Lors d’un long entretien accordé au Midi Olympique, le maire de Toulon, Monsieur Hubert Falco a évoqué divers sujets sur le Rugby Club Toulonnais.

Ainsi, Hubert Falco tient à expliquer qu’il ne se servira jamais du RCT à des fins personnelles, notamment pour les élections. Par ailleurs, le maire Toulonnais revient brièvement sur le choix d’agrandir Mayol et de ne pas construire un stade en périphérie de la commune.

Enfin, le maire de Toulon affirme que le RCT ne changera pas de nom et qu’il ne deviendra pas le RCT PACA. Extrait:

Les résultats d’un club peuvent-ils servir de tremplin électoral ou au contraire faire perdre une élection ?

Le rugby n’a jamais été pour moi un argument électoral. J’ai joué un rôle actif au RCT aux côtés d’André Herrero. J’ai été secrétaire de l’équipe fanion de 1978 à 1980. Quand j’ai été élu maire pour la première fois de mon village de Pignan en 1983, j’ai arrêté de m’occuper du RCT. Je n’ai jamais voulu mélanger les genres. Mon meilleur ami est André Herrero et pourtant il n’est pas du même bord politique que moi. Quand je me rends à Mayol, j’y vais avant tout en tant que grand amoureux des Rouge et Noir. Je ne me sers donc pas du RCT à des fins personnelles mais je veille avant tout à servir ses intérêts. D’ailleurs, je paie ma place comme n’importe quel autre supporter.

Mais parfois une élection comme celle du Front national à la mairie de Toulon en 1995, peut influer sur le bon fonctionnement d’un club…

C’est une période où la relation entre le club et la mairie était distendue. Le rugby n’est pas le seul domaine à avoir pâti de ce scrutin. Le robinet ne fonctionnait plus. Depuis, j’ai fait en sorte que Toulon redevienne une ville fréquentable.

Quel rôle un édile doit-il jouer dans la vie d’un club ?

Le rôle d’un maire, c’est de veiller à trouver un équilibre entre le sport pour tous et le sport d’élite. Le RCT ce n’est pas seulement l’équipe professionnelle, c’est aussi une école de rugby, des juniors ou encore des espoirs. Le RCT fait partie des associations sportives de la ville et reçoit à ce titre des subventions. Cela ne donne pas pour autant au maire un droit de regard sur les affaires du club. Ce n’est pas au premier magistrat que revient la tâche de diriger un club mais bien au président. Je suis là pour apporter des leviers de croissance au RCT comme notamment agrandir la capacité d’un stade. Le passage de 12 000 à 15 000 spectateurs à Mayol en est la parfaite illustration. Mon travail consiste également à améliorer les conditions d’entraînement. Le choix des entraîneurs et de la politique sportive ne me regarde pas.

Pourtant à Bayonne Jean Grenet n’a pas hésité à sortir de ses prérogatives et mettre son nez dans les affaires de l’Aviron…

Je ne veux surtout pas juger les uns et les autres. Je ne trouve pas ça sain qu’un maire interfère dans la vie d’un club. Si j’avais voulu continuer à m’occuper du RCT, je serai resté secrétaire de l’équipe première. Je n’aurai pas fait de la politique. En revanche pour
qu’un club soit fort, il faut que tout le pack pousse dans le même sens. Un pilier quand il est défaillant, ça se voit de suite. Un maire doit être un pilier fort.

À l’époque du professionnalisme, est-ce pertinent qu’une municipalité soit toujours propriétaire du stade ?

Être propriétaires de leurs infrastructures permet à des clubs comme Toulouse et Clermont de générer de nouveaux revenus. Toulon est étroitement lié à son stade depuis des décennies. Mayol appartient au peuple toulonnais. Il fait partie du patrimoine de la ville. À ce titre, je me dois de l’entretenir comme les 600 000 m2 d’édifices de la ville. Si un jour, un président veut faire un nouveau stade, c’est son droit. Tant que je serai maire, Mayol ne sera jamais vendu. Vous me parlez de Toulouse. Sur les deux stades, l’un appartient au Stade toulousain et l’autre, le Stadium, est à la collectivité. ll faut faire en sorte que les deux parties s’y retrouvent.

Le RCT peut-il un jour espérer avoir son propre stade ?

Nous envisageons de concert avec le RCT de porter la capacité de Mayol à 20 000 places d’ici cinq ans. Mayol, c’est là où bat le coeur de la ville. Il faut à tout prix garder cette âme. Si un jour, le RCT doit jouer dans une plaine à la Garde, il ne s’y passera rien. On allumera les lumières une heure avant et on les éteindra une heure après.

Quels sont les impacts économiques, sociaux mais aussi en termes d’image des résultats d’un club sur une ville ?

Dans ces moments où la vie est difficile, les succès du RCT n’ont pas de prix. Ils apportent du réconfort et du bonheur aux gens dans leur vie. Cela permet à la population de se rassembler. Quand 15 000 personnes se parent de rouge et noir à Mayol, il n’y a plus de différences sociales, religieuses, politiques. Le peuple toulonnais chante alors « allez les Rouge et Noir » et écoute religieusement le Pilou-Pilou. Le titre de champion d’Europe a donné un coup de fouet à la ville. Il a profondément changé la manière dont Toulon était perçu à l’extérieur. Aujourd’hui, Mayol est un monument à part entière de la ville. La première chose que font les touristes à Toulon, c’est de se faire prendre en photo devant Mayol. 

À l’image de Clermont, Biarritz et Montpellier qui ont accolé à leurs noms celui de la région, du territoire ou du département, le RCT pourrait-il devenir le RCT PACA ?

Je trouve légitime que le président du RCT cherche à élargir la zone d’influence de son club en délocalisant
certains matchs à Marseille ou à Nice ou en essayant d’obtenir un soutien de toute la région. Mais à Toulon, on ne transige pas avec l’histoire. Le RCT ne changera pas de nom.