Avant le déplacement du leader, Toulon, à Grenoble (samedi, 20h35) le président du RCT, Mourad Boudjellal, évoque la présence d’Habana sur le feuille de match, mais pas que… Convention LNR-FFR, salaire des internationaux, médiatisation du Top 14, renégociation des droits télé : les points chauds ne manquent pas.

«Mourad Boudjellal, qu’est-ce qui vous a plus, chez Bryan Habana, au point de vouloir le recruter ?
J’aime bien le genre de mec qu’on ne voit pas de toute une rencontre et qui, sur une action, va être l’homme du match. Au foot, ce serait un grand numéro neuf, à la Gerd Muller. Un sérial marqueur, que tu ne vois pas beaucoup mais qui marque un ou deux buts par match. A mon avis, il fera comme Sonny Bill Williams : premier match, premier essai… Réponse samedi, à 22h20. Ou à 23h20, en fonction des demandes vidéo (rires).

Beaucoup de Springboks, ce week-end, font l’aller et retour entre l’Afrique du sud et la France pour être alignés sur une feuille de match du Top 14… Habana, ça ne lui pose pas de problème ?
C’est même lui qui me l’avait proposé. Cette situation le gênait. S’il était venu jouer à Toulon après le Four Nations, je ne l’aurais payé qu’après le Four Nations car sa fédération n’était pas prête à le prendre en charge. Là, il a fait démarrer son contrat.

Ce n’est pas donc pas désintéressé ?
Beaucoup de Springboks ne sont pas pris en charge par leur fédération. Ils sont payés deux mois et demi par le club pour disputer le Four Nations.

Combien de spectateurs pour voir débuter Habana ?

En parlant des internationaux, les Français sont dans le flou. La convention liant la LNR à la FFR est au point mort…
C’est une problématique. Est-ce que c’est le Top 14 de l’équipe de France ou le Top 14 des clubs ? Les fédés et l’IRB n’ont pas intégré le changement. Il y a quelques années, quand un joueur était sélectionné, c’était une récompense, parce qu’on était dans le monde amateur. Aujourd’hui, les clubs et les championnats ont pris une dimension énorme, concurrentielle avec la place prise par les équipes nationales. Aujourd’hui, le rugby est dans une logique économique et commerciale. Imaginez un salarié, payé par une entreprise, à savoir son club, mais qui irait bosser pour une autre entreprise, l’équipe de France, tout en étant payé par l’entreprise dans laquelle il ne travaille pas. Ce n’est pas gérable. Dans le rugby, il y a beaucoup de gens qui parlent à la place de ceux qui règlent la fiche de salaire.

Pour rebondir sur le thème de l’argent, vous déclarez avoir fait une faveur au trésorier du FC Grenoble en choisissant d’aligner Bryan Habana sur la feuille de match, samedi,  au stade des Alpes…
J’espère que je n’ai vexé personne (sourire)… Bien sûr qu’il y a des spectateurs qui ne viendront voir que Grenoble, mais le nombre de spectateurs qui se rend au stade, à Grenoble, n’est pas toujours le même. Il se déplace aussi en fonction de l’équipe visiteuse…

L’afflux de stars dans le Championnat, cette saison, est une pierre supplémentaire jetée dans la mare de la renégociation des droits télé ?
On oublie que sans Toulon et d’autres clubs, aussi, la renégociation des droits télé ne se poserait pas aujourd’hui. Si cette renégociation est légitime, c’est parce qu’il y a eu de fortes audiences, en partie créées par des investisseurs et des joueurs étrangers. Ces joueurs vont enrichir l’ensemble des clubs du Top 14 et de la ProD2, qui pourront consacrer le nouveau montant des droits télé qui leur sera reversé à la formation des jeunes français ou à autre chose. Et si les droits télé sont renégociés à la hausse, il ne faudra pas oublier de les remercier, les étrangers (sourire)…»

Source: lequipe.fr – photo: Martial