Interrogé dans les colonnes de L’équipe, le manager Toulonnais, Bernard Laporte explique ne pas savoir s’il est bon ou pas en tant que manager général du RCT. Il affirme ne pas s’analyser mais avoue avoir eu des coups de blues après quelques défaites. Extrait:

Le RC Toulon dégage actuellement une impression de sérénité, de maîtrise. L’équipe est en forme. Et vous, ça va ?

– Oui, mais je ne sais pas si je suis bon ou mauvais. Je ne m’analyse jamais car c’est difficile. Il peut m’arriver d’avoir des coups de blues. Et j’en ai eu cette saison. Notamment après la défaite à Oyonnax (25-22, le 28 septembre). Je l’ai dit aux joueurs : “Si vous n’avez pas envie, dites-le- moi, je partirai.” J’aime bien entraîner des mecs qui ont envie. Après la défaite à Mayol contre Grenoble (21-22, le 4 janvier), j’ai aussi eu un coup de blues. Mais pas à cause des joueurs. À cause de l’arbitrage. Je ne vais pas y revenir, ils m’ont fait assez de mal, mais je ne supporte pas l’injustice.

Vous avez eu envie de tout envoyer valser ?

– Oui, oui… Je me disais comment vivre avec un arbitre qui décide de mes émotions. Ce n’est pas possible. J’ai passé l’âge. Après, en rentrant chez moi, déçu, j’ai reçu des appels de joueurs, des textos. La nuit a été difficile. Et le matin, au réveil, je me suis dit : “Si je suis un lâche, je m’en vais, si je suis quelqu’un qui respecte les joueurs, je reste.”

Revenons à la Coupe d’Europe. Avant cette demi-finale, les joueurs sont concentrés, motivés. Et vous, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

– Je le dis sans prétention aucune mais j’ai entraîné l’équipe de France pendant huit ans. Donc l’approche d’un match comme celui-là, je connais. Il n’y a pas d’excitation, mais du plaisir. L’ambiance n’est plus tout à fait la même que d’habitude. Tout le monde est sérieux, appliqué. Tout le monde veut jouer. Les petites blessures, il n’y en a plus. Pour un entraîneur, c’est du bonheur. Je m’éclate. Les mecs sont hyper réceptifs. Avant même que je parle, ils m’écoutent.

Est-ce délicat de trancher dans un effectif si riche ?

– Un entraîneur, il fait des choix. Moi, je les fais en fonction de mes convictions, de ce que je ressens. Mais je ne sais pas si ce sont les meilleurs. Seul le résultat me le dira. Après la victoire contre Perpignan (46-31), j’ai dit aux joueurs que j’avais été surpris par certains qui ont franchi un palier. Ils nous mettent dans l’embarras. Ils sont là, ils gagnent. Je vais faire des malheureux avec ceux qui ne seront pas dans le groupe.

Comment vous y prenez-vous, justement, pour éviter que cela n’entraîne des états d’âme ?

– À Toulon, la réaction des mecs qui ne sont pas dans le groupe ou dans les quinze, elle est bonne. Ils me surprennent. À leur place, je ne suis pas certain que j’aurais bien réagi. Eux, ce sont des champions, moi je ne l’étais pas. Fred Michalak, qui n’est pas dans le groupe contre le Leinster alors qu’il vient de faire deux bons matches, il a une réaction de champion.