohed Altrad et Bernard Laporte. « Président de club et sponsor: de quelle manière ne peut-il pas y avoir des doutes ou des suspicions de la part d’un club qui va engager des sommes extrêmement importantes au niveau de la FFR? », s’interroge Carré, pour qui la révélation, en août, de l’existence d’un contrat d’image entre Altrad et Laporte pour un montant de 150.000 euros « rajoute » à la défiance des autres clubs.

Source: ouest-france.fr