Mathieu Bastareaud fait le point sur sa saison
Mathieu Bastareaud fait le point sur sa saison
Le mardi 2 juillet 2013 à 20:58 par David Demri
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Pour son début de séjour sur l’île, Mathieu Bastareaud a pris le temps, hier matin, de nous recevoir à son hôtel. Le joueur du RC Toulon est revenu sur sa « longue saison » qui lui a rouvert les portes de l’équipe de France, deux ans et demi après sa dernière sélection. De la Guadeloupe à la Nouvelle-Zélande en passant par Dublin ou le Stade de France, c’est un véritable tour du monde qu’a vécu le centre varois de 24 ans. Avant de se lancer dans un marathon de promotion de l’île et de s’accorder des vacances, il raconte une saison pas comme les autres.
Vous évoquiez hier soir (mardi) à votre arrivée l’envie d’un bain de mer, d’un bokit et d’un Ordinaire. C’est fait ?
Non (sourire). On va le faire tout à l’heure. Hier, on était éclaté. On enchaîne deux voyages depuis la Nouvelle-Zélande. On a mangé à la marina du Gosier puis on est rentré morts, ici.
Après une première nuit de sommeil, comment vous sentez-vous ?
Ça fait du bien. Ça fait plaisir de revenir deux ans après ma dernière visite. Ça me permet de voir la famille et de profiter du soleil, même s’il n’y en a pas trop pour l’instant. J’ai envie de me reposer et d’apprécier la chaleur.
Votre coéquipier néo-zélandais, Carl Hayman, vous avait proposé de rester en vacances chez lui, à New Plymouth.
Mais là-bas c’est l’hiver. Trois semaines dans le froid, c’est compliqué. Surtout que je vis à Toulon, où il y a du soleil, où il fait beau.
Dans quel état êtes-vous après ce long voyage depuis la Nouvelle-Zélande où vous étiez il y a peu ?
Là, je me suis levé assez tôt ce matin et je ne suis pas trop fatigué. Mais je suis content d’être ici.
D’autant que vous êtes venu avec des amis.
J’ai un ami de Guadeloupe qui n’était jamais venu. Il n’a pas vu sa grand-mère depuis vingt ans. Je veux lui faire découvrir l’île, ainsi qu’à d’autres amis qui ne la connaissent pas. Le premier truc qu’on va faire, c’est aller à la plage de Sainte-Anne puis on va se balader un maximum.
Et vous avez un programme chargé pour la promotion de l’île.
La Guadeloupe, comme tous les autres pays, a besoin de tous ses enfants pour servir son développement. Les sportifs guadeloupéens de haut niveau dont je fais partie ont le devoir citoyen de mettre leur temps, leur notoriété, leur image au profit de leur territoire. Je m’impliquerai sur les différents volets que sont la promotion de la destination « Les Îles de Guadeloupe » , les jeunes en situation de recherche d’emploi, la délinquance, le développement économique ou la santé, en allant visiter des malades. Je veux restituer au niveau international l’intérêt que je porte à mon territoire. Et bien entendu à mes amis du rugby guadeloupéen.
Votre saison s’est terminée en Nouvelle-Zélande. Comment s’est passée cette tournée ?
C’était compliqué. On était en fin de saison, donc fatigués. Et il y avait de sacrés clients en face. Mais il y a des points positifs. On a montré un état d’esprit, on était soudé et il y a quelques belles actions. Même si on a vu ce qui nous manquait.
C’est-à-dire ?
On a manqué de précision et de maîtrise. On a été naïf et on n’a pas respecté le plan du jeu.
Vous avez terminé sur une note correcte (24 – 9) après la défaite du 2e test-match (30 – 0). Est-ce un moindre mal ?
On a eu une réaction d’orgueil. C’est l’équipe de France, ce n’est pas rien. Il fallait montrer qu’on voulait se rattraper, qu’on voulait mouiller le maillot. Se prendre 30 – 0, ça fait de la peine. On avait commis beaucoup d’erreurs mais on s’était pris des essais en contre, pas des essais construits.
Et sur un plan personnel ?
Je me suis blessé dès le début. J’avais envie de jouer mais j’étais frustré même si par rapport au club, je ne voulais pas arriver blessé à la reprise. Ça a été très bien fait, très bien soigné et j’ai pu jouer des bouts de match.
Le Tournoi des 6 Nations 2013 était l’occasion d’un retour en équipe de France pour vous après une longue absence.
C est une grande victoire. Passer 2 ans et demi sans y avoir goûté, c’est dur. J’ai eu ma chance, je l’ai saisie.
En avez-vous profité pour parler avec Philippe Saint-André, le sélectionneur ?
Oui, on s’est vu mais ça appartient à lui et à moi. En tout cas, il compte sur moi.
Cette équipe de France, elle vous avait manqué ?
Forcément. Ça ne fait jamais plaisir de ne pas en faire partie. Il y a eu des hauts et des bas. Maintenant j’espère y rester le plus longtemps avec, pour objectif, la Coupe du Monde 2015, même s’il y a les tournées d’automne et d’été ainsi que le Tournoi des 6 nations entretemps. En emmenant 35 joueurs en Nouvelle-Zélande, le sélectionneur a fait une revue d’effectif
Il a mis un an pour vous convoquer. Avez-vous été inquiet ?
Non, si je n’étais pas dans l’équipe, c’est que je ne devais pas le mériter.
Quel retour faites-vous sur votre saison 2012 – 2013 ?
Elle a été très longue puisqu’elle a duré dix mois. J’ai la chance de jouer dans une équipe qui est dans le haut de tableau tous les ans. On a disputé quatre finales en deux saisons. Cette année, on a un titre de champion d’Europe (victoire 16 – 15 contre Clermont) et une finale perdue (19 – 14 ) en Top 14. Mais surtout, on efface 21 ans sans trophée. Réécrire l’histoire avec un titre européen, c’est énorme.
Quel sentiment prédomine entre la victoire en H Cup et la défaite en Top 14 ?
C’est un peu mitigé. Avoir un titre comme celui-là, c’est énorme. Mais on avait envie d’être champion de France aussi. On va essayer d’avoir le bouclier de Brennus l’an prochain. À chaque fois, ce sont des matches serrés, c’est frustrant. Mais il faut féliciter Castres qui a fait une partie énorme. Chapeau à eux.
Que vous a-t-il manqué ?
De la fraîcheur physique. On a pas mal enchaîné les gros matches. Ça s’est joué sur des détails, comme une touche pas trouvée ou une pénalité.
À la fin du match, on a vous vu écroulé sur la pelouse du Stade de France. À quoi pensiez-vous ?
Il y avait de la déception. C’est un rêve de gosse. Ça fait deux fois que je passe si près. J’ai tout donné donc il y a de la tristesse et de la colère. Surtout après dix mois à se battre comme ça.
Le RCT était favori toute la saison. Comment le viviez-vous ?
On prenait les matches les uns après les autres. Tout le monde voulait nous battre. On s’est concentré sur nous. On voulait bien vivre ensemble et gagner des matches.
Quel était l’état d’esprit du groupe ?
Il y a une bonne ambiance, on s’entend bien. Quand il y a des résultats, c’est sûr que ça fonctionne mieux. Mais c’est une belle année pour tout le monde. On a hâte de se retrouver le 15 juillet.
Et pour vous ?
Je me suis très bien senti. Ça s’est bien passé. J’ai eu pas mal de temps de jeu, un titre, j’ai retrouvé l’équipe de France. Je suis satisfait de ma saison. Je pense avoir eu un bon rendement. Le coach, Bernard Laporte, avait confiance en moi. C’était à moi de lui rendre à 1 000%.
Quelle image garderez-vous de cette saison 2012 – 2013 ?Sans hésiter le titre européen. C’est mon premier titre personnel en club. On a reçu des images de liesse de Toulon. Voir le bonheur des supporters, c’est incroyable. C’est un exploit en plus, on n’était pas favori. C’est la plus belle expérience de ma carrière.
Comment expliquez-vous la victoire face à Clermont ?
La finale se joue à des détails, un drop contré, une pénalité loupée. On a mis tout notre coeur. On était mené 15 – 6, on a recollé au score avant de repasser devant, il faut beaucoup de caractère.
C’est là où des stars comme Wilkinson font la différence ?
On a deux-trois champions du monde, des joueurs à plus de 90 sélections. Ils ont l’habitude de ces matches à fort enjeu. Ils nous apportent la sérénité. Nous, on suit les yeux fermés.
Faîtes-vous partie des leaders ?
Moi, je ne suis pas un leader naturel. Je suis un simple soldat. Je fais ce qu’on me dit pour aider mon équipe. Je laisse faire les joueurs d’expérience.
Vous êtes à Toulon depuis deux saisons, comment vous sentez-vous ?
Je me sens très bien là-bas. C’est pour ça que j’ai resigné (jusqu’en 2016, NDLR). Je veux gagner plus de titres et prendre du plaisir.
Quel regard portez-vous sur ce club ?
C’est l’histoire. Toute une région qui est derrière une équipe. C’est une ville de rugby. On est poussé par les supporters. Ça fait plaisir de voir leur soutien.
À 24 ans, que pensez-vous de votre début de carrière ?
J’ai 24 ans, pas 34. Je ne regarde pas derrière. J’ai deux titres majeurs (un Tournoi des 6 nations, une coupe d’Europe, NDLR). Il me manque une Coupe du monde et un championnat et j’aurai tout gagné.
Quelle suite voulez-vous donner à votre carrière ? Vous avez parlé du Super 15, le championnat de l’hémisphère sud.
Ça a été mal interprété et sorti du contexte. On m’a posé la question si j’étais intéressé. J’ai dit que oui, ce serait une bonne expérience mais on a tout de suite parlé d’un départ. Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je suis très heureux à Toulon. Si je peux y rester ça m’irait.
Quelle image avez-vous du rugby guadeloupéen ?
Il mériterait plus d’attention, qu’il soit plus développé. Je dois rencontrer quelques équipes. Il ne faut pas forcément des infrastructures et puis même si ce n’est pas le sport n°1, il y a la place pour tous les sports.
Que pouvez-vous apporter ?
Si par ma présence, je peux provoquer un début de passion, c’est génial. J’ai un rôle d’ambassadeur, pas de politique. Il y a des personnes au comité chargées de représenter le sport. Un stage ? Ça peut être fait. C’est tout une organisation, il faut un partenaire, des structures mais c’est largement dans les possibilités.
Source: guadeloupe.franceantilles.fr
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« Quelle suite voulez-vous donner à votre carrière ? Vous avez parlé du Super 15, le championnat de l’hémisphère sud.
Ça a été mal interprété et sorti du contexte. On m’a posé la question si j’étais intéressé. J’ai dit que oui, ce serait une bonne expérience mais on a tout de suite parlé d’un départ. Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je suis très heureux à Toulon. Si je peux y rester ça m’irait. »
Merci Mathieu de rétablir la vérité, ces salauds de journalistes peuvent nous faire croire ce qu’il veulent lorsqu’il sortent les phrases du contexte.
Juste un mot sur sa saison. ÉNORME
Voila un garçon qui a trouvé l’équilibre et qui a su tiré les bénéfices de ces erreurs du passé.Nous en tous cas on est très content de l’avoir à Toulon.Merci encore pour cette magnifique saison.
On sent dans ce garçon une certaine sérénité …. Je crois qu’il a eu le déclic ….