On ne saura jamais combien le forfait de dernière minute de Brock James, en raison d’une blessure lors de l’échauffement, aura pesé sur le sort de cette rencontre. Mais pour Christophe Urios, le technicien d’Oyonnax, l’absence du demi d’ouverture australien s’est révélée décisive. « C’est indéniable, assure-t-il. Quant tu te prépares toute la semaine avec un plan et des formes de jeu avec un joueur précis et que tu perds ce joueur important, à un poste important, cela crée forcément du doute. »

Conséquence ou non, les Clermontois ont joué pour ne pas perdre. Pas pour gagner. « Ils n’ont pas joué sur leurs points forts, reprend surtout Urios. À savoir : mettre de la vitesse et jouer sur toute la largeur du terrain. » Des caractéristiques qui collent parfaitement au jeu de Brock James… L’ASM est finalement apparue timide, exceptions faites du premier quart d’heure de jeu et de la toute fin de rencontre. À croire que les hommes de Franck Azéma avaient peur de mal faire. « Ils ont surtout évité de s’exposer aux contres toulonnais, analyse encore Christophe Urios. Ils ont rendu beaucoup de ballons au pied. Et, à la sortie, ils ont perdu le match à l’étouffée. »

« À l’étouffée » l’expression prend tout son sens au regard de l’incroyable défense toulonnaise. D’abord, comme souvent, les joueurs de Laporte ont gagné leurs duels. S’ils ont réussi 87 % de leurs plaquages, les Toulonnais ont surtout constamment avancé sur les collisions. Une défense haute et agressive donc, mais surtout intelligente. « Sur la première mi-temps, les Toulonnais se sont contentés de défendre et de bien défendre, sans contester les ballons, détaille Christophe Urios. Pour la simple et bonne raison que les Clermontois avaient mis l’accent dans ce secteur de jeu. Les soutiens étaient nombreux dans les zones de ruck. Les Toulonnais, très intelligemment, n’ont pas cherché alors à contester les ballons. »

DES SOUTIENS CLERMONTOIS EN RETARD

Durant cette première période, on a vu effectivement les joueurs de Mourad Boudjellal chercher à très vite réorganiser le premier rideau. Sans doute, les Varois craignaient le jeu clermontois sur toute la largeur du terrain. Ils n’ont finalement eu que peu de séquences de jeu à défendre ainsi. « En revanche, plus le match a avancé dans le temps et à mesure où les Toulonnais ont réussi à prendre l’avantage au tableau d’affichage, Armitage, Masoe, Bastareaud – pour ne citer qu’eux – sont alors entrés en action, reprend le technicien d’Oyonnax. Ils ont donc simplement attendu que les soutiens clermontois soient un peu en retard, que le porteur de balle soit un peu moins réactif pour commencer à ralentir les ballons ou à récupérer la possession. »

Ironie du sort, l’action qui symbolise le mieux la défense toulonnaise est celle qui mènera finalement à l’essai de l’espoir signé Nick Abendanon (62e). Sur cette offensive, les Clermontois ont enchaîné seize temps de jeu, sans jamais vraiment déstabiliser la défense varoise. À deux reprises même, Steffon Armitage et Mathieu Bastareaud ont été à deux doigts de « gratter » le ballon. Ce n’est finalement que sur la troisième opportunité de « contest » que les Toulonnais ont récupéré la possession. Et si Bryan Habana n’avait pas totalement dévissé son coup de pied, Abendanon, n’aurait jamais inscrit cet essai, au final, magnifique. Mais cruellement insuffisant.

Source: Midi Olympique