Quel regard porte le sélectionneur que vous avez été de 1999 à 2007 sur le XV de France d’aujourd’hui ?
Saint-André, Lagisquet et Bru sont expérimentés. On part moins dans l’inconnu qu’avec le précédent staff. La tournée de novembre a été bonne, mais la vérité viendra du Tournoi des VI nations (qui commence dimanche en Italie, ndlr). Et cette année, il va être costaud parce que les Bleus vont aller en Italie, en Angleterre, en Irlande. J’ai hâte de voir le comportement de tous nos jeunes.

Dans votre livre, vous dédiez un passage à Frédéric Michalak qui, à 30 ans, s’est relancé avec vous à Toulon. Est-il au meilleur niveau de sa carrière ?
Oui. Il est plus posé, plus calme, plus réfléchi. Même s’il a encore quelques coups de folie sur le terrain. A 20 ans, il n’avait rien demandé à personne et on l’a placé en tête de gondole pour vendre notre sport (lors de la Coupe du monde 2003, ndlr). Michalak a subi ce phénomène avant d’essuyer des coups durs, sportivement. Dix ans plus tard, c’est lui qui commande.

A Toulon, vous avez assisté à la renaissance de Mathieu Bastareaud…
La première année à Toulon, il a encore eu quelques égarements en dehors du terrain. Alors je l’ai appelé et je lui ai dit : ‘Ici, il n’y aura pas d’affaire Bastareaud. Tu vas dégager de là et on sera bien sans toi. A partir de là, il a pris conscience de ce qu’il devait faire. Et il va réussir : c’est un garçon hors normes.

Quel regard portez-vous sur François Gabart qui, à 29 ans, est devenu dimanche le plus jeune vainqueur du Vendée Globe ?
Quand il arrive, il laisse aller son émotion, ses yeux sont rougis, c’est la vie, quoi. Ces types qui partent seuls au milieu des Océans, moi, je les bade. Quand je traverse du Cap Ferret à Arcachon, j’ai peur que le bateau chavire ! Quand tu penses à un marin, tu t’attends à voir un mec dur, avec de l’acier dans la tête. Mais dimanche, c’est un gamin que tu retrouves sur le pont de son bateau. Je l’ai trouvé émouvant.

MetroFrance