Bernard Laporte s’exprime au sujet du rugby Français et dévoile ses idées

Bernard Laporte s’exprime au sujet du rugby Français et dévoile ses idées

Le mardi 31 mars 2015 à 17:19 par David Demri

1 Commentaire

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laporteEn contrat avec Toulon jusqu’en juin 2016, Bernard Laporte est à deux doigts de s’engager dans la bagarre pour la présidence de la FFR. Il se dit contre : le Grand stade du rugby, la centralisation du pouvoir fédéral à Marcoussis, la multiplication des mandats électifs. Il est pour : une plus grande transparence des décisions fédérales et notamment la nomination du sélectionneur, une aide massive à la formation pour les clubs amateurs, un statut officiel du bénévole, une mise à disposition plus importante des internationaux passant par une réduction de l’élite à douze clubs.

Quel est votre sentiment sur le sélectionneur de l’équipe de France de Philippe Saint-André ?
Je ne trouve pas normal que l’on tape sur la tête de Philippe Saint- André. Je n’apprécie pas non plus qu’il en fasse autant sur la tête des joueurs. Je suis monté au créneau pour défendre les miens. J’entraîne 15 % de l’équipe de France. Les quatre joueurs qui portent le maillot bleu aiment le haut niveau. Saint-André a traité les joueurs de starlettes, les miens s’entraînent comme des ânes. Ils sont deux fois champions d’Europe et champions de France. Un exemple qui me semble significatif : Patrice Lagisquet a tué Maxime Mermoz au prétexte qu’il avait mauvais esprit. Je m’inscris en faux. Maxime a été remplaçant pendant deux ans de Matt Giteau et de Mathieu Bastareaud, je ne l’ai jamais vu faire la gueule. Donc je le défends. S’il était indéfendable je ne dirais rien. Quand on tombera sur mes joueurs, je me mettrai toujours en face pour les défendre.

Saint-André est-il responsable du parcours médiocre des Bleus ?
Ce n’est pas sa faute. Le rugby français connait une véritable décadence. Il faudrait se mettre autour d’une table pour en chercher les raisons. Les Bleus pouvaient être champions du monde en 2011 mais ce résultat aurait été comme l’arbre cachant la forêt. En 2011, l’équipe ne méritait même pas de sortir de poule. Ce n’est jamais la faute d’un seul homme. Si Philippe Saint-André était si nul que ça il ne serait pas à ce poste. Un entraîneur ne demande pas à un joueur de foirer un trois contre un ou d’envoyer le ballon à côté des poteaux. Il est facile de dire que la faute revient à Saint-André. Il a sa part, c’est tout.

À quand remonte selon vous le début de cette décadence ?
À 2010, année du dernier grand chelem. Depuis, qu’avons-nous fait dans le Tournoi ? Rien. Les Bleus ne gagnent plus. Entre 2003 et 2007 l’équipe de France avait remporté dix-sept matchs sur vingt. Elle avait terminé première du Tournoi trois fois en quatre ans. Parce que j’ai été à la tête de l’équipe de France huit ans, autant que Jacques Fouroux, je connais la complexité du poste et je serai toujours là pour défendre le sélectionneur.

Ce poste a-t-il évolué depuis votre départ en 2007 ?
Ce qui a évolué c’est la mise à disposition des joueurs. Je vois que les stages de l’équipe de France se multiplient.

Guy Novès, le manager de Toulouse, dit que plus les stages se multiplient, moins l’équipe de France gagne.
C’est le constat que l’on peut faire. C’est la faute au système. Pour être champion du monde il ne faut gagner que trois matchs : un quart, une demie et une finale. C’est faisable mais ce n’est pas sur trois exploits de suite que tu pérennises le rugby. C’est comme cette façon de nommer untel plutôt qu’un autre au poste de sélectionneur.

Philippe Saint-André avait un bon pedigree, il n’est pas tombé du ciel.
Guy Novès a été contacté, ça me semblait logique d’aller vers lui. Il n’a pas voulu du poste.

Ça vous a déçu ?
Non, à chacun ses contraintes. Chaque personne est différente et c’est tant mieux.

A-t-on le droit de refuser l’équipe de France ?
On a le droit de tout faire dans la vie sauf de tuer quelqu’un. Mais pourquoi Fabien Galthié, qui a fait du bon boulot à Paris et Montpellier, n’a-t-il pas été entendu quand la succession de Marc Lièvremont a été ouverte ? Ce fait du prince, dont j’ai profité, est dépassé. Aujourd’hui un sélectionneur doit se présenter avec un projet. C’est à une commission technique d’en juger la pertinence, pas au président de la FFR qui n’a jamais entraîné. Il n’a pas à le choisir, seul. Quelle est sa capacité, par exemple, à pouvoir décider de la compétence d’un joueur ? Le rugby serait donc si facile ? La question n’est pas : Saint-André ou pas Saint-André ? C’est une affaire de principe. Tous les candidats au poste de sélectionneur doivent être entendus. On ne peut pas dire : « Galthié, je n’en veux pas car je n’ai pas de bons rapports avec lui. » C’est aberrant. Le rugby est pro, aux décideurs de l’être aussi. Aujourd’hui, il faut impliquer la DTN dans ce choix et mettre des techniciens autour d’une table.

Vous n’aviez pas la réputation d’écouter la DTN quand vous étiez sélectionneur…
Parce que le fonctionnement faisait que l’on travaillait très peu ensemble mais entre-temps j’ai été secrétaire d’État aux Sports.

Et alors ?
J’ai mûri. Il est évident qu’un sélectionneur ne peut pas marcher sans la DTN. Le passage au poste de secrétaire d’État m’a fait voir beaucoup de choses. J’ai énormément appris au contact du handball où l’osmose entre l’équipe de France et la DTN est totale. Pour en revenir à l’équipe de France, quand Philippe Saint-André se plaint qu’un joueur ne sait pas jouer un trois contre un, peut-on dire que c’est la faute au sélectionneur ?

Qui est responsable ?
Le joueur et, sans leur faire injure, les gens qui l’ont formé.

Mais encore.
Le rugby pro français est le meilleur du monde. Pendant qu’il prenait le leadership, le rugby amateur s’est, à l’inverse, appauvri. Aujourd’hui, qui forme ? Pas le CNR de Marcoussis : quand un jeune y arrive à 17 ans, il est déjà trop tard. Cette formation de base est donnée dans les clubs amateurs qui n’ont pas de moyens. Quand on me dit que la DTN va former les jeunes, je réponds qu’il n’est plus temps, elle va juste terminer le travail. Alors on se rend compte qu’un international ne sait pas jouer un trois contre un. Pourquoi les avants néo-zélandais savent-ils tout faire et pas les nôtres ? Posons-nous les bonnes questions.

Une équipe de France qui ne gagne plus c’est gênant.
Ce qui me gêne le plus, c’est le désamour que j’observe autour de l’équipe de France. Le foot remonte, le hand est en pleine expansion. Un soir, après l’entraînement, à deux pas du stade d’entraînement du RC Toulon, j’ai vu des jeunes avec un ballon de hand. À Toulon croyez-moi ça veut dire quelque chose. Voilà un sport qui fait rêver tous les gamins. Le spectateur du rugby est un consommateur. Il ne va pas au match pour en revenir déçu, triste. Sinon il n’y retournera pas. Je suis un passionné et les gens passionnés seront toujours là une fois les autres partis. Si on reste entre nous, le rugby n’ira pas bien loin.

Est-il normal que le sélectionneur n’ait que le mot de Coupe du monde à la bouche ?
Un sélectionneur est d’abord nommé pour gagner les quatre Tournois qui précèdent la Coupe du monde. C’est notre championnat d’Europe du rugby. Si un candidat au poste de sélectionneur venait me voir en me disant qu’il prépare avant tout la Coupe du monde, je lui dirais de rester chez lui.

Donc parler à tout bout de champ de la Coupe du monde à venir, c’est se défausser ?
Bien sûr. Arrêtons de nous cacher. L’équipe de France est là pour gagner des matchs. Après, il ne sera jamais interdit de remporter la Coupe du monde.

Que manque-t-il aujourd’hui à l’équipe de France ?
Ce n’est pas à moi de dire cela. Ce n’est pas mon rôle. J’ai des idées.

Comment jugez-vous les rapports FFR/Ligue ?
Ils n’ont jamais été aussi bons mais il faut aller plus loin. À savoir remettre l’équipe de France au centre du débat.

Comment faire ?
En passant d’un Top 14 à un Top 12. Avec cette formule resserrée, le premier rencontrerait le deuxième en finale, il n’y aurait plus de barrages et de demi-finales. Cela permettrait de mettre les internationaux à disposition six semaines de plus par an.

On entend déjà les cris des présidents situés en bas du Top 14.
Prendre une décision ça fait toujours gueuler. Quand je fais l’équipe, ça gueule. Ça n’a pas d’importance. C’est l’intérêt général du rugby qui doit nous guider et non l’intérêt de trois ou quatre personnes.

Le modèle anglais vous inspire-t-il ?
Tout le monde en parle mais je ne le connais pas bien. Je vais m’y intéresser. Les Anglais ont de l’argent, pas nous. Ils ont aussi une première division à douze clubs.

Quelle évolution avez-vous perçu chez les joueurs pros ces dix dernières années ?
Ils sont tous hyper-professionnels. Ils s’entraînent beaucoup. Ils sont sérieux, appliqués. Le caractère est toujours là. Il y a dix ans, il y avait des joueurs pros et d’autres un peu moins. Ce n’est plus le cas. Je vois aussi des joueurs faire des extras après l’entraînement, peu de Français et beaucoup d’étrangers.

Préférez-vous entraîner des joueurs étrangers ?
Français, étrangers : il n’y a pas de différence. Je trouve intéressant le mélange des cultures. Les Français s’enrichissent au contact des étrangers. J’ai observé ça dans le cadre de la cohabitation entre Jonny Wilksinon et Sébastien Tillous- Borde. Le premier a énormément apporté au second. Il faut reconnaître que beaucoup de joueurs étrangers ont une grosse culture du travail.

Peut-on mettre en place un jeu qui gagne en équipe de France en réunissant les joueurs peu souvent ?
Oui. Les autres équipes ne dorment pas et s’organisent pour que leur équipe nationale soit performante. Gallois et Irlandais en sont le meilleur exemple.

La génération française n’est-elle pas en cause ?
Non, les joueurs français ont du talent.

Ce n’est pas l’avis de tous.
Ce n’est pas le mien.

Revenons aux causes du désamour des supporters pour l’équipe de France. Où se trouvent-elles ?
Quand elle perd, elle devient moins attrayante. La société d’aujourd’hui propose de nombreux produits sportifs et autres. Il y a de la concurrence. L’annonce d’une liste exhaustive de joueurs étrangers pouvant évoluer en équipe de France a été une erreur de communication. J’ai beaucoup entendu dire que ce ne serait plus l’équipe de France.

Sélectionneur, vous avez aussi appelé des étrangers.
Le sélectionneur ne fait qu’appliquer la règle qui pour moi doit être modifiée. Faire appel à des joueurs étrangers en équipe de France, c’est aussi afficher haut et fort des carences en termes de formation. Le ministre des Sports va-t-il continuer à subventionner une Fédération qui accepte d’intégrer des joueurs étrangers en équipe nationale ? Il s’agit d’argent public. Si ça continue comme ça, un jour, il n’y aura plus qu’à supprimer la DTN.

À vos yeux, la règle n’est donc pas bonne.
C’est ça. Je vois aussi que les clubs professionnels s’organisent pour aller chercher des Fidjiens et des Samoans de 17 ans pour les transformer en Jiff (Joueurs issus de la filière de formation) afin qu’ils ne soient pas comptabilisés comme étrangers dans le championnat français. C’est ce système hypocrite qu’il faut changer.

Que faire alors ?
Un étranger ne devrait jamais pouvoir être considéré comme Jiff. De cette manière-là, on arrêtera un processus nuisible aux intérêts du rugby français

Pour une question d’éthique ?
Oui, et surtout de logique. Trouvez-vous normal que l’équipe du Qatar, lors du dernier championnat du monde de hand, n’ait eu que peu de joueurs qataris dans son effectif ? Il ne faut pas donner un mauvais exemple aux clubs amateurs qui forment sans argent et sans matériel. Pour recruter, les clubs professionnels n’ont pas à se fouler, ils se tournent vers le marché international pas le national. De telles pratiques accélèrent la mondialisation du rugby et les effets sont dévastateurs. Je serais pour une règle simple. Un Fidjien joue pour les Fidji, point final. Il peut y avoir des exceptions notamment quand le gamin arrive à dix ans avec ses parents. C’est tout. Je vois là une dérive forte. Comme ça, pour les clubs pros, il n’y a plus nécessité à former.

Toulon n’en fait-il pas autant ?
Nous n’avons aucun partenariat avec une Fédération étrangère. Dans le centre de formation, il y a aussi des joueurs étrangers puisque c’est le système qui l’autorise.

Oui, mais le RCT a dans son effectif beaucoup de joueurs étrangers qui, dans l’absolu, prennent la place de joueurs français.
Toulon, comme tous les clubs, a droit à seize joueurs non Jiff dans l’effectif. À mes yeux, les joueurs étrangers ne sont pas un problème. Sur environ cinq cents joueurs en contrat en Top 14, un peu plus de la moitié restent sélectionnables pour l’équipe de France. La compétition va tous les tirer vers l’excellence. Le niveau des Français
s’élève quand ils jouent en Top 14 mais il y a aussi le problème de certains joueurs sélectionnables qui jouent peu.

Deux cent cinquante, d’accord, mais il y a des postes où le potentiel français est faible. Comment rééquilibrer cela ?
Par la formation. Toujours la formation. Que les gens de la DTN ne se sentent pas attaqués. Eux s’occupent
de la fin, du polissage du joueur. Je sais de quoi je parle. J’ai des joueurs étrangers qui ne savent pas faire certaines choses. Oui, ça existe. Je peux tenter de les faire travailler mais, à 25 ans, c’est trop tard. Les seuls à savoir tout faire, je dis bien tout, sont les Néo- Zélandais. Les Sud-Africains sont les meilleurs dans le défi physique, dans l’agressivité. Si on n’a pas appris à jouer un trois contre un, il faut revenir en bas. Mais si ça n’a pas été fait à l’école de rugby, en cadet, c’est déjà trop tard. Tu n’apprends pas à skier ou à nager à 17 ans. Il faut donner des moyens à la formation dès le plus jeune âge pour gommer ces carences.

Votre discours ressemble à celui d’un président en campagne.
Pour l’instant, je suis en mission à Toulon. Des gens me poussent à me déclarer et à présenter une liste lors des prochaines élections fédérales. Je n’ai pas l’ambition personnelle de devenir président de la Fédération mais je ressens la nécessité de réformer ce sport. Quand j’ai été secrétaire d’État, j’ai eu accès à tout. J’ai 50 ans, J’ai acquis une expérience énorme et je me sens redevable envers le rugby qui m’a tout donné. Il y a des choses que je ne peux pas laisser faire. J’ai été champion de France avec Bègles, avec le Stade français, avec Toulon, et aussi champion d’Europe, j’ai entraîné l’équipe de France, j’ai connu les ors de la République : pourquoi ne pas partir dans une nouvelle aventure ? Si un mec veut passer devant moi, je me mettrai derrière. Et même dans cette position je ferai en sorte de changer les choses. Je ne dis pas que ce que les gens font aujourd’hui n’est pas bien. Je ne veux pas les attaquer.

Un réseau Bernard Laporte est-il déjà en place ?
Heureusement.

Quand prendrez-vous votre décision ?
En fin d’année.

Que voulez-vous changer ?
On me remonte des territoires tout un tas d’insatisfactions. Il faut simplifier les choses et rendre la vie des dirigeants et des clubs plus facile. Je veux des licences moins contraignantes, des compétitions organisées et harmonisées chez les jeunes, les amateurs et les féminines. Je ne veux plus d’un pouvoir centralisé à Marcoussis. Aujourd’hui, si un cadet prend un carton rouge, c’est au siège de la FFR que son cas est jugé. Comme en politique, rendons le pouvoir aux territoires. Tout centraliser c’est tuer, c’est se couper de la base, du vivier. Donnons des compétences et de l’argent aux comités. Si on ne finance pas un peu plus le rugby amateur, qu’adviendra- t-il de lui ? Il y a des économies considérables à faire. Pourquoi ne pas organiser des visioconférences plutôt que de monter systématiquement à Paris ? La Cour des comptes a signalé ces dérives financières. Ça équivaut à une fortune.

Le président actuel de la FFR, Pierre Camou, est issu du monde amateur. C’est le garant d’un certain esprit.
Nous sommes tous issus du rugby amateur. Je ne parle pas de Pierre Camou mais du constat que font les gens de terrain. J’ai un grand projet pour la FFR. Il faut une Fédération innovante. Il y a ce statut de bénévole : je n’ai pas eu le temps de m’en occuper quand j’étais secrétaire d’État. Qui m’a appris à jouer ? Des bénévoles. Qui m’a fait à goûter le mercredi à Gaillac quand j’étais enfant ? Françoise Lafon, une bénévole. Si elle n’avait pas été là, j’aurais peut-être arrêtéle rugby. Les bénévoles ne veulent plus y aller. Pourquoi la FFR n’inventerait-elle pas un statut pour eux ? Le rugby a un état d’esprit particulier avec ses valeurs. Sa Fédération doit refléter cela en se montrant innovante. Je veux qu’elle passe devant, pas qu’elle regarde les autres faire.

Et le rugby pro ?
Ce n’est pas une fin en soi. Son développement doit aussi servir le rugby amateur. C’est de la base dont il faut se préoccuper. Comment faire pour accueillir les jeunes, les former, les encadrer, les doter de matériel ?

La FFR est une citadelle qui n’a jamais été prise de l’extérieur…
Je suis licencié dirigeant et j’appartiens à cette Fédération. Je ne suis pas en dehors, j’ai de nombreux relais au sein du comité directeur de la FFR. Si tu n’y entres pas tu ne seras jamais écouté. Comme dans un conseil municipal, il faut une opposition. Et quand elle est forte, elle est entendue. Sans opposition, c’est la dictature. Je suis contre les mandats répétitifs au sein des instances dirigeantes. La première des choses serait de limiter leur nombre à deux. Idem dans les commissions. Elles appartiennent aux passionnés du rugby pas à ceux qui y entrent à trente ans et qui en sortent à soixante-dix. Une Fédération doit bouger, bouillonner. Il y aura une liste d’opposition, il n’y en a jamais eu. Ça ne veut pas dire que les gens en place aujourd’hui sont des incompétents. Je suis pour des idées nouvelles portées par des gens nouveaux.

Pour gagner les élections, seriezvous capable de débaucher quatre ou cinq présidents de comités importants pour bâtir une liste avec eux ?
Des présidents de comité souhaitent la réforme de ce système et ne m’ont pas attendu pour avoir des idées. À ce stade de ma réflexion, c’est plutôt eux qui cherchent à me débaucher. (rires)

Vous présentez-vous comme un candidat anti-système ?
Non, pour toutes les raisons que je viens d’évoquer. Beaucoup de licenciés se posent des questions sur des sujets importants, comme celui du Grand stade de rugby. Ils n’ont aucune réponse. Il me semble logique de leur donner ces précisions. Il faut plus de transparence. S’il y a une opposition dans le comité directeur, il y aura transparence sur tous les sujets. Et je veux savoir certaines choses.

Comme quoi ?
Que sont devenus par exemple les vingt-huit millions que la FFR a gagnés grâce à Bernard Lapasset lors de l’organisation de la Coupe du monde 2007 ?

Êtes-vous pour ou contre le Grand stade du rugby ?
Ce projet fait peur à tout le monde. La FFR est partie pour payer pendant trente ans. Pour avoir travaillé sur la Commission Grand stade avec Philippe Seguin, je sais exactement combien coûte le projet de la FFR. Si les 37 membres du comité directeur de la FFR sont caution personnelle pendant vingt ans il faut faire le Grand stade de rugby. Si c’est pour hériter d’un chantier qui va mettre la Fédération en faillite, je dis attention. Un monde amateur en souffrance ne comprend pas que l’on puisse s’engager pour 600 millions dans un tel projet, qui plus est, mené pour un constructeur belge. Où est le patriotisme français ?

Sans Grand stade de rugby la FFR ne va-t-elle manquer de ressources à l’avenir ?
Il me semble qu’il y a d’autres solutions comme entrer au capital du Consortium du Stade de France avec d’autres Fédérations. Certes, en vue de la candidature de Paris aux JO de 2024, il faudra rénover le SDF mais une étude montre qu’un investissement de 250 millions ferait du Stade de France notre Wembley. Le coût de l’opération ne serait pas supporté que par la FFR.

Si vous gagnez les élections, un sélectionneur aura été nommé avant votre arrivée. Alors, Galthié ou Ibanez ?
Les deux. Pourquoi n’y aurait-il pas Pelous aussi dans la course ? Et d’autres, aussi, qui font de belles choses avec leurs clubs ?

Vous avez eu trois présidents, Max Guazzini, Bernard Lapasset et Mourad Boudjellal, avec lequel partiriez-vous en vacances ?

Trois présidents, pas tout à fait. Je ne peux pas oublier André Moga, mon président à Bègles. Je lui dois beaucoup. Il m’a donné confiance en moi. Il a rempli mon réservoir pour la vie. Max Guazzini c’est comme un frère. Bernard Lapasset est quelqu’un que j’aime beaucoup. C’est un homme de dossier. Il est agréable, brillant. Il respire l’intelligence. Quand j’ai signé à Toulon, on m’a dit que jamais je ne pourrais m’entendre avec Mourad Boudjellal. C’est vrai, je ne savais pas où j’allais. Je me suis adapté. Je ne suis pas un bulldozer. Ici j’ai une mission. Il y a un chef au-dessus de moi. Pour répondre à la question, Max est comme un frère et j’apprécie de travailler aux côtés de Mourad pour lequel j’ai beaucoup d’estime. Mourad veut avancer, il n’est pas du système et il dit les choses. Si on ne dit pas les choses, il n’y a pas moyen d’avancer. Mourad n’est pas là pour faire plaisir aux gens. Il mérite d’être connu. Il m’a permis de rencontrer des hommes de la trempe de Matt Giteau, Jonny Wilkinson, Bakkies Botha, Sébastien Tillous-Borde, Maxime Mermoz. J’ai pour eux de l’amitié et même de l’amour. J’aurais été idiot de passer à côté de tout ça. Boudjellal m’a donné les clés du camion sportif, comme Moga. J’aimerai toujours ce club de Toulon qui sera mon dernier.

Le livre sur le dopage écrit par Pierre Ballester vient de sortir. On y parle de vous, de Toulon et de son ostéopathe Jean-Pierre Darnaud. Qu’avez-vous à répondre aux attaques ?
Il est facile de faire parler les autres. Quand on vous dit que Jean-Pierre Rives a pris six cachets de Captagon, c’est n’importe quoi. Il n’y a pas de dopage organisé en rugby, mais on n’est jamais à l’abri d’un cas individuel. Lors de mon passage au secrétariat d’État aux Sports, j’ai consolidé le dispositif antidopage installé par Marie-George Buffet et relayé par Jean-François Lamour. Je suis pour les contrôles. Je suis pour qu’il y en ait chaque semaine s’il le faut.

Un jour il faudra s’attendre à un coup dur.
Oui, on n’est jamais à l’abri et c’est pour cette raison qu’il faut être vigilants, personne ne peut prétendre que dans le rugby il n’y aura jamais de dopage. Il est sûr que le dopage préparé, organisé, n’existe pas, et n’existera jamais.

Après les attentats de janvier vous vous êtes déclaré Charlie très rapidement. Pourquoi ?
Parce que j’aime la France. Comme tous les Français, je me suis senti attaqué, et nous nous devions d’être solidaires. Je suis un patriote. Quand une équipe de France ou un Français remporte un titre, ça me fait quelque chose. J’ai des frissons, des émotions.

Que représente la laïcité pour vous ?
C’est le respect de tous et le respect des autres. Je suis contre tous les égoïsmes. J’ai le goût du partage. C’est pour ça que je suis dans le rugby. J’aime commander et partager mais aussi combattre et fédérer, je ne suis pas pour autant un dictateur.

Comment se porte votre ego ?
J’aime écouter mais je ne peux pas garder les choses sur le cœur. Quand ça ne me plaît pas je le dis. Que ça plaise ou non, je m’en moque. 

Source: Midi Olympique Magazine

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1 Commentaire

  1. Hulk83 31 mars 2015 at 17h- Répondre

    ce gonze est juste brillant…