Depuis leur retour sur la scène continentale en 2010, les Toulonnais se sont qualifiés à quatre reprises et ont raflé deux titres : un parcours exemplaire, pour ne pas dire édifiant. « Pourvu que ça dure », soufflent les supporters du RCT… mais que ces derniers se rassurent : l’exercice 2015 semble s’inscrire dans la même lignée. Quand, l’année dernière, on trouvait pas moins de six clubs qualifiés avant la dernière journée, le RCT est le seul club à jouir de ce privilège cette saison. En clair, même si la compétition paraît plus serrée que jamais, le club varois continue de marcher sur l’eau, comme en témoigne la leçon donnée aux Ulstermen, finalistes de l’édition 2012, la semaine dernière à Mayol. Leurs poursuivants anglais, les Tigres de Leicester, doivent déjà s’avouer vaincus : au bénéfice des points-terrains (5-4), les hommes de Richard Cockerill ne rattraperont plus ceux de Bernard Laporte. Les insatiables Toulonnais pourraient donc faire de ce voyage au pays de Galles un intermède touristique qui leur permettrait de souffler un peu au coeur d’une saison à rallonge, sauf que…

LES LEÇONS DU PASSÉ

Sauf que les Toulonnais veulent s’offrir un quart à domicile, pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’ils gardent un très mauvais souvenir du seul quart de finale européen qu’ils ont disputé à l’extérieur, en 2010-2011. Bien que premiers de leur poule à un point devant le Munster, les Varois, en raison d’un trop faible nombre de points (17), avaient dû se déplacer à Barcelone, où l’Usap les attendait de pied ferme. En ce jour du 9 avril 2011, trois essais (dont un de Fabien Cibray en toute fin de rencontre) et Jonny Wilkinson furent insuffisants face à la furia catalane et la botte de Jérôme Porical, auteur de dix-neuf points. Vaincus 29 à 25, les Toulonnais se vengèrent deux ans plus tard, pour leur retour au sein de la grande Coupe d’Europe. Tant sur le plan sportif (ils terminèrent encore premiers de leur poule) qu’en coulisses, où le président Mourad Boudjellal fit le nécessaire pour augmenter la capacité du stade Félix-Mayol où vinrent s’échouer Leicester (21-15) en 2013 puis le Leinster en 2014 (32-15).

MAYOL, LE CHOIX DU COEUR

D’un strict point de vue sportif, l’avantage terrain est donc indiscutable. Mais il l’est encore plus sur le plan financier : « Le club qui reçoit encaisse 20 % des recettes pour couvrir les frais d’organisation. Sur les 80 % restants, il empoche 50 % des recettes de billets. Économiquement, c’est une manne non négligeable puisqu’outre les recettes prévues par l’EPCR, on récupère l’ensemble des loges et des hospitalités. De plus, si nous recevons, nous renouvellerons l’opération du village d’Europe avec la mise en place d’un écran géant et diverses évènements qui dopent les recettes de notre brasserie et notre boutique place de Besagne », explique le président Mourad Boudjellal.

Et pour toucher le jackpot, l’EPCR encourage les équipes à délocaliser : « La part redistribuée sur les recettes de la billetterie peut monter à 66 % », assure Boudjellal. Un pourcentage supérieur sur un plus grand nombre de billets… le calcul est rapide : « Une délocalisation à Marseille nous aurait rapporté 500 000 € en plus. » Mais le RCT et son président en ont décidé autrement : « On doit à la ville l’organisation d’une telle rencontre. Pour notre public, pour les commerçants et la collectivité. On paye en quelque sorte notre quote-part à l’économie locale. En termes de retombées pour Toulon, qui reste une destination touristique, une telle affiche est un immense écran publicitaire à travers l’Europe. Voilà pourquoi on choisira Mayol. » Le choix du coeur, en quelque sorte…

Source: Midi Olympique