Aubin Heuber, quel est votre regard sur la victoire de Clermont face au Racing-Métro (21-17) vendredi ?
Clermont a su répondre présent même s’il a été malmené par le Racing en deuxième mi-temps. Les Clermontois ont fait preuve d’efficacité et de solidarité en fin de rencontre. En début de match, ils doivent marquer un essai ou deux mais ils butent sur la défense parisienne. Les Parisiens ont été très réalistes avec notamment un drop de Steyn de plus de 60 mètres. Puis, il y a le fameux carton jaune qui les met dans la panade. Derrière, l’ASM a su réagir et prendre des points grâce à la botte de Morgan Parra.

Les Clermontois ont malgré tout eu chaud. Qu’en pensez-vous ?
Oui, c’est vrai. Ils maîtrisaient ce match mais n’ont pas su concrétiser. Ils ont connu des difficultés parce qu’ils sont tombés sur une belle équipe parisienne. En revanche, grâce à l’habitude des phases finales, Clermont ne s’est pas démobilisé en se recentrant sur les bases et en poussant le Racing à la faute.

Avez-vous tiré des enseignements de ce match ?
On sait qu’il faut être bien en place défensivement face à Montferrand et surtout être très discipliné. A un moment donné, le Racing est sorti un peu du match et cela a permis à Morgan Parra, et sa botte magique, de remettre l’ASM dans le match.

En marge de la rencontre est née une polémique suite aux déclarations fracassantes de Pierre Berbizier. Quel est votre avis sur cette affaire ?
La déception est tellement grande qu’on peut comprendre les paroles de Pierre Berbizier. Tout le monde est désolé pour ce qui arrive mais cela prend un peu des proportions extra-sportives. Les paroles de Pierre Berbizier n’appartiennent qu’à lui. De notre côté, nous n’avons rien à voir avec cette affaire. C’est dommageable pour le rugby. Il ne faut pas donner une image polémique. Nous sommes arbitrés comme nous on entraîne, c’est-à-dire que parfois on fait des erreurs. Quand ça nous tombe dessus, c’est vrai qu’on a le sentiment d’une injustice. Il faut essayer de rester pragmatique.

« C’est comme si on jouait au Vélodrome…»

Pour revenir à Toulon, sentez-vous que vos joueurs, au repos le week-end dernier, sont impatients d’en découdre ?
Oui et non. Nous avons pu observer les deux matchs de barrage. Les joueurs sont arrivés ce matin (ndlr : lundi) après avoir eu un week-end de repos. Ils sont arrivés frais. On sait que nous devrons être bien concentrés sur l’essentiel lors des cinq prochains jours. Face à l’ASM, qui est une grande équipe qui a l’habitude de ces grands matchs, il faudra être à 120%. Ce sera notre première demi-finale depuis 1995, j’y étais en tant que joueur, ça remonte assez loin…

Sentez-vous une grosse attente de la part de la ville de Toulon ?
Oui, c’est normal quand vous êtes frustrés et en manque. C’est comme si vous n’aviez pas vu de belles filles depuis dix ans et qu’une belle « pépé » arrive. Vous avez toujours envie de la charmer. Cela fait longtemps que le RCT n’a pas connu les phases finales. Le peuple toulonnais a envie de les vivre pleinement. Mais les supporters clermontois, qui ne sont qu’à 80 kilomètres de Saint-Étienne, seront nombreux. Si on peut aussi mettre un peu de polémique, cela concerne le choix des stades. C’est comme si on jouait au stade Vélodrome pour nous. C’est un peu dommageable mais les choix sont effectués avant. Même s’ils avaient terminé premiers ou deuxièmes de la saison régulière, ils auraient choisi de jouer à Saint-Étienne. Cela nous servira un peu de motivation. Le plus important sera le terrain et on espère que nous serons compétitifs face à ces Montferrandais qui sont intraitables depuis plusieurs années.

Clermont est donc favori selon vous ?
Oui, bien sûr. Même si nous avons des joueurs d’expérience, comme Wilkinson, Fernandez Lobbe, Mignoni, Emmanuelli, Bruno et Van Niekerk, nous sommes naïfs collectivement dans cette compétition. Les Clermontois, eux, ont joué les trois dernières finales. Ils ont une aventure commune non négligeable à ce niveau.