Le demi-de-mêlée du XV de France, Antoine Dupont s’est confié via Sud Radio pour évoquer la question de l’argent dans le rugby.

Ce-dernier n’a pas caché que l’argent reste un sujet tabou en France.

Il pense cependant que les joueurs de rugby devraient gagner davantage d’argent.

Selon lui, le Salary Cap imposé par la Ligue Nationale de Rugby est un non sens car les clubs ne peuvent pas recruter les joueurs qu’ils souhaitent et se retrouvent souvent avec un effectif assez limité.

Conséquence directe : les mêmes joueurs sont souvent utilisés par les staff ce qui provoque des blessures et des cadences infernales pour les joueurs.

Antoine Dupont s’exprime ci-dessous :

« L’argent est un tabou. Dans le vestiaire, on sait tous plus ou moins combien gagnent les joueurs, mais c’est quand même assez tabou. On est loin encore des standards du foot où tous les salaires sont dévoilés dans la presse. Je ne trouve pas cela saint non plus. C’est aussi Français d’avoir ce tabou sur l’argent.

Je pense que sans se rapprocher du foot, l’économie du rugby pourrait être plus importante que ce qu’elle est aujourd’hui. Mais les dirigeants n’ont pas trop envie. La sortie du Covid a été difficile à vivre pour les clubs et une baisse du salary cap a été votée. On sent bien qu’il y a une volonté de la part des dirigeants que les joueurs ne gagnent pas trop d’argent. Quelles sont les raisons ? Il faudra leur demander à eux ! 

Il y a pas mal de règles dont notamment le Salary Cap que nous avons du mal à comprendre et qui se veulent très strictes. On dit aussi que le rugby doit rester dans un milieu familial, avec de la solidarité. On a peur des déviances que peut causer l’argent. On échange souvent sur cela entre joueurs car on sait que tous les clubs sont soumis au Salary Cap et qu’ils sont au taquet. On est obligé d’avoir des effectifs étoffés étant donné le nombre de matches par saison. Il faut pouvoir recruter des joueurs mais le Salary Cap ne le permet pas donc on use toujours les mêmes joueurs et on a toujours les mêmes problèmes de blessures, de rythme et de cadence infernale.

Je me concentre sur le terrain mais tout n’est pas forcément mis en place pour qu’on le soit. »

Yoann Huget a réagi par rapport aux propos d’Antoine Dupont. Extrait:

« Antoine est un garçon assez stabilisant. Il va droit au but. Quand il est arrivé à Toulouse, il voulait changer les heures des entrainements et il a réussi. Dès qu’on se levait trop tôt et qu’il avait besoin de dormir… Au fur et à mesure il dit ce qu’il pense, des choses vraies, et il ne fait pas de polémique. Il assume et il pose ses convictions avec ses intentions et c’est dans le bien être et la bienveillance pour tout le monde. On joue trop c’est vrai, mais ça fait combien d’années qu’on dit que ça joue trop ? Combien d’années ça fait qu’on dit que le Salary Cap bloque les clubs ? On entend tout, mais aujourd’hui, il faut préserver la santé des joueurs et Antoine Dupont parle surtout pour la santé des joueurs car ils ont besoin de souffler.

Antoine Dupont est un garçon qui est épuisé et il ne prend plus de plaisir à enchaîner les matches avec le XV de France et Toulouse. Sa tête avait du mal à suivre. Ce qu’il dit, il le pense et il le pèse. Il va au bout de ses idées et c’est ce que j’aime chez lui. »

Philippe Spanghero réagit à son tour. Extrait:

« Il n’y a pas beaucoup plus d’argent disponible pour payer les joueurs beaucoup plus que ce qu’ils gagnent aujourd’hui. Par contre, certaines règles posent problème et doivent être revues dans le temps, notamment les contrats d’image individuelle. Les grands joueurs tels que Dupont et Ntamack ont des partenaires qui doivent les prendre comme contrat d’image individuelle. Mais le grand public ne sait pas trop : comme il y a eu beaucoup d’abus sur le détournement du salary cap, le salary cap manager a mis en place une règle très stricte : on considère que toute relation directe entre un joueur et un partenaire du club est considéré comme un salaire déguisé et rentre dans le salary cap et est soumis à charge. C’est ce qu’il conteste et il a raison de le contester. Si demain Mercedes décidait d’acheter l’image d’Antoine Dupont, il aurait le droit, alors que Peugeot qui est partenaire du Stade-Toulousain depuis 30 ans, n’aurait pas le droit. En fait, aujourd’hui, pour ces joueurs-là, ces sujets du droit à l’image individuelle devient un vrai enjeu et ça bloque les joueurs de pouvoir tirer profit de l’environnement du club. Pour les autres joueurs, les salaires sont les plus élevés déjà. »