Interrogé dans les colonnes du Parisien, le manager Toulonnais Bernard Laporte a évoqué la saison à venir, l’équipe de France et sa présentation à la Fédération Française de Rugby. Extrait:

Quelle serait une saison réussie pour vous désormais ?

Avec la concurrence qu’il y a, on réussit quand on atteint les demi-finales du Top 14 et de la Coupe d’Europe. Si on gagne un titre, c’est une saison aboutie.

N’y a t’il pas un risque de décompression quand on a tout gagné ?

Un relâchement est toujours possible bien sûr, je ne suis pas dans l’inconscient de tout le monde. Mon rôle c’est d’inciter les joueurs à aller chercher des émotions, construire des histoires, leur transmettre le sens du travail et le goût de la réussite. On en parle tout le temps entre nous. Ce sont des garçons intelligents.

Donc vous n’avez pas de crainte…

Il faut être vigilant. Mais si on est là à dire attention, attention, on communique du stress. Quand on se lève le matin, si on a peur, on ne fait rien. Il faut parler des choses mais ne pas être dans le négatif. Tout peut arriver, mais à Toulon, on ne craint rien.

Le retrait de Jonny Wilkinson ne va-t’il pas peser lourd ?

Dire que l’on peut se passer facilement de lui serait prétentieux. Frédéric Michalak et Matt Giteau ont la lourde tâche de le remplacer et Carl Hayman a repris ses galons de capitaine. Je parle beaucoup avec eux. Jonny, c’était un modèle, un exemple. Le fait qu’il reste dans le staff est une excellente chose. La passation de pouvoir se fera ainsi en douceur.

Quels seront vos plus sérieux concurrents ?

Toulouse et le Racing, Clermont aussi et Montpellier. Dix clubs peuvent gagner le championnat, mais la plupart ne se consacrent vraiment qu’à une compétition. C’est autre chose d’être performant dans les deux. La Coupe d’Europe, c’est trop dur.

Toulon dérange-t’il les institutions ?

Je ne vois pas pourquoi. Tout le monde devrait se réjouir qu’un club français soit sacré champion d’Europe.

Les nouvelles sanctions financières infligées par la Ligue Nationale en cas de dérapages verbaux semblent vous viser…

Je suis d’accord pour ne pas nuire à l’image du rugby. Je ne l’ai pas toujours fait, je le reconnais. J’en ai pris acte. Mais ça me fait un peu sourire quand même.

Il y a aussi votre candidature à la présidence de la Fédération, vos sorties sur le XV de France…

Je n’ai rien contre Pierre Camou. Je n’ai rien contre personne. Je suis contre le système. Ça fait 50 ans qu’il n’y a qu’une liste lors de l’élection. Je veux qu’il y ait de la démocratie dans notre sport. Si Pierre a réagi, tant mieux ! C’est fait pour ça, pour qu’il y ait un débat d’idées. Personne n’ose ouvrir la bouche dans ce milieu. L’équipe de France est triste, elle a de mauvais résultats et tout le monde se tait. Il n’y a pas d’opposition, c’est incroyable !