Jonny Wilkinson tire sa révérence de la plus belle des manières
Jonny Wilkinson tire sa révérence de la plus belle des manières
Le lundi 2 juin 2014 à 11:07 par David Demri
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Jonny Wilkinson n’est désormais plus un joueur de Toulon. Mais il est pour l’éternité adulé par une ville qui ne lui ressemble pas.
À la tombée du soir , lorsque les Toulonnais passaient devant le stade Mayol, boulevard de Strasbourg, et qu’ils voyaient l’enceinte éclairée alors ils se disaient : « C’est Jonny qui s’entraîne ». Peut-être s’agit-il des employés municipaux qui réparent un projecteur, peu importe, le peuple de Toulon sait que soir et matin Jonny veillait sur leur destin en travaillant plus que de raison. Il est arrivé à Toulon au début de la saison 2009 alors qu’il n’était que l’ombre du grand joueur qu’il fut, le corps perclus de blessures… Mais le supporter toulonnais a toujours eu le respect du grand joueur. On se souvient de la venue du grand Agen des gros pardessus dans les années 1980, club alors honni sur la Rade, ehbien, Philippe Sella était toujours chaudement applaudi à sa descente du bus. Au fond, les Toulonnais aiment les hommes qui se dépouillent sur le terrain. Et avant d’être un grand demi d’ouverture, Wilkinson est un joueur qui livre sa vérité quatre-vingts minutes durant. Ils n’ont, par exemple, rien retenu de Victor Matfield ni d’Anton Oliver, immenses joueurs mais qui ne semblaient pas totalement disposés à laisser une clavicule pour le maillot rouge et noir. Jonny si. Mais bien entendu, cette seule qualité ne suffit pas.
Il n’en va pas non plus de la proximité, Jonny ne vient presque jamais à Toulon, sinon pour les matches. Il vit reclus dans une villa sur les hauteurs de Bandol, tout proche du célèbre domaine de Pibarnon. Il en part à l’aube, traverse Toulon comme un fantôme pour rejoindre le centre d’entraînement au stade de Berg, là-bas, de l’autre côté de la ville. Et puis le soir, après ses gestes répétés mille fois, il repart à Bandol, dans une maison étonnamment en bazar pour un rugbyman si méticuleux. Il est à ce point agoraphobe, qu’il craint tout regard posé sur sa personne. En fait, il déteste être distingué du reste des hommes alors même qu’il ne refuse jamais un autographe. Il peut signer avec une immense patience des photos aux gamins, mais fuit les lieux publics, les restaurants…. Et ça, les Toulonnais l’ont parfaitement compris. Ils respectent sa pudeur.
Jonny Wilkinson est ainsi rentré dans leur vie non pas parce qu’il leur ressemble mais justement parce qu’il leur est en tout point éloigné. Les Toulonnais parlent fort, ont la chemise ouverte sur un poitrail fourni quand Jonny est tout de retenue janséniste et de boutons fermés. Et c’est justement parce qu’ils sont intimidés par cette austérité qui n’est pas leur, que les gens de Carqueiranne, du Mourillon et de Besagne vouent à l’homme une profonde admiration.
JONNY EST LE MONUMENT QU’ILS N’ONT PAS
Oui, ce n’est pas uniquement pour ses talents de buteur, pour son leadership sur un groupe et sa faculté à le faire gagner. C’est aussi et surtout pour l’image qu’il renvoie d’eux-mêmes. Un champion modèle d’une ville qui se vit comme une mal aimée, entre Aix l’universitaire, Marseille la marchande et Nice l’opulente. Jonny est le monument qu’ils n’ont pas. Ce qui n’était pas évident, lui emblématique sujet de Sa Majesté, dans une ville où l’on a sabordé la flotte au lieu de la livrer aux Anglais. Lorsqu’il est revenu du Tournoi des Six Nations 2010 qui s’était mal passé pour lui avec l’équipe d’Angleterre, il y avait une banderole dans Mayol : « Welcome home ». Parce qu’il a su saisir quelle était l’identité de cette ville au point de devenir un « moko », toulonnais en argot provençal. « On l’a accueilli, mais il est venu vers nous », dit Malo, benjamin toulonnais, qui avait une banderole au Stade de France « Parce que Jonny ». « Quand un joueur étranger arrive quelque part, nous expliquait “Wilko” un jour, il faut qu’il ait envie d’apprendre des choses à propos de l’équipe dans laquelle il joue, de la comprendre, de s’installer dans la région, de devenir quelqu’un dans la ville. Bien sûr, il ne faut pas oublier qui on est. En revanche, c’est impossible de représenter une région, une ville sans se préoccuper de ce qu’elle est. C’est simplement de l’honnêteté. » Un soir de match où il échangeait avec les champions de France toulonnais de 1992, Delaigue, Repon toujours amis aujourd’hui, il avouait les envier : « C’est super de vivre dans la même ville, à Toulon, de vous voir régulièrement, de manger ensemble. Parce que nous, un jour, les uns et les autres qui repartiront en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, en Australie. Et les occasions de nous voir seront rares… » Leur restera alors le souvenir d’avoir été toulonnais.
LA PHRASE
« NON. LE RUGBY, C’EST POUR LES MECS QUI ONT ENVIE D’AVANCER.
Si je continue, je peux empêcher les autres d’avancer. Je vais trouver une autre façon de le faire. À Michalak, Giteau et les autres de pousser ce club et d’aller chercher plus loin. »
Jonny Wilkinson, qui gardera une licence de joueur la saison prochaine, à la question de savoir
s’il était possible de le revoir sur
un terrain de Top 14. Avant d’ajouter : « Il va falloir que j’arrive à contrôler
le monstre qui est en moi. »
ET MAINTENANT CITOYEN D’HONNEUR DE LA VILLE
JONNY WILKINSON est aujourd’hui considéré comme un vrai Toulonnais. Débarqué sur la Rade en 2009, il y restera une fois sa carrière de joueur terminée, pour intégrer le staff du RCT mais aussi parce qu’il se plaît beaucoup dans la région, et qu’il compte bien rester installé dans sa villa de Bandol.
Il est même maintenant vraiment chez lui à Toulon puisqu’il a été nommé hier soir citoyen d’honneur de la ville. Le maire de Toulon, Hubert Falco, l’a en effet honoré lors d’une cérémonie officielle place de la liberté, à la mairie, en marge de la présentation du bouclier de Brennus au peuple varois.
SON PALMARÈS :
champion du monde (2003), Tournoi des Six Nations (2000, 2001, 2003 [GC], 2011), champion d’Angleterre (1998), Coupe d’Angleterre (2001, 2004), champion d’Europe (2013, 2014), champion de France (2014)
Deux tournées avec les Lions britanniques et irlandais (2001, 2005)
Participations à la Coupe du monde : 4 (1999, 2003, 2007, 2011).
91 SÉLECTIONS
1 179 points (6 E, 239 P, 36 D, 162 T).
Première sélection : Angleterre-Irlande (35-17), le 4 avril 1998, à Twickenham.
Dernière sélection : Angleterre-France (12-19), le 8 octobre 2011, à Auckland.
CLUBS
Newcastle (1997-2009), Toulon (depuis 2009).
WILKINSON À TOULON, C’EST
141 matches disputés
3 titres : deux Coupes d’Europe et un bouclier de Brennus
2055 points inscrits, soit une moyenne de 14,5 par match
76 % de réussite dans les tirs au but
511 plaquages
ET AUSSI…
36 drops marqués en match international, le record (devant l’Argentin Hugo Porta, 28)
255 pénalités marquées en match international, là aussi un record, à égalité avec Daniel Carter
650 points marqués à Twickenham, son jardin. Aucun joueur n’a inscrit plus de points dans le même stade.
0 carton dans toute sa carrière, en 298 matches officiels
21 points marqués en finale de Coupe du monde. Il est le seul à avoir marqué lors de deux finales, en 2003 (15) et en 2007 (6).
Source: lequipe.fr
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5 Commentaires
Rien qu’en lisant ça « À la tombée du soir , lorsque les Toulonnais passaient devant le stade Mayol, boulevard de Strasbourg » tu sais que tu vas lire des conneries.
Et finalement non, malgré les trémolos dans le papier, c’est assez juste
420 matchs *
Le plus fort dans son palmarès, c’est quand même 0 carton, avec les cartouches qu’il met à chaque plaquage !
Quel beau champion et surtout que bonhomme honnête jusqu’au bout des ongles et hyper respectueux pour Michalak et Giteau; en clair, il s’efface pour les laisser s’exprimer; lui étant arrivé au sommet de ce qu’il peut faire et ne pouvant plus physiquement apporter plus. Bravo JONNY
0 carton dans toute sa carrière, c’est cela qu’il faut afficher dans tous les vestiaires et on pourrait mettre rajouter 0 brutalité!!!voilà vraiment l’HOMME