Rugby, H Cup
Toulon en mode commando
Par Arnaud Coudry, 21-05-2014 Le Figaro.fr

Le club varois a tout mis de son côté pour gérer au mieux l’enchaînement des finales de la H Cup et du Top 14. Quinze jours pour tout gagner. Et entrer dans l’histoire.

Focalisés sur cet incroyable doublé. A peine qualifiés pour la finale du Top 14 où ils retrouveront, comme l’an dernier, Castres, les Toulonnais se projetaient déjà vers la finale de la H Cup, samedi, face aux Saracens. Cryothérapie pour récupérer et programme déjà établi : retour à Toulon dès samedi midi, point presse lundi, entraînements puis départ pour Cardiff jeudi. Tout est réglé comme du papier à musique. Principale erreur retenue de la saison dernière : privilégier la récupération physique. Pour gérer au mieux cette dernière ligne droite, un spécialiste de la récupération, Paul Stridgeon (ancien préparateur physique des Lions britanniques et irlandais et du XV de la Rose) a été recruté.

Écrire l’histoire
La saison dernière, la demi-finale du Top 14 s’intercalait entre la finale de H Cup et celle de championnat. Les joueurs étaient redescendus sur la Rade, après avoir remporté le titre européen et battu Toulouse en demi. Cette année, les deux finales s’enchaînent. Quinze jours pour tout donner. En mode commando. Les Varois ne regagneront pas leurs pénates avant d’affronter les Castrais, pour la revanche de l’an dernier, au Stade de France. Pas question d’évoquer, cette fois, un quelconque relâchement. Jeudi, ils rejoignent le pays de Galles et ils y resteront jusqu’à mardi prochain, avant de venir en Ile-de-France. «On a bataillé toute la saison pour s’offrir cette occasion. On est à 160 minutes d’écrire l’histoire, avance l’ailier star, Bryan Habana. Il faut être préparé mentalement, savoir où on veut aller, être prêt à se sacrifier.»

Deux raisons à ce programme spécial : s’éviter de longs déplacements et, surtout, s’éloigner au maximum de la ferveur du peuple toulonnais. Les festivités n’auront lieu qu’une fois le sprint terminé. Dans sa quête d’un historique doublé (Toulouse l’a fait en 1996 mais les clubs anglais étaient absents), le RCT entend mettre toutes les chances de son côté. Ne rien laisser au hasard.

Les Rouge et Noir commencent, aussi, à connaître la musique. Incroyable régularité au haut niveau. A la fin de la saison 2013-2014, ils auront disputé six finales en trois ans : Challenge européen 2012 contre Biarritz, H Cup 2013 et 2014, ainsi que les trois dernières finales du Top 14. Clermont, sous les ordres de Vern Cotter, a eu besoin de disputer trois finales en championnat (contre le Stade Français, Toulouse et Perpignan) pour remporter la quatrième face à l’Usap. Toulon a décroché la coupe d’Europe lors de sa deuxième participation aux joutes européennes.

Osmose
«Le fait d’avoir pris part aux deux finales lors de notre première saison en commun, avec un effectif qui n’était pas du tout le même qu’aujourd’hui (sans D. Armitage, A. Williams, J. Smith, Habana, Mitchell…), a donné de la confiance, a confié Bernard Laporte à La Provence. Cette équipe en manquait quand j’ai pris les manettes. Je disais aux joueurs : «Vous vous rendez compte ? Si on évolue à notre niveau, on sera vraiment difficile à battre !» Alors, c’est vrai, notre groupe n’avait pas non plus la même dimension et la même densité. On a donc entrepris un recrutement en conséquence. Ce n’est pas tout. L’osmose entre les joueurs est essentielle.»

Tous sont focalisés sur le même objectif. «On a des joueurs expérimentés, des leaders comme Jonny (Wilkinson) ou Matt (Giteau), pour nous guider, poursuit Bryan Habana. Peu importe d’où on vient, ce qu’on a gagné auparavant, on joue pour Toulon pour créer l’histoire. C’est notre moteur.» Et la grosse cylindrée est bien décidée à ne pas caler dans la dernière ligne droite.