Bernard Laporte raconte ses souvenirs de finales
Bernard Laporte raconte ses souvenirs de finales
Le mercredi 29 avril 2015 à 18:13 par David Demri
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Entre Bègles-Bordeaux, le Stade Français et Toulon, Bernard Laporte a vécu des émotions fortes ces 20 dernières années. En tant que joueur, puis entraîneur, l’actuel manager du RCT a disputé une dizaine de finales nationales et européennes. En attendant la prochaine, samedi à Londres contre Clermont en Champions Cup, le membre de la Dream Team RMC Sport revient sur les moments marquants de sa carrière.
Finale du Top 14. 1er juin 1991 : Bègles-Bordeaux-Toulouse (19-10)
« C’est un grand moment. Parce qu’on avait un groupe fort, qui n’a pas duré d’ailleurs. Mais c’était un groupe vraiment très fort. Je m’en rappelle, je me disais que le président de la République allait venir nous serrer la main avant le match et c’est ce qui s’est passé. C’était François Mitterrand à l’époque et donc c’était beaucoup d’émotion. Comme un gamin qui va découvrir une finale, qui plus est au Parc des Princes, un stade que j’aime beaucoup. Et puis il y a ce coup de sifflet final qui fait qu’on est champions de France. C’est une délivrance, un véritable bonheur. A l’époque, c’était une bande de copains, ça s’est vite défait malheureusement, c’est la vie. Mais on était très potes, il y avait une grosse énergie et une grosse force au sein de cette équipe. Les véritables émotions, elles sont quand tu es sur le terrain. Parce que tu as construit le match, que tu y as participé. Quand t’es entraineur, tu ne fais rien, tu es architecte mais tu contemples. C’est quand même différent. Cette finale que j’ai jouée, même si ça remonte à loin, me laisse plus d’émotions que les finales gagnées en tant qu’entraineur. »
Finale du Top 14. 16 mai 1998 : Stade Français-Perpignan (34-7)
« C’est un aboutissement parce que quand on arrive à Paris, le club est en troisième division. On crée l’exploit d’être champions alors qu’on montait de deuxième division cette année-là. Aujourd’hui, ce serait impossible. Le rugby a bien changé, donc ça reste un grand moment. C’est beaucoup de fierté. Le premier souvenir de cette finale, c’est quand on sort à l’échauffement, on voit un mur de 40 000 Catalans. Là, on se dit qu’on n’est pas bien. On est rentré s’échauffer à l’intérieur parce qu’on ne le supportait pas. On n’avait pas énormément de public avec nous. C’était peut-être un signe de protection parce qu’après, les joueurs sont revenus en marchant. Comme pour dire : « Nous, on n’a pas peur. » C’est un moment fort parce que rien n’avait été décidé. Quand je les ai vus entrer comme ça en marchant, je me suis posé la question : « Est-ce qu’on a vraiment envie ? » Et finalement, c’était un gage de sérénité. Après la victoire, on a fait la fête au Planète Hollywood de mémoire, on a défilé sur un camion-remorque sur les Champs-Elysées. C’était très sympathique. »
Finale du Challenge Européen. 18 mai 2012 : Toulon-Biarritz (18-21)
« L’objectif, c’était de refaire de Toulon une des meilleures équipes françaises, voire d’Europe. Quand je suis arrivé, ils étaient huitièmes ou neuvièmes du championnat. C’était un club en pleine reconstruction, qui était descendu et remonté. Et qui avait envie de retrouver toute la beauté qui faisait la sienne dans décennies précédentes. Toulon, c’est un grand club, de grandes épopées, de grands joueurs. Quand tu perds une finale, il y a toujours de la frustration, que ce soit un Challenge Européen ou une finale de Coupe d’Europe. C’est toujours la même chose, même en Top 14. Quand tu perds une finale, c’est toujours énervant. On aurait dû le gagner 100 fois ce match. Barnes (l’arbitre de la rencontre, ndlr) a oublié deux ou trois choses qui nous ont fait mal. »
Finale du Top 14. 9 juin 2012 : Toulon-Toulouse (12-18)
« Ce jour-là, quand on a été dominés, notamment dans le domaine de la mêlée, c’est difficile de crier au scandale. Oui, à la fin, sur le dernier ballon, si David Smith ne l’échappe pas, peut-être qu’on peut marquer et encore, l’essai n’est pas fait. Mais sincèrement, les Toulousains avaient mérité leur victoire. Ils étaient dominateurs. Pour nous, ça aurait été immérité si on avait gagné. Je pense que ça aurait été un petit hold-up. Avec le recul, je crois sincèrement que les meilleurs de cette finale ont gagné. »
Finale de la H Cup. 18 mai 2013 : Toulon-Clermont (16-15)
« Ce jour-là, les Clermontois se tuent eux-mêmes. Parce que quand ils mènent largement, si au lieu d’attaquer, ils tapent au fond dans nos 22… Au contraire, ils attaquent alors qu’il n’y a pas de surnombre et ils se font contrer. Donc je crois sincèrement qu’ils se sont un peu bouffés tout seul. Ils étaient meilleurs que nous mais ils se sont exposés. On a saisi l’occasion et on a marqué en contre. Lors des dernières minutes, ils nous pilonnent et défensivement, on est bons. On ne prend pas de pénalité, on est disciplinés. Au final, on le mérite. Je n’ai pas vu les cinq dernières minutes, je suis sorti et j’attendais dans un sas. J’ai un petit cœur moi ! Donc je n’ai pas eu envie de canner… Et à un moment, j’ai vu Thom Whitford qui a poussé la porte comme un fou, qui pleurait et qui hurlait. Je savais qu’on avait gagné. Il m’est tombé dans les bras et on est vite partis sur le terrain. »
Finale du Top 14. 1er juin 2013 : Toulon-Castres (14-19)
« Castres a fait un très bon match et je pense qu’on était un peu usés. On n’avait pas l’effectif qu’on a aujourd’hui. On ne pouvait pas tourner comme on a pu le faire les deux saisons d’après. Mais bon, on était quand même dans une période euphorique, parce qu’on avait été champions d’Europe la semaine précédente. Malgré cette défaite, il y avait quand même la joie du titre européen. C’était une émotion partagée, c’était bizarre. Il y avait de la déception mais aussi de la joie. »
Finale de H Cup. 24 mai 2014 : Toulon-Saracens (23-6)
« Physiquement, on leur a fait mal, c’est sûr. Dans les duels, on a été plus forts qu’eux. On leur a mis cinq ou six tampons qui ont changé le match. Ils se sont retrouvés sous pression, agressés, au bon sens du terme. Ils se disaient : « Qu’est-ce qui nous arrive ? » Il y avait vraiment de l’énergie et de la force de notre côté. Je crois qu’en une mi-temps, ils ont senti que ça allait être dur. Après, on a largement pris l’ascendant. »
Finale du Top 14. 31 mai 2014 : Toulon-Castres (18-10)
« On ne joue pas pour Wilkinson, mais beaucoup en avaient parlé toute la semaine. Je me rappelle, le jeudi, on avait évoqué beaucoup de choses grâce à Jonny. Je leur avais dit que la plus belle sortie qu’il puisse avoir, c’est de finir sur un titre de champion de France qu’il n’avait jamais eu. Il a été champion du monde et d’Europe. Et je disais : « S’il part sans ça, il lui manquera quelque chose toute sa vie. » Donc je crois qu’il y avait beaucoup de motivation des joueurs pour lui offrir ça. Il y a toujours des larmes dans un discours émouvant, c’est normal. Parce qu’on dit souvent des choses qu’on dit rarement et il y a de l’amour, de l’affection. On sait qu’on a du mal à dire je t’aime ou des choses comme ça. Donc ça fait encore plus d’émotion. Ce sont toujours de bons moments. Je garderais la joie de Tillous-Borde, de Jonny, de Basta, la Bakkies, de tous ces mecs. Parce qu’on a fait un truc historique. Gagner coup sur coup la Coupe d’Europe et le championnat, ce n’est pas rien. Je crois que Jonny était très fier ce jour-là. »
Source: rmcsport.fr
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2 Commentaires
Ça c’était avant…
c’est clair que la finale contre les Saracens, les 2 tampons monstrueux de Burden sur sont vis à vis, ont laissé des traces physiquement et mentalement!