Philippe Saint-André a sorti la tronçonneuse, hier soir, pour annoncer la composition du quinze de France qui tentera de laver ­l’affront du premier test (23-50) contre l’Australie, samedi, à Melbourne. Dix changements au total. « Quand on fait une performance d’aussi piètre qualité, c’est normal qu’il y ait du turn­over. » Personne ne s’attendait pourtant aux titularisations d’Alexandre Ménini et Rabah Slimani aux postes de piliers.

Ménini ? Zéro sélection en équipe de France à trente et un ans. Doublure de Xavier Chiocci à Toulon, où il a débarqué de Biarritz en cours de saison comme ­joker médical. Slimani ? Huit ­sélections en équipe de France à vingt-quatre ans, aucune titularisation. Drôles de CV pour une première face aux talentueux Wallabies.« Rabah a fait une très belle rentrée en seconde période lors du premier test, justifie PSA. Alexandre, lui, mérite de commencer par rapport à sa fin de saison (avec le RCT). »

À vrai dire, la surprise vient surtout du renvoi sur le banc des expérimentés Nicolas Mas (34 ans, 72 sél.) et Thomas Domingo (28 ans, 34 sél.). « On a ­décidé d’avoir un banc de qualité avec de la puissance et de l’ex­périence pour réussir une bonne fin de match », explique PSA. Il n’empêche. Depuis un Argen­tine-France d’il y a deux ans (23 juin 2012), Mas et/ou Domingo ont toujours démarré un match de l’équipe de France. Alors forcément on s’interroge. Sont-ils simplement victimes d’une politique de turnover des­tinée à tester un maximum de joueurs sur la tournée ? Ou paient-ils des performances récentes peu concluantes au moment où le staff tricolore s’efforce de sortir la mêlée française du ­climat de suspicion dans lequel le vice culturel de ses piliers l’a plongée ?

ORAL DE BIZUTAGE

Souvenez-vous : Domingo avait été sanctionné quatre fois en quarante minutes contre l’Irlande (20-22), lors du dernier Tournoi des Six Nations. Mas, lui, l’a été à deux reprises contre les Wallabies, samedi dernier, alors qu’il portait le brassard de capitaine. À chaque fois, la mêlée française a fini beaucoup plus fort avec ses remplaçants (Debaty et Slimani). Comme si les nouvelles règles dans ce secteur avaient redistribué les cartes.

Slimani et Ménini ont donc un joli coup à jouer. Le premier ­fréquente le groupe France depuis novembre dernier. En février dernier, son expulsion contre l’Italie dans le Tournoi (il avait échangé des coups de poing avec son vis-à-vis Rizo) ne l’avait pas empêché de revenir juste après son match de suspension contre Galles. Yannick Bru, l’entraîneur des avants, affectionne aussi ­Ménini, ce pilier capable de pousser droit et dans les règles. Le Toulonnais s’intègre aussi à une vitesse supersonique. Mardi soir, il passait son oral de bizutage. Un sketch ou un jeu qu’il peau­finait et répétait tous les soirs ­depuis une semaine. Celui des chaises musicales ?

Source: lequipe.fr