Bernard Laporte, l’homme de la renaissance
Bernard Laporte, l’homme de la renaissance
Le vendredi 8 juin 2012 à 12:11 par David Demri
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Avec Bernard Laporte, il ne faut jamais dire « jamais ». Il y a moins d’un an, l’ancien entraîneur du Quinze de France quittait le Stade Français, la tête basse, abusé par des aigrefins canadiens alors qu’il s’était lancé dans une opération de sauvetage aveugle de son ancien club étranglé financièrement. C’était l’époque où Mourad Boudjellal, le président du RC Toulon, après s’être écharpé médiatiquement avec l’ex secrétaire d’État aux Sports à propos du transfert de Mathieu Bastareaud, déclarait : « Le Bernard Laporte que j’aime bien c’est celui des Guignols. » Ou encore : « L’affaire de la FACEM, c’est quand même l’escroquerie expliquée pour les nuls. »
Après un premier passage éphémère et tumultueux par Bayonne dans un rôle mal défini, beaucoup estimaient alors que ce second « come back » raté allait définitivement écarter « Bernie » des choses du rugby. À tort. En quête d’un directeur sportif après le départ de Philippe Saint-André, Boudjellal décidait, fin septembre, sur les conseils de quelques proches, de laisser de côté ses a priori. Et Laporte de poser un mouchoir sur son orgueil.
« Ça me semblait insensé »
Récit du président du RCT : « L’idée, je l’avais depuis longtemps. Ça m’avait énervé quand il est allé à Bayonne. J’ai pensé : » Afflelou – Laporte, ça va faire mal ». Et quand ça s’est fini, je me suis dit : » Chouette, un concurrent de moins ». Le faire venir à Toulon, ça me semblait insensé. Et puis des gens biens m’en ont reparlé. On s’est appelé, il a pris l’avion et on s’est rencontré au Pullman de Marignane. Il a hésité quelques jours et puis il est venu à Toulon. J’avais une crainte : s’était-il embourgeoisé ? Allait-il encore avoir envie de mettre les mains dans le cambouis ? Parce qu’un bon entraîneur, c’est un ouvrier spécialisé, pas un bourgeois. J’ai vite été rassuré : il a poussé sa première gueulante au bout de quelques minutes d’entraînement. »
S’il n’a jamais caché sa fascination pour Toulon et son folklore, Laporte n’est pas arrivé sur la rade en terrain conquis. Huit mois plus tard, le RCT est en finale du championnat de France pour la première fois depuis vingt ans, et l’alliage potentiellement explosif Laporte, Boudjellal, Toulon apparaît comme une évidence.
« Bernard est passionné et excessif et il a signé dans un club passionné et excessif », raconte Christophe Dominici, l’enfant de Toulon. « Il a été mon entraîneur pendant dix ans, et je connais sa capacité à fédérer les énergies. Mourad est ambitieux, Bernard aussi. Les deux sont des compétiteurs et ils ont entre eux, cette immense envie de réussir qui les lie. »
Au-delà de ses compétences techniques, s’il faut reconnaître un très grand mérite à l’ancien patron des Bleus, c’est d’avoir osé se mettre en danger, troquer le costume cravate pour enfiler le survêtement, risquer son image et sa réputation. « D’autres ne l’auraient jamais fait par amour-propre », affirme Denis Charvet, l’un de ses confidents. « Bernard s’est parfois brûlé les ailes mais au fond, c’est un homme simple. Il a été blessé par l’histoire du Stade Français. Mais cet échec l’a rendu plus fort. Et là, il est revenu aux sources. Et cela fait très longtemps que je ne l’ai pas vu aussi serein. Le dimanche qui a suivi la défaite en finale du Challenge par exemple, nous avons dîné ensemble à Saint-Tropez. C’était avant le barrage contre le Racing et il m’a parlé de la demi-finale, et de la façon dont il préparerait la finale. Il est habité. »
« Du pur bonheur »
Ce trop-plein de passion provoque encore chez lui des dérapages verbaux spectaculaires (voir par ailleurs). Mais en l’écoutant dimanche soir, dans les couloirs du Stadium de Toulouse après la victoire sur Clermont, raconter son plaisir d’entraîner à nouveau, la prunelle brillante, avec le staccato de sa diction, on n’a pu s’empêcher de penser qu’il était là, plus qu’ailleurs, heureux et dans son élément.
« Ce qui m’a excité dans cette aventure, c’était de me dire, je vais gueuler sur Bakkies Botha, sur Jonny Wilkinson. C’est du pur bonheur que de vivre avec ces mecs que tu haïssais quand tu les jouais et que tu découvres plein d’humilité et de respect. On fait du rugby parce qu’on aime les gens. Quand il n’y a plus ces huis clos, les potes, quand tu ne tapes plus sur le cul du mec dans le vestiaire, que tu ne regardes plus les joueurs dans les yeux, que tu ne pleures plus, ça manque. Tu pleures quand dans la vie ? Quand tu t’engueules avec ta femme ? Mais ce ne sont pas les mêmes pleurs. »
Et demain au Stade de France, seront-ce des larmes de joie ou de tristesse ? L’histoire de Laporte et du RCT n’est-elle pas trop incandescente pour durer ? « Une victoire permettrait de la cimenter », juge Dominici. La patience n’est pas la première vertu du professionnalisme, ni des Toulonnais.
Sud Ouest
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Je recherche 6 à 8 places pour regarder le match à mayol samedi. Si quelqu’un a ce qu’il faut contactez moi a [email protected] ou au 0698279086 SVP merci d’avance
Camou : Néanderthal
Matt Giteau :homo habilis
Jmfl : homo sapiens sapiens
Ah , ce Laporte tant et tellement décrié sur ce blog avant d'avoir posé un pied à Toulon…
Ah , ces supporters ou prétendus tels qui détruisaient leur carte en l'éreintant ..
Ah , les nièmes sorties de MB sur celui qui allait prendre en mains les destinées du RCT …
Ah , la grogne des anciens qui ont parfois du mal avec les changements du rugby des années passées …etc..
Et maintenant ce même BL qui a su parler et mener le club de la rade en finale du TOP 14 , aprés le passage de PSA qui a tout de même laissé trace , ce même BL qui fait maintenant pratiquement l'unanimité ….comme quoi bien souvent il vaut mieux attendre un peu avant de condamner par trop facilement pour des raisons obscures de non feeling .
Les enflammés du bulbe qui je l'espère ne vont pas en cas de non succés au S de F le critiquer sans concession et nous asséner des "moi , je n'y ai jamais cru " . le bouclier se gagnera sur le terrain et la présence de BL dans les vestiaires sera un plus aprés la sanction qui l'a touché .
Que le meilleur gagne et surtout que le rugby soit le grand gagnant de cette finale qui survient aprés vingt longues années ; non pas de vaches maigres ; mais de fuite du Brennus vers d'autres cieux que celui de TOULON . alea jacta est !