L’Angleterre a beau n’avoir qu’un représentant qualifié pour les demi-finales de la Coupe d’Europe – les Saracens opposés à Clermont, samedi –, elle n’ignorera pas pour au tant le choc franco-irlandais du lendemain, à Marseille. Pas tant qu’elle se passionne pour l’enjeu sportif de Toulon-Leinster mais parce qu’elle y a un intérêt à court terme. Les observateurs du rugby britannique y décortiqueront encore les performances des frères Armitage, Delon et Steffon, comme ils auront, la veille, analysé le comportement de l’arrière de l’ASM Nick Abendanon.

Pas avares de polémiques, à cinq mois d’une Coupe du monde à domicile (18 septembre-31 octobre), ils reposeront une question qui agite le rugby là-bas depuis plus d’un an : le quinze de la Rose peut-il, à l’approche d’un objectif si important, se passer d’excellents joueurs, performants en club, sous le seul motif que le sélectionneur, Stuart Lancaster, et sa Fédération ont décidé en 2012 de ne plus convoquer les joueurs n’évoluant pas dans le Championnat anglais ?

Les courses virevoltantes de Nick Abendanon il y a deux semaines en quarts de finale contre Northampton (37-5) ont ajouté un nom au débat, qui s’était jusqu’alors cristallisé autour du cas de Steffon Armitage. L’année dernière, Lancaster avait fait le déplacement à Toulon pour rencontrer les deux frères et causer sélection. Le sélectionneur anglais nous avait alors confié qu’il lui serait difficile de convoquer le flanker, mais qu’il pouvait y avoir « des circonstances exceptionnelles » . Elles n’ont pas été réunies, encore, pour briser cette règle de conduite. Et si le cas Armitage a été complexifié par ses ennuis judiciaires à la suite d’une bagarre nocturne, le rugby anglais élargit ses centres d’intérêt, gardant un oeil par exemple sur le deuxième-ligne des Waikato Chiefs, en Nouvelle-Zélande, Matt Symons (25 ans). Mais les voix s’élèvent aussi, de joueurs en activité, qui font remarquer qu’ils se sont pliés aux exigences en restant au pays (sous-entendu en refusant de meilleurs contrats ailleurs), et qu’en accordant des dérogations de dernière minute, le staff prendrait le risque de créer des mécontentements dans le squad anglais.

Ce qui explique sans doute la prudence totale de Lancaster, lequel s’est bien gardé de ne fermer aucune porte.

Source: lequipe.fr