A Chateaurenard, Bernard Laporte devant un auditoire garni a poursuivi sa campagne présidentielle. Plusieurs dizaines de rendez-vous programmés en France qui l’amènent à se nourrir des réflexions publiques qui lui serviront à finaliser un plan de route au Printemps.

Pourquoi vous êtes vous porté candidat à la présidence de la FFR ?

La fédération ne doit pas appartenir à quelques dirigeants qui ont perdu le sens des réalités et de l’intérêt général. Elle appartient aux1885 clubs français de rugby. C’est le cœur de mon projet.

Quel sera le programme ?

Je veux apporter du sang neuf qui sera le fruit de toutes ces rencontres finalisées au Printemps. Avec les nouvelles technologies, grâce au vote électronique décentralisé depuis les comités régionaux, c’est tout ce pouvoir qui reviendra aux petits clubs. Leurs dirigeants iront siéger dans les commissions avec leurs compétences techniques, leurs expériences et savoirs-faire.

De plus, il n’y aura plus de matches professionnels le dimanche à 16h qui font concurrence à tous ces petits clubs

Mais les statuts de la fédération sont un frein à tout changement ?

Le choc de simplification va nous y aider. On y travaille dessus depuis 18 mois. C’est la réglementation qui créée les interdits. Comme nous sommes favorables à la licence décentralisée, l’électronique peut nous aider dans ce sens.

C’est aussi la création d’un fond de développement pour le rugby français. Comme une fondation avec ses relations et son réseau. 10Me peuvent être obtenus en marketing. Ce ne sera pas du saupoudrage.

Cela permettra de nourrir également 10000 appels à projet avec des contrats d’objectifs. Pour aider aussi au développement du rugby féminin dont on parle peu. Toutes ces réformes tiennent compte de la révision des politiques publiques, car la loi Notre sera appliquée en 2020. Il faut être opérationnel en 2017. Cela va changer des comportements, les egos, obilger les dirigeants à travailler ensemble, à mutualiser leurs moyens, à réfléchir sur des projets collectifs. Parce que nos lois ont plus d’un siècle. Mais il y aura des différences territoriales qu’il est difficile d’évaluer aujourd’hui.

Comment redonner crédibilité à l’Equipe de France de Rugby ?

Par la formation. Embaucher 100 cadres techniques pour former des éducateurs sur place, c’est notre objectif. Et pénétrer le milieu scolaire par un système de convention. J’ai demandé à Claude Onesta, entraîneur de l’EDF de Handball, « pourquoi le Hand gagne tout »? Il y a 30 ans, ils ont investi le monde scolaire et embauché les meilleurs techniciens pour former, accompagner les générations qui nous font rêver.

Vous êtes opposé au futur grand stade de Rugby. Quelles en sont les raisons ?

René Hourquet, ex trésorier de la FFR émettait des réserves sur ce projet à 600 ME. Pourquoi ce prix ?Pour le financement, c’est 200 me de fonds propres plus un emprunt au conseil départemental de l’Essonne qui prête ces 400me à condition de trouver les 200 millions d’euros de capitaux propres. Mais qui payera ?

Sur l’amortissement, les experts sont formels, il faut remplir 13 à 17 fois par an le stade de 84000 places pour amortir l’entretien. Si l’on met les 8 rencontres pour les demi-finales du Top 14, un concert de Johnny pour ses 90 ans, un match international de foot, ou une rencontre de hand qui ne fera jamais le plein, en une année, on liquide la FFR.

En cas d’échec pour le nouveau stade, que proposez-vous comme solution de remplacement ?

La présidente du consortium du stade de France m’a dit que l’Etat avait acté une aide de 150me pour la rénovation du stade de France dans le cadre des Jeux Olympiques 2024.

Comme on ne pourra pas amortir tout seul le Stade de France, pourquoi ne pas prendre un tiers du consortium avec la Fédération Française de Football qui prendrait un tiers?Ce qui ferait que pour zéro euro, nous posséderions un tiers du stade de France. Cela me semble plus raisonnable qu’un projet pharaonique comme cela alors que les petits clubs qui ont besoin de soutien et d’aide financière sont au bord de l’asphyxie. Par ailleurs, un maillot de l’Equipe de France vaut entre 5 et 10 millions d’euros ont estimé les industriels. Pourquoi ne pas consacrer cet argent à financer ces petits clubs ?

Comment expliquez-vous le fossé entre l’ Equipe de France et la Nouvelle-Zélande ?

La force néo-zélandaise, c’est que les éducateurs sont bons. Nos écoles de rugby ne peuvent plus être des garderies. Dan Carter m’a expliqué que là-bas, entre 7 ans et 18 ans, c’est 4 heures de rugby par jour. Il faut arrêter de penser qu’on est moins bons par nature. Si les néos sont bons, c’est qu’ils ont une vraie politique sportive. Avec l’accessibilité au haut niveau avec les meilleurs éducateurs qui sont chez les jeunes. Les Ali Williams, Carl Hayman, ils savent tout faire. Et nous, chez les internationaux, on constate des lacunes !Les blacks sont mieux formés dés l’enfance, c’est pour cela qu’ils gagnent et qu’on ne gagne pas.

Source: lamarseillaise.fr