Aurélien Rougerie évoque la finale Européenne à venir
Aurélien Rougerie évoque la finale Européenne à venir
Le mardi 28 avril 2015 à 10:49 par David Demri
0 Commentaire
Publicité
Aurélien Rougerie, figure emblématique de Clermont, savoure une campagne européenne, qu’il sait être l’une des dernières.
Mardi dernier, dans un stade Marcel-Michelin baigné de soleil, Aurélien Rougerie (34 ans, 76 sél. ) prend place sur les confortables fauteuils du banc de touche clermontois. Une place qui est désormais la sienne aussi lors des gros matches de l’ASM. Qu’importe, le centre ou ailier international, à qui il reste un an de contrat avec l’ASM, semble prendre plus de plaisir que jamais. Ce sera son moteur samedi face à Toulon en finale de Coupe d’Europe, bien plus qu’un quelconque sentiment de revanche, deux ans après la finale perdue à Dublin (15-16). « Sur de la rancoeur, on va y arriver un quart d’heure, vingt minutes, mais on ne construit rien là-dessus », dit-il.
« On vous a vu vivre la demi-finale de Coupe d’Europe à Saint-Étienne, il y a dix jours, contre les Saracens (13-9), très intensément, sur le banc des remplaçants…
– Juste après le match, j’ai dit aux gars : “Déjà que je me ronge les ongles (il montre ses doigts) , j e vais bientôt arriver au bras, il est temps que ça s’arrête !”Nerveusement, c’est dur. Quand t’es supporter, t’as les chants, les couleurs, tout ça, c’est super ! Mais quand t’es remplaçant, tu sais ce que ton partenaire est en train de vivre, alors pendant une action, tu te penches sur le côté comme pour faire le geste, tu veux donner des conseils… Bon, je vais doucement m’habituer, prendre un peu de recul.
À la fin du match, vous vous êtes précipité dans les bras d’un vieux monsieur, dans les travées de Geoffroy-Guichard. Qui était-ce ?
– Bernard Chevallier (*), “Dada” ! (il s’emballe). C’est énorme ! Il a quatre-vingt-dix ans (il les aura le 7 décembre), et il est là, youhou, derrière les poteaux, avec les Ultras ! (Il sourit.) Qu’est-ce que tu veux rajouter à ça ? Le résumé, il est là ! On partage pas mal de moments avec les anciens, non pas parce que je me rapproche de plus en plus d’en être un (sourire), mais parce que je suis intimement persuadé que l’histoire du club doit être chevillée au corps de tous les mecs. Tous les jeunes qui viennent, il faudrait qu’ils les connaissent tous, qu’ils aient cette culture. Et là, de voir ça, “Dada” dans les tribunes, avec les yeux tout rouges…
Vous êtes une figure historique de l’ASM, en équipe première depuis 1999, capitaine jusqu’à la saison dernière. C’est difficile d’accepter de participer à cette phase finale sans être titulaire, alors que vous étiez de toutes les finales depuis 2001 ?
– Non ! Bien sûr qu’on a envie de jouer ce genre de matches, c’est pour ça qu’on travaille toute l’année, mais les saisons sont tellement longues, exigeantes, âpres… C’est difficile d’être en forme tout le temps. J’ai dit à Franck (Azéma, l’entraîneur) qu’il fallait absolument respecter le groupe en disant que c’est l’homme en forme qui doit avoir la priorité sur les matches, quel que soit son statut.
« ON PEUT COMPARER ÇA À LA NAISSANCE DE SON PREMIER ENFANT, SON MARIAGE »
On peut quand même avoir un rôle quand on est remplaçant ?
– Contre les Saracens, avec les autres joueurs du banc(Morgan Parra et Camille Lopez, notamment), on a essayé de filtrer ce qu’on voyait sur le terrain pour être le plus pertinents possible à la mi-temps et donner deux ou trois solutions à ceux qui jouaient. Quand on est immergé dans le truc, il y a des choses qu’on ne voit pas toujours. On leur a parlé du petit coup de pied par-dessus et ça a très bien marché ! Mais ce sont les joueurs sur le terrain qu’il faut féliciter, parce que l’exécution de Brock (James) est parfaite sur le coup de pied, et Wes(Fofana) fait l’effort sur la course pour récupérer le ballon (et marquer le seul essai du match). Le plus dur, c’est pas de voir, c’est de le réaliser correctement.
Ça permet quand même de se dire qu’on a joué un rôle dans la victoire ?
– Oh, moi, je n’ai pas de souci avec ça. On a joué un rôle toute la semaine, dans la préparation, déjà. Par exemple à l’entraînement, quand on est remplaçant, on pratique le jeu de notre adversaire. On a apporté notre pierre à l’édifice, on en est convaincus ! On n’a pas besoin de se soulager ou de se faire du vent sous la queue (sic) en se disant : “C’est moi qui l’ai dit, youpi !”
Avec votre expérience, est-ce que vous prenez un peu plus de poids dans le groupe dans cette période de phase finale ?
– Oui, j’essaie d’aider Damien (Chouly, le nouveau capitaine depuis le début de la saison), qui est plutôt dans l’exemple sur le terrain, plutôt taiseux, pas forcément très démonstratif, et qui n’a pas l’habitude non plus. Mais ça se fait naturellement, je ne veux pas marcher sur ses plates-bandes, on essaie d’être complémentaires et ça se passe bien.
On sent beaucoup de joueurs de Clermont portés par l’émotion, comme Julien Bonnaire (Lyon) ou Julien Pierre (Pau), qui savent qu’ils vont quitter le club à la fin de la saison…
– C’est une évidence ! On profite des moments qu’il reste parce que ce sont des moments exceptionnels. Je ne sais pas si on aura l’occasion d’en vivre des comme ça dans la vie de tous les jours, après. C’est des moments intenses, qu’on peut comparer à la naissance de son premier enfant, son mariage. C’est fort, dans une vie. Et quand on voit le bout du tunnel arriver, ça commence à peser un peu plus !
Vous en discutez entre vous ?
– Non, non, c’est enfoui, au fond. On en parle peu… Je ne sais pas si c’est le côté pudique, mais ça reste personnel.
Êtes-vous étonné de voir Julien Bonnaire au bord des larmes après la victoire contre Northampton (en quarts de finale, 37-5) ?
– Non, pas du tout ! Parce que je suis dans le même état, après, avant les matches… J’espère que les jeunes, plus tard, auront ce même genre d’émotions à partager et que ça ne tombera pas dans un truc trop professionnel. C’est sympa de vivre ça ensemble ! »
Source: lequipe.fr
Publicité
0 Commentaire