Clément Marienval : « Mayol ? Je me rappelle dans l’en-but, quand on s’échauffait, c’était dingue ! »

Clément Marienval : « Mayol ? Je me rappelle dans l’en-but, quand on s’échauffait, c’était dingue ! »

Le dimanche 28 avril 2024 à 20:30 par David Demri

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L’ancien trois-quarts du Rugby Club Toulonnais, Clément Marienval s’est longuement confié via Var-matin pour évoquer son passage sur les bords de la Rade.

Il se rappelle de sa signature à Toulon, en 2009. Extrait:

J’étais à Lyon, où sportivement ça se passait bien. Raphaël Saint-André était notre entraîneur des trois-quarts et c’est la saison où, à Toulon, son frère Philippe est arrivé. Donc je pense qu’ils en ont discuté (sourire).

Le seul joueur qu’il connaissait était alors Olivier Missoup. Extrait:

Le seul, c’était Olivier Missoup. Et encore, pas très profondément (rires). Ce n’est jamais évident d’arriver dans un nouveau vestiaire. Je suis plutôt réservé, donc pas le mec qui va prendre de la place. J’aime plutôt observer. Mais dans le recrutement de Toulon, il y avait une identité multiculturelle. Entre les Sud-Africains, les Néo-Zélandais, les Anglais, les Écossais, etc. Et ça, ça me plaisait! Je me sentais bien.

Clément Marienval débarque à Toulon en même temps que Jonny Wilkinson, Felipe Contepomi ou encore Juan Martin Fernandez Lobbe et Pierre Mignoni. Extrait:

(Sourire) Quand je vois le recrutement, je me dis qu’il y a beaucoup d’ambition. Je suis le seul joueur de Pro D2. Sinon, il n’y a que des mecs confirmés de Top 14 ou de l’étranger. Je n’arrive pas en me disant: « Je vais avoir une place importante. » Je reste très humble. Si je peux déjà m’entraîner avec des super joueurs, ça sera bien. Et si je peux matcher, évidemment, ça sera encore mieux. Mais je suis conscient que ça va être difficile.

C’est alors qu’il a découvert la folie des supporters Toulonnais. Extrait:

Déjà, niveau ambiance, la folie des Toulonnais. J’ai eu la chance lors de ma première saison en pro, en 2006-2007, de venir jouer à Toulon, contre le RCT. C’était le premier match de Tana Umaga en France. J’allais jouer en face de lui. Toute la semaine, j’avais pris une pression folle. Je me rappelle dans l’en-but, quand on s’échauffait, c’était dingue. Tout le monde nous criait dessus. Derrière, il y a eu le Pilou Pilou. Je me suis dit: “Mais ces gens sont fous furieux’’ (rires). Quand j’ai choisi de partir de Lyon, j’avais deux projets. Mais pour moi, il n’y avait pas photo. Même si Toulon pouvait descendre en Pro D2, je voulais vivre ça.

Son plus beau souvenir ? La finale de Challenge Cup perdue contre Cardiff au Stade Vélodrome de Marseille. Extrait:

Ce n’est pas simple! Mais celui qui m’a le plus marqué, c’est la finale du Challenge Européen, à Marseille, contre Cardiff [saison 2009-2010]. J’ai le souvenir qu’on passe la nuit dans un hôtel pas très loin du vieux port, vers le Vélodrome. Quand on a pris le bus, il y avait toute une allée de Toulonnais sur le chemin. Ils tapaient sur le bus! On roulait tout doucement et je me rappelle que tout le monde se regardait en disant « mais c’est magique ». Malheureusement, le résultat n’est pas celui qu’on escomptait [défaite 28-21, Ndlr] mais vivre une finale de Coupe d’Europe comme titulaire, c’était fou.

Il quitte finalement Toulon par la suite afin de rejoindre Castres. Extrait:

Je sortais d’une première bonne saison, où j’avais joué plus que ce que je pensais. Le problème, c’est que derrière, je me blesse et rate les deux premiers mois de championnat. Je reviens, j’enchaîne 5 ou 6 feuilles, dont les premiers matchs de Toulon en H Cup où on a joué les Ospreys à la maison et après le Munster en Irlande. Je me rends compte que le club prend un tournant, avec un recrutement de grosses stars internationales. Je sais que ça va devenir compliqué, donc je cherche à partir sur un nouveau projet. Je m’engage très tôt avec Castres et je signe un pré contrat pour la saison suivante [Finalement, Castres rompt son contrat de travail en mai, à la visite médicale. Aux Prud’hommes, Clément Marienval remportera sa bataille juridique face au club tarnais en novembre 2015, Ndlr].

Il rebondit finalement à Brive. Extrait:

C’était soit je signais à Brive, soit avec l’équipe de France à 7 qui passait professionnelle. C’était nouveau, on ne savait pas si on allait se qualifier pour les JO. C’était flou. J’ai donc choisi Brive, sans rien négocier. Ça s’est très bien passé les trois premiers mois. Ensuite, j’ai eu un assez gros conflit avec le coach de l’époque, Ugo Mola. Malheureusement, ça s’est mal passé pour une bêtise. Voilà comment je me retrouve à partir à la Rochelle en cours de saison.

Clairement. Je suis formé dans un petit club, à Soyaux. On était loin du Soyaux-Angoulême de Pro D2 aujourd’hui! J’avais 12-13 ans et on jouait régulièrement à La Rochelle. C’était la grosse équipe de la région. Quand on y allait, on prenait 70 points, il tombait des cordes… c’était horrible! J’en avais plutôt des mauvais souvenirs (rires). Mais bon, ça restait un club qui s’intéressait à moi, qui pouvait m’offrir du temps de jeu en court de saison, il fallait que je rebondisse. Je n’avais pas trop le choix. Alors j’y suis allé… et j’ai vécu une aventure incroyable!

Il a ensuite expliqué les difficultés rencontrées lorsqu’il a pris sa retraite sportive. Extrait:

Sur le moment, je pense l’avoir digéré. J’ai cru le vivre comme un soulagement parce que le rugby, c’est dur. Tu te réveilles le matin avec des douleurs de partout. Quand le chirurgien m’a dit « c’est fini », je ne suis pas senti capable de me lancer dans ce pour quoi j’avais étudié. Je savais très bien qu’au bout de deux ans, j’allais tout envoyé péter. C’est comme ça qu’est arrivé mon métier d’agent sportif. La formation m’occupait l’esprit, mais je ne comprenais pas que finalement, je n’avais pas digéré ma fin de ma carrière… Je n’ai pas choisi quand elle s’est arrêtée. Pendant deux trois ans, je me suis dit que tout allait bien. Et j’ai eu un gros contrecoup. Me retrouver à pleurer en tribunes à l’entrée des joueurs, ce n’est pas normal. Au fond de moi, je n’arrivais pas à accepter que c’était fini.

On fait comme on peut, malheureusement. Le rugby est comme ça. On t’apprend depuis tout petit à ne pas montrer quand tu as mal. Le côté psychologique, encore plus à mon époque, c’était compliqué. Depuis, avec le rugby de haut niveau, des efforts sont faits. Mais il faut poursuivre sur cette voie. Pour le bien des joueurs. Quand tu n’es pas bien, c’est difficile d’en parler. Encore plus pour moi, avec mon caractère. Mais mes enfants m’ont permis de passer à autre chose et de me rendre compte qu’il y a plus important dans la vie.

Désormais, Clément Marienval est agent de joueurs. Extrait:

Je suis un vrai passionné. Depuis tout petit. Quand j’ai rencontré mon agent, à 18-19 ans, j’ai trouvé ce métier dingue. Être en contact avec les joueurs, les présidents, les entraîneurs, les clubs, faire de signatures, je trouvais ça génial. Je m’étais mis des barrières et quand j’ai dû arrêter ma carrière, j’ai osé me lancer dans la formation. Le plus dur, c’est le côté juridique où il faut être sacrément blindé pour la première épreuve. J’ai bien bossé et ça a payé. Je suis heureux.

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