Lors d’un entretien accordé au Midi Olympique, le nouveau pilier Toulonnais Alexandre Menini évoque son arrivée au RCT et le changement radical de sa situation après avoir connu un début de saison très compliqué avec Biarritz.

Ainsi, Alexandre Menini est conscient de la chance qu’il a d’avoir été approché par le Rugby Club Toulonnais alors que son club, le Biarritz Olympique retournera l’année prochaine en Pro D2. Par ailleurs, il vit un véritable rêve, week-end après week-end, en jouant dans de grands stades tels que Chaban-Delmas, Montjuic, le Vélodrome ou encore l’Allianz Riviera de Nice ce samedi. Extrait:

Dimanche dernier, vous avez effectué face au Munster, vos premiers pas européens. N’avez-vous pas l’impression que votre carrière a pris un sacré coup d’accélérateur depuis que vous avez signé à Toulon ?

C’est le moins que l’on puisse dire. Jusqu’alors, j’avais surtout bourlingué en Pro D2. Et, l’été dernier, quand je signe à Biarritz, mon objectif était de découvrir et de m’installer le plus longtemps possible en Top 14. Seulement, avec la saison que nous avons effectué avec le BO, je m’apprêtais à retourner très vite en Pro D2. J’avais même un sentiment d’inachevé. Alors, quand la chance de signer au RCT s’est présentée à moi, je n’ai pas hésité une seconde. Toulon fait partie de ces clubs qui ne se refusent pas. Pourtant, on ne m’avait rien promis. Je me suis dit que, malgré un temps de jeu peut-être réduit en raison de la concurrence, j’aurais beaucoup à apprendre de ce nouvel environnement, en pouvant m’entraîner avec autant de joueurs reconnus.

Depuis deux ans vous étiez habitué à perdre. Quel parfum a la victoire retrouvée ?

Disons qu’entre l’année de Mont-de-Marsan dans l’élite et mes neuf mois à Biarritz, je dois avoir en tout et pour tout quatre victoires en une quarantaine de participations à des rencontres de Top 14. Là, je bats tous mes records : trois matchs, trois victoires. Effectivement, cela faisait très longtemps que cela ne m’était pas arrivé. Et cela change tout mentalement.

Quoi, concrètement ?

À Toulon, à l’entraînement, tout le monde est à 100 % au boulot. C’est la différence avec les très grands joueurs. Une fois qu’ils sont sur la pelouse, ils ne sont pas là pour rigoler mais pour travailler. Pas de place pour la plaisanterie. Avec eux, tu ne dois pas rater ta passe ou ton soutien. Le niveau d’exigence est très au-dessus de ce j’ai connu ailleurs. Mais ce sérieux n’empêche pas une vie de groupe. Et là, il n’y a pas de secret, quel que soit le niveau de compétition, les victoires favorisent l’ambiance. Quand tu gagnes, les mecs se retrouvent toujours plus facilement en dehors.

Comment s’est déroulée votre intégration ?

Facile et rapide, même si je ne connaissais personne. Bon, j’ai pour moi une bonne maîtrise de l’anglais, ce qui est indispensable au RCT. Mais à part Jocelino Suta, je n’avais jamais croisé les autres joueurs. J’avais donc une certaine appréhension. Je suis arrivé au club le week-end de France – Irlande et alors que je n’avais pas effectué le moindre entraînement, Matt Giteau et Drew Mitchell m’ont invité à voir le match chez eux en compagnie d’autres joueurs. Des Fernandez Lobbe, Wilkinson, malgré leur CV, font tout pour que l’on se sente bien. Bastareaud a aussi beaucoup compté dans mon intégration. Du coup, au bout de quinze jours, j’étais considéré comme n’importe quel autre joueur du groupe.

Quels sont vos objectifs personnels ?

Je suis un compétiteur, et je veux obtenir le plus grand temps de jeu possible… mais les autres piliers gauche doivent avoir le même objectif. Depuis trois matchs, avec Xavier Chiocci, on se partage les rencontres. C’est très bien, surtout avec les échéances
qui arrivent. 

Face au Stade français, Toulon jouera pour s’éviter un match de plus…

Exactement. Dans le discours des joueurs, j’ai compris qu’il y a la volonté de ne pas casser la dynamique mise en place. Il faut gagner, toujours. Ici, tu ressens vraiment la culture de la victoire que peuvent avoir les Hayman, Fernandez Lobbe, Armitage, Wikinson et autres Giteau. Pour moi, c’est nouveau ! J’étais habitué à préparer les rencontres pour simplement essayer de ne pas perdre et, maintenant, je les prépare dans le seul et unique but de gagner. Cela change tout ! 

Après Marseille vous jouerez à Nice, dans dans un autre grand stade. Cela donne une dimension supplémentaire à ces rendez-vous…

Je dois avoir une bonne étoile au-dessus de la tête : je commence par jouer face à Bordeaux-Bègles devant 35 000 personnes, puis Perpignan à Barcelone, puis au Vélodrome contre le Munster, devant 40 000 personnes. Et maintenant l’Allianz Riviera de Nice, avant de découvrir le Millennium de Cardiff en finale de H Cup… Je n’aurai qu’un regret : ne pas connaître, en cette fin de saison, un match à domicile à Mayol. Mais bon, s’il y a un titre au bout de l’aventure, je serai comblé et je pourrai attendre.

Un titre, pas le doublé ? Plusieurs de vos partenaires osent parler de possible double titre H Cup – Top 14 ?

Eux peuvent le faire, pas moi. Je viens de débarquer au RCT, je ne vais pas commencer à tenir ce genre de discours, à fanfaronner… Disons que d’un point de vue personnel, j’ai des rêves et on verra bien ce qui arrive.

On parle de vous pour une sélection avec le XV de France, ou l’Italie. Vous avez le choix…

Surtout pas. Je n’ose même pas me poser la question d’une possible sélection… Je n’ai plus 20 ans, et je sais d’où je viens. De mon petit village de Moselle, il n’était pas évident de devenir rugbyman professionnel et encore plus difficile d’imaginer évoluer un jour Top 14. Alors l’équipe de France… Avez-vous vu mon parcours ? J’ai connu des moments difficiles, j’ai pas mal bourlingué alors même si tout va très vite, je sais que ça peut s’arrêter brusquement. Il ne faut pas que je me laisse parasiter par de tels sujets.

Entre la France et l’Italie, votre coeur balance ?

Mes parents sont d’origine italienne, j’ai depuis toujours la double nationalité… Je vous le répète, je refuse de me projeter. Il y a trois mois encore, je luttais pour le maintien. Là, je vais peut-être jouer une finale de H Cup. Je ne dois penser qu’à ça.