On s’en rappelle tous. A quelques heures seulement de la demi-finale du Top 14 2014 / 2015 entre le Rugby Club Toulonnais et le Stade-Français, le monde du rugby apprenait la mort du Néo-Zélandais Jerry Collins dans un accident de voiture. Le troisième ligne Chris Masoe était extrêmement proche de Jerry Collins. C’était même son frère de cœur.

Interrogé dans les colonnes de L’équipe, l’actuel joueur du Racing 92 explique penser à Jerry Collins dès qu’il entre sur un terrain. Extrait:

« Quand je rentre sur le terrain, je lève toujours la tête vers le ciel en pensant à lui. Et à mon père, disparu en février. Ils font partie de moi. Penser à eux me rend plus fort, me guide et me motive. Peut-être est-ce grâce à eux que je suis si dur sur le terrain parfois. »

Chris Masoe se remémore du matin où il a appris la tragédie. C’est Rudi Wulf qui l’avait réveillé, tôt le matin, pour lui annoncer la triste nouvelle. Extrait:

« C’était dur. Très dur. J’ai eu la chance d’avoir mon épouse et mes beaux-parents à mes côtés. J’étais à l’hôtel en train de dormir. Mon coéquipier Rudi Wulf est entré dans ma chambre et m’a réveillé. Mon épouse l’avait prévenu par texto. Je ne dormais pas bien cette nuit-là à dire vrai. J’ai demandé à Rudi : « Que se passe-t-il ? » Et là, d’autres gars de l’équipe sont rentrés dans la piaule : Ali Williams, Steffon Armitage… Un jour difficile. Au début, quand ils m’ont dit : « Jerry est mort dans un accident de voiture », je n’ai pas voulu y croire. J’ai pensé : « Ce n’est qu’une rumeur ou un truc des médias. Il a dû faire un truc stupide, mais pas à ce point. » (Il rit nerveusement.) C’était irréel… Jusqu’à ce que ma femme débarque, une heure plus tard. »

Pour lui rendre hommage, Chris Masoe décidait malgré tout de disputer le match du jour contre le Stade-Français. Il s’était d’ailleurs teint les cheveux en blond, une idée de ses coéquipiers. Extrait:

« C’était une idée de Drew Mitchell, Matt Giteau, Ali Williams et Carl Hayman. Tous avaient joué avec ou face à Jerry. Leur soutien m’a fait beaucoup de bien. C’était une manière de célébrer la vie. De rendre hommage à ce que Jerry avait accompli aussi. »

Chris Masoe se souvient de Jerry Collins comme d’un homme très attentionné et généreux, même s’il était parfois dur. Extrait:

« Un mec dur et attentionné. L’être le plus généreux qu’il m’ait été donné de rencontrer. Pour quoi que ce soit, il était le premier à aider. Toujours. Les gens connaissaient sa dureté sur le terrain, mais ignoraient sa douceur en dehors. On parlait beaucoup ensemble. Je ne veux garder que le positif. Il ne prenait pas de détours, il allait droit au but. Il ne prenait pas les gens en traître. C’est ce que j’aimais chez lui : son côté franc et direct. Les gens le connaissaient ou pas, l’aimaient ou le détestaient. Mais il gagnait à être connu. »

Pour conclure, Chris Masoe tient à démentir toute bagarre avec Jerry Collins. Il y a seulement eu une discussion d’homme. Extrait:

« On ne s’est pas battus, on a juste eu une discussion parce qu’il gueulait un peu fort. Ça s’est fini pacifiquement. On a eu des moments difficiles, des hauts et des bas comme dans tout rapport fraternel. Et c’est là que notre amitié a été éprouvée et s’est renforcée : nous sommes toujours revenus l’un vers l’autre. »