Ils auront samedi des références mondiales en vis-à-vis. Eux sont moins habitués à la lumière. Laurent Delboubes et Cameron Treloar évoquent la saison et le match.

De l’ossature de l’Union Bordeaux-Bègles, ils ne sont pas les plus mis en lumière. Question de poste, de personnalité, aussi, ancrées mais ne les poussant pas à se mettre en avant. À eux deux, le pilier gauche Laurent Delboulbes, arrivé de Carcassonne en juin 2011, et le deuxième ligne Cameron Treloar, transfuge de Bayonne six mois plus tôt, n’ont pourtant manqué que 15 (8 et 7 sur 46) matchs de Top 14 du club. Pas un hasard : le Tarn-et-Garonnais, 26 ans, qui reprendra la ferme familiale à la fin de sa carrière, a réussi à imposer dans l’élite son profil atypique (1) et une qualité en mêlée qui lui apermis de mettre Nicolas Mas en difficulté à Perpignan. L’Australien de Sydney, 32 ans, qui a passé la semaine dernière le premier volet pour le diplôme de la police de son pays, est lui l’un des meilleurs sauteurs du Top 14. Demain, ils défieront deux vis à vis stars mondiales : le pilier droit all-black Carl Hayman et le deuxième ligne sud-africain Bakkies Botha. Impressions.

Laurent Delboulbes et « l’adaptation »

« Notre situation est délicate mais l’état d’esprit est bon. On reste confiant et on va se battre. Toulon à Chaban, ce ne sera une belle fête que si le résultat est positif. Il ne faut pas se laisser griser avec nos souvenirs dans ce stade, et surtout se concentrer pour mettre en place ce qu’on a prévu. Sinon on le paiera cash.

Personnellement, la saison se passe bien car j’ai du temps de jeu. Mais franchement, ça passe après: on n’est pas à notre place au classement et c’est difficile à vivre. Chaque semaine, on se remet en question mais on sait où veut aller, on ne doute pas. En mêlée, par exemple, ça va de mieux en mieux car avec les retours de blessures, on peut plus la travailler. Moi, j’essaie de faire mon job le mieux possible, j’essaie de compenser mon manque de poids en me déplaçant au maximum. La puissance, on nous le râbache tout le temps. Mais on a enfoncé le Racing sur 30 mètres sur des groupés pénétrants. On laisse les gens parler, nous, on se concentre sur ce qu’on veut réussir: créer de l’incertitude.

Carl Hayman ? Je l’avais affronté deux fois la saison dernière. On connaît ses qualités. Ça s’était assez bien passé mais il aura d’autres solutions pour essayer de me prendre. Lui ou un autre, c’est un défi différent à chaque fois.»

Cameron Treloar et « l’aggressivité »

« C’est une saison dure. Il nous manque un déclic. Je crois qu’on a tous les ingrédients mais on n’a pas réussi encore à trouver le bon mélange. C’est la première fois de ma carrière que je connais une telle série sans victoire. Mais c’est surtout la saison où il est le plus difficile d’expliquer pourquoi on n’a pas le succès de l’an passé. Tant qu’on n’aura pas gagné, il y aura du doute. Mais j’ai confiance en nos qualités. Il faut juste qu’on retrouve l’efficacité dans les moments importants.

Sur le plan personnel, j’ai fait un début de saison moyen. Là, j’enchaîne à nouveau les matchs et j’ai repris du rythme. Cette saison, on me demande plus de concentration sur l’aggressivité dans les rucks, en défense, secteurs dont on parlait peu l’an passé. Avec Joe (Worsley), on a fait beaucoup de travail sur le un contre un et j’ai progressé. Ça m’agace d’entendre qu’on manque de puissance : la saison dernière, on était les mêmes. On n’est pas une équipe pour faire des pick and go mais si on joue sur nos forces, on n’en parlera pas. Il faut qu’on retrouve confiance car on ose moins. Et si on joue Toulon avec le style de Toulon, on perdra. Si on joue avec nos forces, on peut gagner.

Bakkies Botha ? J’aime beaucoup affronter des joueurs comme ça. Je l’ai joué plusieurs fois depuis 2005 en Super 15. C’est une référence sur les rucks et le placage, le travail « sale », moins sur la touche. Le challenge, c’est d’être à son niveau samedi. Voire meilleur. »

Source: sudouest.fr