Jonny Wilkinson n’aura plus son « horrible sensation au creux de l’estomac »
Jonny Wilkinson n’aura plus son « horrible sensation au creux de l’estomac »
Le mardi 3 juin 2014 à 20:13 par David Demri
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Samedi soir, le demi d’ouverture de Toulon a conclu son immense carrière sur une victoire. Au-delà de son talent, il laissera le souvenir d’un joueur perfectionniste jusqu’à l’obsession.
De quoi demain sera-t-il fait ? Et le week-end prochain ? Jusqu’à hier soir, Jonny Wilkinson s’est toujours refusé à se poser la question de l’après rugby. Parce que depuis dix-sept ans, sa vie a été grillagée par des routines précises. Préparer le match suivant « comme s’il devait être le dernier », « être dans l’ici et le maintenant ».
« Je vais découvrir ce que cela fait de se réveiller le samedi sans avoir cette horrible sensation au creux de l’estomac, sans me demander si j’ai fait tout ce qu’il fallait. Je suppose que ce n’est pas forcément désagréable », confiait-il au soir de la victoire de Toulon sur les Saracens en finale de la Coupe d’Europe avec ce sens de la litote et de l’autodérision très anglais.
Derrière le trait d’humour, il y avait dans cet aveu beaucoup de vérité. De Jonny Wilkinson, on connaît le bourreau de travail, capable de s’infliger des séances d’entraînement interminables, par tous les temps, en solitaire avec son sac de ballons. Il a plus rarement parlé de cette anxiété qui le ronge depuis l’enfance. Dans sa biographie, il a raconté les crises de panique qui le saisissaient parfois dans la voiture de son père Bill lorsqu’ils étaient en route pour un match de benjamins à Farnham et qui l’amenaient à le supplier de faire demi-tour et de rentrer à la maison.
Pendant toute sa carrière, « Wilko », le buteur de glace, aura été accompagné par une peur viscérale de mal faire, par l’angoisse de décevoir ses proches et ses équipiers. Il aura fait tout ce qui était en son pouvoir pour la domestiquer, pour la cacher. Mais il lui est arrivé de craquer, comme à Toulouse en octobre dernier.
Ce n’était qu’un match « ordinaire » de Top 14 qu’il avait débuté sur le banc. Il était entré en fin de rencontre pour remplacer Frédéric Michalak. Mais durant ces vingt minutes, il allait rater deux pénalités et un drop face aux poteauxqui auraient donné la victoire à Toulon (12-13). Dans le vestiaire d’Ernest-Wallon, Wilkinson s’est alors effondré en sanglots, sous les yeux éberlués de Bernard Laporte et de ses partenaires. Inconsolable. Un enfant de 34 ans submergé par le sentiment d’avoir trahi les siens.
Si l’on évoque aujourd’hui ses failles gigantesques, c’est pour mieux mettre en lumière les trésors de ténacité que recèle cette personnalité torturée, fascinante. « Pour qu’un athlète réussisse à atteindre le sommet de sa discipline, il faut trois facteurs », affirme Dave Alred, son mentor, le coach qui lui a appris à buter. « L’attitude, la volonté et le talent. Le talent n’arrive qu’en troisième. Du point de vue de l’attitude et la volonté, Jonny était exceptionnel. C’est ce qui lui a permis de maximiser son talent ».
Ce qu’il y a de plus remarquable dans l’itinéraire de Wilkinson, ce n’est pas la route rectiligne qui l’a conduit jusqu’à ce drop victorieux en finale de la Coupe du monde en 2003. C’est l’après, c’est la manière dont il a surmonté de 2004 à 2008 une impressionnante succession de blessures aux cervicales, aux genoux, aux reins. Beaucoup auraient renoncé. Pas lui.
« Après sa dernière opération en 2008, on s’est aperçu qu’une partie de ses problèmes étaient liés à une hyper extension de son genou au moment de la frappe, a raconté Alred au “Sunday Times”. Jonny est venu me voir. Il fallait que je lui explique qu’on allait devoir complètement reconstruire son coup de pied. J’avais peur de sa réaction. Je pensais qu’il lui faudrait du temps pour digérer ce que je lui disais. Il m’a juste répondu : “Quand est-ce qu’on commence ?” »
Toulon lui aura donc offert pendant cinq ans une deuxième carrière, « une renaissance », affirmait-il vendredi. Il l’aura conclue en apothéose, en soulevant le Bouclier. Il lui reste à trouver la paix. C’est un autre match.
Source: Sudouest.fr
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On comprend mieux certaines choses 🙂
Il est … et restera un sacré bonhomme :yes:
Merci jonny
Quel personnage fascinant quand même !!
Moi j’arrive pas a mis faire a sa retraite , il va grave nous manquer Sir Jonny Wilkinson !!!!!
BON VENT A TOI ET QUE LA SUITE SOIT ENCORE PLUS BELLE ….. MERCI POUR TOUT C MATCH OU JE ME SUIS EMERVEILLER A T VOIR JOUER ….SNIF
Moi je me réjouis de l’avoir vu des dizaines, des dizaines et des dizaines de fois jouer à Mayol, d’avoir pu le côtoyer car dans le monde, des milliers de personnes auraient aimé être une seconde à notre place…
je suis agréablement surpris par la qualité des articles de Sud-Ouest, à des années-lumière du moisi merdol…
Bande de frères
Cette histoire, l’amoureux du sport et du rugby
l’apprendra à son fils, qui en ce jour de la Sainte Visitation ne reviendra jamais.
A compter de ce jour jusqu’à la fin du monde sans que de nous on se souvienne, de nous, cette poignée, cette bande de frères.
Car quiconque aujourd’hui verse sa sueur avec moi sera mon frère; si humble qu’il soit, ce jour anoblira sa condition.
Et les rugbymen Français aujourd’hui devant leur télé, se tiendront pour maudits de ne pas s’être trouvés ici, et compteront leur courage pour rien quand parleront, ceux qui auront combattu avec nous le jour de la Sainte Visitation.
à WILKO
Ben moi je l aurai a nouveau cette sensation dan le ventre en voyant michalak butter lol …
j’ai enfin l’explication de sa façon de taper dans le ballon qui lui a fait perdre de la puissance mais pas de la précision :chic:
« hyper extension du genou » ça ajoute encore à sa formidable performance :yes:
chapeau jonny :yes: :yes: :yes:
Hello,
Je cherchais de l’info sur Sir Jonny et j’ai pu constaté qu’en plus d’être perfectionniste (ça va lui manquer), il a sacrément marqué l’équipe nationale en fait : http://www.equipes-de-france.fr/jonny-wilkinson-bourreau-lequipe-france-rugby.html
Bon vent Jonny !
D’ailleurs c’est quand le jubilé ?