« PARACÉTAMOL or not paracétamol ? » À l’exception d’un doute sur l’état de l’épaule droite de l’arrière gallois Leigh Halfpenny, sorti à la mi-temps, c’est à peu près la seule interrogation qu’aura ramenée Toulon de ce fructueux retour en Isère. Mourad Boudjellal :« Bernard (Laporte) avait dit aux joueurs qu’il voulait avoir besoin de Doliprane en sortant du match. » Sous-entendu pour soigner le mal de crâne causé par des choix difficiles à faire avant la demi-finale de Coupe d’Europe face au Leinster, dimanche prochain, à Marseille. « Je pense qu’on va être obligés d’arrêter le bus à une pharmacie  », s’amusait le président du RCT, guilleret au sortir de la démonstration de force et de maîtrise qui permet aux Toulonnais se s’installer confortablement en tête du Top 14. « Du Doliprane peut- être pas, tempéra un Bernard Laporte très serein, mais c’est vrai qu’on avait laissé sept joueurs à la maison et que certains ont marqué des points, malgré un contexte jamais évident dans un match coincé entre un quart et une demie de Coupe d’Europe ».

On n’ira pas jusqu’à avancer que c’est grâce à son équipe B que Toulon a remporté hier sa première deuxième période depuis deux mois (12-10 pour faire passer le score de 23-14 à 35-24), mais son cinq de devant totalement renouvelé d’une semaine à l’autre n’y est sûrement pas pour rien si les champions de France ont dominé en mêlée tout du long et bravement contrôlé l’affaire au long d’une seconde mi-temps où Grenoble eut toutes les peines du monde à les déstabiliser près de leur ligne.

« L’important, c’était de gagner le match mais quand tu gagnes les deux mi-temps, c’est tout de même plus facile, résumait Juan Fernandez Lobbe, avec bon sens.Et puis ça veut surtout dire qu’à l’approche des phases finales, on est sur une bonne dynamique, qu’on est capables de s’envoyer à 100 % pour le type d’à-côté jusqu’au bout. »

MICHALAK DE PLUS EN PLUS À L’AISE

En dehors des deux entames de mi-temps, la démonstration de solidarité du pack toulonnais fut en effet telle qu’il fut rapidement évident que Grenoble, malgré son énorme bonne volonté offensive, ne parviendrait pas à bouger ce bloc compact d’expérience et de sang-froid défensif. D’autant plus que Grenoble, légèrement occis physiquement, manqua cruellement de précision au pied (12 points oubliés en chemin, quand Toulon réussissait un 9 sur 10). « En prime des ballons qu’ils ont gagnés en touche et en mêlée, on leur a refilé vingt-six turnovers pour nous finir », résumait le capitaine grenoblois, Fabien Gegenbacher.

Ce fut particulièrement vrai lorsque, revenu à quatre points sur un essai étincelant de Jackson Willison, Grenoble profita de l’infériorité numérique de Toulon pour empiler les fautes au sol et permettre à Frédéric Michalak et Delon Armitage d’assurer tour à tour leur part de l’héritage de Jonny Wilkinson dans l’exercice des coups de pied de réparation. Michalak, de plus en plus à l’aise dans l’animation offensive comme sur la ligne de défense, et Armitage, qui ne bouda pas un instant son plaisir à l’aile, comme autant de symboles d’un bouquet de muguet toulonnais qui reprend de l’étoffe à mesure que les jours s’allongent. À l’exception de Juan Smith, qui aurait même pu jouer hier, et de Halfpenny, tout l’effectif toulonnais est en effet sur le pont à l’heure de l’abordage. C’est tout le miracle des printemps triomphants qui vident les infirmeries et remplissent le crâne chauve du coach de choix cornéliens.

Source: lequipe.fr