Dans un long entretien accordé au magazine Info Rugby, l’ancien talonneur du Rugby Club Toulonnais, Marc de Rougemont évoque la saison du RCT et donne son avis sur le rugby professionnel. Selon lui, le rugby a bien changé et il aimerait que Toulon évolue avec des jeunes issus du centre de formation. Par ailleurs, il espère que Toulon arrivera à décrocher un titre cette saison, avec une petite préférence pour le Bouclier de Brennus. Extrait:

Marc, que pensez-vous du championnat cette année ?
C’est intéressant, le niveau est élevé, on assiste à de beaux matches. Le championnat est toujours survolé par les mêmes équipes Toulon, Toulouse, Clermont, avec quelques challengers qui peuvent créer la surprise à l’image de Castres notamment. Je trouve dommage en revanche que l’on n’arrive pas à résoudre le problème du calendrier avec les tournois de l’équipe nationale. Les clubs jouent parfois en même temps que l’équipe de France. Je ne trouve pas ça très professionnel, ça accapare les joueurs, ce n’est pas logique.

Le niveau du championnat est élevé…
J’ai l’impression que l’état d’esprit des joueurs montre une volonté de pratiquer un jeu plus spectaculaire. Avant, il y a quelques années, à part les pick and go, on ne voyait pas grand chose. Le RCT semble plus ambitieux. Si tu ne pratiques pas de passes, qu’il n’y a que du défi physique, tu t’emmerdes. Or là, on sent qu’ils ont envie d’avancer, de faire des crochets, de produire du jeu.

L’équipe aujourd’hui compte des internationaux, c’est encourageant ?
Oui, on a la chance d’avoir Palisson, Suta, Michalak, Bastareaud, c’est très bien. Mais où sont les Toulonnais ? Je sais que le rugby évolue, ces joueurs représentent le RCT mais ce qui m’intéresserait plus ce serait de voir Martin ou Gunther en équipe de France. Toulon a toujours formé des premières lignes de très haut niveau, l’identité toulonnaise vient de ses piliers et de ses talonneurs qui ont souvent été en équipe de France, j’espère voir Orioli porter un joueur le maillot de l’équipe de France.

Vous avez joué à l’époque le tournoi des V nations, votre avis sur l’équipe de France et son raté dans le tournoi 2013…
C’est une équipe qui est en train de se reconstruire. Il faut essayer de nouveaux joueurs. Les matches de la tournée de novembre ont été superbes. Les joueurs ont montré une belle envie. L’équipe travaille sur l’avenir. Philippe Saint-André a fixé son objectif: la Coupe du Monde 2015. Le tournoi des six nations servira à former une belle équipe.

Le rugby a changé, c’est un autre sport aujourd’hui ?
Par rapport à notre époque oui. Il y a l’évolution du rugby mais encore une fois il faut faire attention aux valeurs du rugby. En 1992 quand on a remporté le bouclier, quasiment tout le groupe était originaire d’ici, de Toulon, la Valette, Carqueiranne, il y avait aussi trois ou quatre joueurs étrangers, mais quand on regarde aujourd’hui, l’an passé, à part Mignoni et Emmanuelli, il y avait qui du coin ?

On voit plus de jeunes Toulonnais tout de même cette année ?
Oui, mais Orioli, Gunther, ce ne sont plus vraiment des jeunes, ils se sont affirmés, ce sont des joueurs sur lesquels on peut compter aujourd’hui, mais qui ne sont pas encore cadres. Il faut encore travailler.

Il y en a d’autres…
La politique de Toulon est en train de changer. Bernard Laporte se rend compte qu’il faut faire des efforts et leur faire confiance. Ce sont des jeunes joueurs qui ont des qualités, qui se préparent. Peut-être qu’un joueur Bernard Laporte ne pourra plus s’en passer.

C’est important pour vous de les faire avancer ?
C’est primordiale de préparer des jeunes joueurs à évoluer à un niveau Top 14. Les meilleurs des 14 / 15 ans vont ainsi en Pôle Espoirs. A l’US Seynoise, on a cette politique de créer un réservoir de jeunes joueurs, d’autant que l’équipe 1 est vieillissante et c’est intéressant d’intégrer des jeunes.  C’est aussi notre identité Seynoise, d’avoir une équipe dont un maximum de joueur est issu du centre de formation avec des valeurs que l’on veut garder.

D’ailleurs, le club organise des stages d’initiation Marc De Rougemont ?
Oui, là en avril, pendant les vacances de Pâques. Ça occupe les gamins, on fait du rugby mais pas uniquement: il y a diverses activités, du cheval, de l’escalade, on leur inculque certaines valeurs, le respect des autres, des installations. Dans le rugby pro, ça évolue très vite à présent, il faut transmettre et conserver ses valeurs.

Comment voyez-vous cette fin de championnat ?
Il faut se préparer. On sait que ça se joue sur un match, ce n’est pas le reflet de la saison, mais cela fait partie du championnat. On se prépare toute l’année pour ces phases finales, pour y participer et les gagner mais ça ne tient à pas grand chose et si tu perds, tu te dis que tu as tout donné toute la saison pour perdre en demi-finale ou en finale. Ce sera serré. Clermont va tout faire pour jouer son va-tout. Je pense qu’on va voir de beaux matches, il va falloir se déplacer, y aller pour les supporter.

Et en H-Cup ?
C’est un réel plaisir de voir des matches de H-Cup, toutes les meilleures équipes d’Europe s’y confrontent, c’est autre chose, ce sont vraiment des matches de très haut niveau, il y a de l’engagement de la part des joueurs, on passe un cap.

Toulon a ses chances non ? 
Je place Toulon favori, par chauvinisme, bien sûr, mais je pense qu’ils ont le niveau. Ils vont décrocher quelque chose cette année.

Une préférence côté titre ?
Pour les Toulonnais, je pense que ce serait le titre de champion de France. Le titre de champion d’Europe est très convoité et très intéressant aussi.

Actuellement, Marc de Rougemont s’occupe du Pôle Rugby avec la mairie de La Seyne.