L’incident ayant conduit à la grave blessure d’Antoine Dupont lors de la rencontre entre la France et l’Irlande (4e journée du Tournoi des Six Nations) ne cesse de faire couler de l’encre. Victime d’une rupture des ligaments croisés du genou droit, le demi de mêlée tricolore sera éloigné des terrains pendant plusieurs mois, un véritable coup dur pour les Bleus, le Stade Toulousain et le rugby mondial.

Parmi les nombreuses réactions, David Campese, ancienne gloire du rugby australien, a fait entendre une voix particulièrement critique. L’ex-ailier aux 101 sélections avec les Wallabies s’est insurgé contre le jeu au sol pratiqué par les Irlandais, estimant qu’il repose sur une approche dangereuse et incontrôlée.

Un style de jeu jugé « hors de contrôle »

Dans une tribune publiée sur le site spécialisé Planet Rugby, David Campese s’en prend frontalement aux méthodes utilisées par l’Irlande et la province du Leinster dans les zones de ruck. « Depuis des années, l’Irlande et le Leinster repoussent les limites de ce qui est acceptable. Pour eux, c’est du chaos organisé, mais pour les autres, ils dépassent constamment les limites du jeu acceptable », dénonce-t-il, mettant en cause une approche qui, selon lui, met en péril l’intégrité des joueurs adverses.

Un déblayage qualifié de « dangereux » et « inacceptable »

Revenant sur l’action qui a conduit à la blessure d’Antoine Dupont, Campese ne mâche pas ses mots. Il pointe du doigt Tadhg Beirne et Andrew Porter, qui seraient entrés dans le ruck avec un engagement excessif. « Ils sont arrivés lancés comme des Boeing 747 en approche d’une piste trop courte ! À aucun moment ils ne cherchent à rester sur leurs appuis. C’est du nettoyage sans contrôle, sans enrouler les bras, avec un contact à l’épaule », analyse-t-il. Pour l’ancien international australien, il ne fait aucun doute que leur intervention était « illégale et totalement irresponsable ».

Selon lui, World Rugby ne peut plus fermer les yeux sur ce type d’action. « On ne peut pas toujours sanctionner un geste en fonction de ses conséquences, mais là, on parle d’une action d’une grande imprudence qui envoie le meilleur joueur du monde à l’infirmerie pour six mois, voire un an », souligne-t-il. Le règlement du rugby, et en particulier la Loi 9, encadre strictement ce genre de comportements, et Campese insiste sur l’urgence de mieux protéger les joueurs. « Ce n’est pas normal que des athlètes de 125 kg puissent débarquer comme ça dans un ruck sans être inquiétés. »

Une tendance inquiétante dans le jeu irlandais ?

Mais l’ex-international australien ne s’arrête pas à ce seul incident. Selon lui, l’Irlande aurait un passif inquiétant en matière de jeu dangereux. « Soyons honnêtes, l’Irlande a des antécédents en la matière. Depuis des années, ils repoussent les limites de ce qui est acceptable », affirme-t-il.

Il prend notamment pour exemple la blessure de Malcolm Marx l’été dernier lors d’un match contre l’Afrique du Sud, estimant qu’elle faisait suite à une action similaire. Il mentionne aussi un épisode en Champions Cup impliquant Josh van der Flier, où ce dernier aurait violemment percuté un adversaire avant de chercher à minimiser l’impact auprès de l’arbitre.

« Je ne crois pas à l’innocence irlandaise dans cette histoire. Ce type d’incidents ne sont pas isolés. Ce sont des pratiques récurrentes qui mettent en danger les joueurs adverses », ajoute-t-il, dénonçant un problème plus large que la simple action contre Antoine Dupont.

Quelle issue pour cette affaire ?

En France, Fabien Galthié et la FFR ont signalé cet incident à World Rugby, espérant une réponse rapide. De son côté, David Campese surveillera attentivement la suite des événements. « Le choix des mots sera crucial. Si la plainte parle de ‘jeu dangereux et imprudent’, on peut s’attendre à une sanction lourde. Mais si l’Irlande s’en sort sous prétexte qu’il ne s’agissait pas d’un ‘ciblage intentionnel des membres inférieurs’, alors il ne se passera rien », prévient-il.

L’issue de cette affaire pourrait bien conditionner l’avenir du rugby international et la manière dont les contacts en zone de ruck seront encadrés à l’avenir. En attendant, Antoine Dupont, lui, devra composer avec une longue convalescence avant de pouvoir retrouver les terrains.