Boudjellal: « Si on peut voler… » (Rugby365)
Boudjellal: « Si on peut voler… » (Rugby365)
Le vendredi 8 avril 2011 à 10:15 par David Demri
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Habitué des bons mots, Mourad Boudjellal, le président de Toulon, a été fidèle à lui-même en conférence de presse avant un quart de finale de H Cup contre Perpignan, samedi, qu’il a évoqué sans langue de bois.
L’enjeu de ce match
Maintenant, pour nous, c’est du « plus ». On est là, en quarts de finale. Les Catalans organisent ça à Barcelone, ils ont trouvé un côté identitaire à ce quart de finale dans un stade de 55 000 places. C’est plutôt une bonne idée. Moi j’aurais trouvé un côté identitaire provençal très fort dans un stade de 60 000 personnes au Vélodrome. Ca nous va bien, parce que ce sont deux publics du sud, deux publics qui se ressemblent, il y aura beaucoup de folie. Il fera très chaud, apparemment il va faire plus de 29 degrés. Et puis quelle que soit l’issue de la rencontre, on aura chacun une raison de se consoler, en se disant que le gagnant a finalement peut-être lâché sa saison en Top 14.
Le public, supériorité relative pour les Catalans
Il y aura 10 000 Toulonnais, quand même. Sur les 45 000 Catalans, il y en a déjà 20 000 qui ne parlent pas la langue, donc quand ils encourageront Perpignan, ils ne comprendront pas. C’est déjà un avantage. On n’est plus qu’à deux et demi contre un.
Avantage Perpignan selon la morale
Il y a toujours la priorité des matches qui viennent, donc effectivement on pense à la Coupe d’Europe. C’est sûr que si on gagne samedi, on sera contents. Ce sera un moment exceptionnel à vivre. Mais maintenant, je pense que la morale des choses voudrait que ce soit Perpignan qui gagne. C’est leur truc, ils l’ont monté, c’est leur rêve depuis dix ans. C’est l’identité catalane. En règle générale, à chaque fois qu’un club organise un évènement important… Nous, le premier match au Vélodrome, la vie nous l’a donné, on l’a gagné. Le premier match du Racing au Stade de France, ils l’ont gagné aussi, la vie leur a donné. Ca se passe souvent comme ça, c’est pour ça que je ne me fais pas énormément d’illusions. En général, la vie donne à ceux qui l’ont attendu longtemps.
« Moi, je m’appelle Mourad Boudjellal »
Le RCT ne s’en privera pas
Vous savez, moi je m’appelle Mourad Boudjellal, et à en croire le Ministre de l’Intérieur en ce moment, c’est plutôt un nom de voleur. Donc on se fera plaisir de voler si on peut voler, on ne s’en cachera pas.
Gagner la H-Cup, un doux rêve pour Toulon
C’est compliqué. C’est clair que si Perpignan est qualifié en demi-finale de la H-Cup, ils risquent un peu de la regarder, parce que c’est un club qui joue régulièrement les phases finales et qui, lui, a déjà eu le temps de s’imaginer la gagner. Pour moi, il y a deux ans, la H-Cup, c’était un truc à la télé avec une couleur verte dominante et puis point barre. On n’a jamais imaginé la jouer, déjà, et la gagner je n’ai pas eu le temps d’y penser.
Les mots pour motiver ses troupes
Pour la H-Cup, je crois qu’il n’y a pas besoin de moi. Les joueurs aiment bien cette compétition. Après, c’est clair que si les joueurs devaient gagner ce match, c’est moi qui aurais l’air con. Je serais obligé de faire la conférence avec un nez rouge de clown. J’aurais l’air stupide. Mais en même temps, je serais content d’être ridicule en conférence de presse.
« Le côté émotionnel l’emportera »
La ferveur autour de la rencontre
C’est agréable à vivre. Depuis ce matin, il y a plein de gens qui me souhaitent bonne chance pour samedi. On sent que la ville est rentrée dans le match aujourd’hui. Et demain, il y a beaucoup de Toulonnais qui vont partir à Barcelone. Ce sont des moments sympas à vivre. Les gens croient que Toulon, c’est un club où on ne parle que d’économie. Si samedi, on avait la chance de gagner ce match, je ne vais pas penser à ce que va rapporter la recette de la demi-finale ! C’est le côté émotionnel qui l’emportera. C’est l’émotion de la victoire qu’on a envie de vivre, pas l’émotion de la recette de la victoire, contrairement à ce que croient plein de gens.
La fierté de s’être hissé au niveau de Perpignan
L’année où on est monté en Top 14, il y a un magazine que j’ai rencontré pour la première fois. Comme il y avait le dossier Carter à l’époque, on avait fait un comparatif entre Paul Goze (ndlr : président de Perpignan) et moi. Et je disais que Paul Goze, quand il a fini son match, il ne regarde pas les résultats de Toulon, il s’en fout. Parce qu’on ne jouait pas du tout le haut de tableau, alors que lui le jouait. Et je pense que deux ans après, il regarde maintenant les résultats de Toulon. Donc pour nous, c’est plutôt flatteur. C’est la preuve d’un travail accompli. Le simple fait que ce match soit indécis, c’est déjà flatteur à notre niveau, parce que c’est un club vice-champion de France, qui a été champion de France il y a deux ans. C’est une génération dominante dans le rugby. Le travail de Marcel Lagrena sur les jeunes a permis d’apporter un titre il y a deux ans. L’identité catalane vient de là aussi, ce n’est pas né du jour au lendemain. Ce n’est pas apparu dans un chapeau. Nous, on est simplement fier d’être confronté à cette équipe là.
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