Dans un stade qui devrait être quasi plein et bouillant, l’Union cherchera face au leader à remettre la marche avant dans son jeu.

L’affiche, sur panneaux 4×3, fleurit aux quatre coins du département. Matthew Clarkin, Metuisela Talebula, Hugh Chalmers, Andrew Mailei et Heini Adams regards droit devant, barré d’un : « Toulon défie Chaban, aux armes Girondins ! ». Le slogan est marketing, et a trouvé écho puisque 25 000 places des 34 500 places avaient déjà trouvé preneurs mardi. Le fond sonne aussi sportivement : il faudra une équipe survoltée pour espérer marquer ce samedi à l’encre rouge dans le livre de l’UBB, et surtout dynamiser une saison compliquée. Réussir un putsh, aussi, au vu des pédigrées du moment : l’Union Bordeaux-Bègles, 13e du Top 14, 3 victoires en 22 matchs toutes compétitions confondues face au leader et quart de finaliste de H-Cup, 18 succès sur la même période.

La révolte était espérée le 25 janvier, au stade Moga contre le Racing (15-22), occasion de prendre l’avantage dans la course au maintien. Elle sera évidemment guettée cette fois dans l’enceinte bordelaise, où l’Union et son public n’ont déçu qu’une fois (la dernière, contre Castres), et au pied d’une marche encore plus haute. Frédéric Michalak, Matthieu Bastareaud, Maxime Mermoz, Jocelino Suta et autre Simon Shaw ne sont pas là ? Sir Jonny Wilkinson (1) et l’immense Bakkies Botha (qui a beaucoup manqué durant le ralentissement varois de janvier) seront eux de retour aux côtés de Matt Giteau, Joe Van Niekerk, Steffon Armitage, David Smith et consorts (lire page 2-4 et 2-5) dans un RCT dont le collectif, rafraîchi par dix jours de vacances terminés hier, semble cette fois taillé pour dominer la France et l’Europe du rugby.

Pour l’UBB, la réalité est plus terre à terre : l’échéance marque le début d’un difficile bloc de cinq matchs en un mois (lire ci-contre) où, sauf surprise, elle ne conclura pas son duel avec Agen mais peut le compromettre si elle ne couple pas un exploit à l’indispensable succès sur le rival le 2 mars. Le commencement aussi d’un dernier cycle où elle devra enfin retrouver le plaisir de la victoire pour se sauver.

« Tout faire à 100 % »

Mardi, président, staff, capitaine et leaders de vestiaire et de jeu se sont ainsi réunis pour en fixer le credo et le tempo. Une union sacrée et un point d’étape, dans l’esprit comme sur le jeu où la ligne directrice n’a pas diamétralement varié depuis août – garder l’esprit d’entreprise en y ajoutant de l’alternance opportune – mais a penché de part et d’autre en fonction des soucis sur les bases, du moral et des résultats.

« Il faut retrouver notre jeu, en gardant ce sur quoi on a mis l’accent ces dernières semaines : sortir proprement de notre camp, jouer surtout dans le camp adverse, pointe l’entraîneur des arrières Vincent Etcheto. Les consignes sont claires : c’est feu. Tant qu’on avance, que les ballons sont dynamiques, il faut jouer, attaquer. Mais quand le ballon est arrêté, nos leaders doivent savoir dire stop, on s’organise pour mettre du pied. Mettre de la folie, c’est dans nos gênes. Après pour le pouvoir, il faut commencer par gagner le combat : contre le Racing, on a manqué d’agressivité. Tout ce qu’on fait, il faut le faire à 100 % en enlevant le complexe d’infériorité ».

Après les remises en question, les coups de gueule pour piquer au vif, l’UBB s’est remis un coup de positif : en relativisant, en remettant devant l’envie d’avancer et de se lâcher avant celui de la pression de son avenir. En s’appuyant toujours sur son unité interne et, comme les saisons précédentes, un effectif attaquant la dernière ligne droite avec une infirmerie sonnant creux.

Renverser une situation où il était donné perdant ? Ce groupe l’a déjà fait. C’est une raison de croire à l’incroyable et c’est seulement en étant convaincu qu’il peut le refaire qu’il pourra y parvenir. Sortir du terrain avec la sensation d’avoir bousculé l’adversaire : c’est aussi ce qui a manqué au bilan du revers contre le Racing. C’est ce qui sera primordial, samedi, pour offrir un défi à Toulon. Et peut-être, si l’UBB le conjugue avec la qualité technique, pour rapporter quatre points.

Source: sudouest.fr