Interrogé par RMC Sport, le manager du Rugby Club Toulonnais, Bernard Laporte est revenu sur le désastre du XV de France, suite à son élimination et son humiliation face aux All-Blacks.

S’il avoue être très triste pour les Bleus, Bernard Laporte fait plusieurs constats: les Bleus ne sont pas au niveau, Philippe Saint-André a fait le plus mauvais mandat de sélectionneur, il ne comprend pas les absences de Mermoz et Trinh-Duc, et pointe du doigt la Fédération Française de Rugby. Extrait:

« C’est un véritable désastre, on ne peut pas le nier. Mais c’est beaucoup de tristesse pour les gens passionnés de rugby comme vous et comme moi. On n’a pas envie et personne n’a envie de tirer sur l’ambulance, sur le staff et les joueurs. Je pense qu’ils ont fait le maximum mais que le constat est là. On n’est pas invité par rapport à ce que propose les Néo-Zélandais mais même par rapport aux autres équipes agréables à regarder comme les Gallois, l’Australie, l’Afrique du Sud, le Japon… Si on avait eu le Japon et les Fidji, je me demande si on se serait qualifiés en poule. On a eu une poule facile et dès que ça devenait compliqué, on est passé à côté car notre rugby est faible. C’est à Philippe Saint-André de monter au créneau. J’ai trouvé qu’il faisait preuve d’irréalisme total quand il nous a asséné pendant quatre ans, alors que l’équipe de France jouait mal, que ce serait bien mieux pendant la Coupe du monde et qu’on aura une chance car on serait prêts physiquement. Il n’y a pas que le physique dans le rugby, ça ne suffit pas. Il faut jouer au rugby aussi. Je crois qu’il a fait preuve d’irréalisme, il était à côté de la plaque, il ne se rendait pas compte du niveau de son équipe et du niveau de certains de ses joueurs. Après, on peut toujours critiquer le sélectionneur sur ses choix, mais quid de Mermoz et de Trinh-Duc qui n’avaient rien à faire en France, ils devaient être à la Coupe du monde. Alors, ça n’aurait pas changé grand chose, car le fossé est tellement grand que ce ne sont pas deux ou trois joueurs qui auraient inversé la vapeur. Mais là, Philippe Saint-André, c’est le plus mauvais mandat d’un sélectionneur. Il ne l’a pas vu venir. Il était persuadé que si physiquement on grandissait, ce qu’on a fait pendant trois mois, on serait alors compétitif face aux autres nations. Mais il ne se rendait pas compte du niveau des autres nations. Quand j’ai décidé de m’engager à la présidence Française de la Fédération de Rugby c’est pour changer les choses. Le patron de la FFR doit être le patron du rugby français. Hors aujourd’hui, Pierre Camou que j’adore, on ne le voit pas, on ne l’entend pas, on ne sait pas ce qu’il en pense. Il faut changer tout cela, il faut une révolution en profondeur du rugby français. Le mal est beaucoup plus profond qu’un mauvais sélectionneur ou de mauvais joueurs. »