Bernard Lemaître raconte son passé et le traumatisme vécu : « J’ai fait de la taule… 45 jours »
Bernard Lemaître raconte son passé et le traumatisme vécu : « J’ai fait de la taule… 45 jours »
Le mercredi 4 novembre 2020 à 15:37 par David Demri
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Lors d’un long entretien accordé au journal L’équipe, le président du Rugby Club Toulonnais, Bernard Lemaître est revenu – pour la première fois depuis qu’il a pris les commandes du RCT – sur son passé, sa jeunesse et le traumatisme qu’il a vécu alors qu’il était dans l’armée.
Il explique avoir été lieutenant dans un commando de chasse et avoir dirigé une section de 25 hommes lors d’opérations dans certaines zones. Extrait:
« J’étais lieutenant dans un commando de chasse rattaché au 512e régiment du train. Je gérais une section composée de 25 à 28 hommes. En opérations, je ne portais pas mes galons, nous étions camouflés avec des gandouras (tenue traditionnelle du Maghreb) sur nos uniformes. Par petits groupes de cinq, on partait à la recherche de renseignements en exploration profonde, dans des zones définies par le haut commandement. »
Il avoue avoir vécu des drames durant cette expérience, des histoires qu’il n’oubliera jamais. Extrait:
« C’est une expérience, intense, avec beaucoup de traumatismes… Vous arrivez dans une mechta (un hameau) où il n’y a personne. À l’odeur, vous avez compris… Vous ôtez les planches, découvrez les cadavres… Il y a certaines odeurs qu’on n’oublie jamais… (il marque une pause) J’ai vécu d’autres drames : ce fermier du coin qui arrive affolé et en larmes. On fonce vers sa ferme. On y découvre son fils égorgé. Et toujours cette odeur… Les bruits. Les hurlements… »
Bernard Lemaître ne le cache pas : il a fait 45 jours de prison pour avoir refusé de livrer 17 harkis au FLN, lesquels ont tous été égorgés ensuite. Extrait:
« En août 1962, j’ai reçu l’ordre de livrer 17 harkis de ma section au FLN. Voilà : vous avez compris… J’ai refusé. J’avais une décoration sur mon uniforme poitrine, je l’ai enlevée et laissé tomber à terre devant les yeux de la personne qui m’a donné cet ordre. Pour ça, j’ai fait de la taule. Quarante-cinq jours. J’ai refusé cet ordre. Je savais ce qui arriverait à ces hommes. Ils ont tous été égorgés. »
Il précise n’avoir jamais parlé de ces histoires depuis au moins 60 ans. Extrait:
« Vous savez, j’ai toujours refusé de parler de tout ça. C’est la première fois depuis presque soixante ans. »
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Combien de présidents ont senti l odeur de la poudre et de la mort…
Craint degun le vieux!
Et bien, je suis très fier qu’on est un Président héroïque, et le superlatif est pas trop fort. On le trouve stoïque pendant les matchs. Je comprends mieux avec ce qu’il a vécu en tant que LT commando,sa réserve et son recul. en faisant la part des choses , la vie d’hommes ,ces odeurs morbides… Alors ce qui le traiteront de vieux, qui a payé de sa personne auparavant et aujourd’hui financièrement avec nôtre super centre d’entraînement, regardez vous dans la glace en vous rasant, vous risqueriez de vous couper.
Whoua !… Et qui l’aurait cru , en plus !.. Vraiment courageuse et très humaine belle personne !.. Et là , nul doute que très peu arriveront à se tromper en l’affirmant aujourd’hui plus que fermement !.. Cette émouvante histoire à de quoi vraiment renforcer encore plus le *Grand Respect* que nous lui devons TOUS !.. MERCI pour tout ce que vous faîtes pour ce grand Club , Monsieur Lemaître .
Il a eu de l’honneur, pas comme le salopard qui lui a donné cet ordre et ceux du dessus. Y compris CDG !!!
Effectivement Miles, je vois que tu connais bien l’histoire. Il faut peut-être préciser pour les jeunes que ce salopard était français et que les Harkis combattaient pour la france… CDG, comme tu dis, était lâche et traitre. Ce n’est pas pour rien, je pense, que BL dit: « … vous avez compris… ».
Rien que de le lire c’est limite traumatisant…
Une belle personne qui porte bien son nom