Chaque semaine, le talonneur du RC Toulon Sébastien Bruno livre à Rugby-Top son coup de coeur, son coup de gueule, une anecdote.

Aujourd’hui, il revient sur la période difficile qu’est en train de traverser Perpignan.

« Perpignan, ils étaient bien handicapés par la Coupe du Monde. Puis, comme Biarritz, c’est une équipe qui n’a pas un gros squad. Quand les internationaux sont revenus, ils ont fait un gros match à Toulouse où ils auraient pu gagner. Mais après, ils n’ont pas gagné. En Challenge Européen, ils n’ont pas fait de bons matchs, peut-être à cause d’une décompression. Mais on ne les sent pas dans leur assiette. On dirait qu’ils ont perdu un peu le mental qui faisait leur force. Après, ils ont à chaque fois des scénarios qui sont en leur défaveur, donc pour eux, j’ai l’impression que c’est un peu galère.

« Je pense que c’est plus un problème mental ou d’usure que de rugby »

C’est une équipe qui a quand même de bons joueurs, donc ils peuvent revenir. Mais prendre 30 ou 40 points chez soi, c’est dur pour le mental. J’ai déjà connu de telles spirales de défaites à Béziers et Nîmes, un peu moins avec Sale et Toulon où l’on gagne plus que l’on ne perd. Ce n’est pas facile à vivre car ce n’est pas bon pour le moral, puis ça a aussi une influence sur la confiance de l’équipe et sur l’ambiance entre les joueurs puisque chacun essaye de trouver des coupables. A l’entraînement, on n’as pas le moral, les supporters ne sont pas contents, la presse en rajoute. Disons que dans des moments comme ça, on a la tête à l’envers et ce n’est pas facile de se relever.

Après, Perpignan possède tout de même un beau potentiel. Avec cette équipe, ils sont allés loin chaque année. Je pense que c’est plus un problème mental ou d’usure que de rugby, car ils ont de très bons joueurs. C’est une année de transition pour eux. C’est une équipe qui n’a pas bougé depuis plusieurs années. On dit souvent que c’est un avantage d’avoir une telle cohésion d’équipe et de bien se connaître. Mais s’il n’y a pas de recrutement chaque année, les joueurs ont tendance à s’installer, à prendre des habitudes et ça peut les desservir car la concurrence n’existe pas. Après, Perpignan a toujours été une grosse école de rugby qui a sorti beaucoup de grands joueurs, ils font beaucoup confiance à leurs jeunes. Des fois, il faut que ces jeunes soient bien encadrés car ils ne peuvent pas tout faire. Peut-être qu’il leur manque des joueurs d’expérience ou de niveau international pour sortir de cette spirale.

« Ce n’est pas parce que tu vires un entraîneur que tu vas tout gagner après »

Devant, ils ont quand même Guirado, Tchale-Watchou, Tonita, Le Corvec… ils ont des joueurs qui ont de l’expérience, mais derrière, quand ces joueurs-là sont blessés ou un peu en méforme, ils n’ont pas de joueurs de valeur équivalente, donc c’est plus dur, surtout dans un championnat où il n’y a pas de matchs faciles. Quand tu as des blessés, c’est difficile. Nous à Toulon, avec le gros effectif que l’on a, même lorsque l’on a des blessés, le jeu ne s’en ressent pas trop. Mais pour Perpignan ou Biarritz, il y a une moins-value dès qu’il y a des blessés.

Ensuite, je ne suis pas à l’intérieur du groupe, donc je ne connais pas du tout les raisons de l’éviction de Delmas. C’est un peu étrange car il venait juste d’arriver et qu’il n’avait pas eu toutes les cartes en main avec la Coupe du Monde. L’électrochoc ? Ce n’est pas parce que tu vires un entraîneur que tu vas tout gagner après. Le rugby, c’est beaucoup de mental. Cette année, peut-être qu’ils sentent que ça va être dur pour eux que la Coupe d’Europe sera dure à atteindre, et peut-être que mentalement ils ont moins envie que les autres années. Quand les équipes qui sont devant ont beaucoup de points d’avance, ce n’est pas évident de retrouver la force mentale pour remonter. Enfin, ils ont aussi des joueurs importants qui sont en fin de contrat, ça ne va pas être facile pour eux. »

Source: rugby-top.com