Bastareaud : "J'ai sorti la tête du trou"

Le centre toulonnais devrait retrouver l'équipe de France, trois ans après sa dernière convocation

C'est un sérieux revers. Dimanche dernier, le RCT est passé à côté de son match devant un Racing-Métro parfaitement en place (15-19). Dans les rangs toulonnais, tout le monde assume. Mathieu Bastareaud, en particulier.

"On n'a pas été bons, tant individuellement que collectivement, ne cache pas celui-ci. Moi-même, j'ai loupé un plaquage et derrière, il y a eu essai. Dès lors, forcément, les oreilles ont sifflé…"

Comprenez : Bernard Laporte a accompagné la séance vidéo du lendemain de commentaires plutôt vigoureux, sans épargner personne. "C'est comme ça, glisse "Basta" sans se défausser. C'est en acceptant la critique qu'on avance. Il faut se montrer plus agressif en défense. C'est une question d'état d'esprit."

À l'écouter, on dirait que son match se résume à ce gros raté sur la charge d'Estebanez et l'essai de Chavancy qui a suivi. Or, le trois-quarts centre du RCT s'est surtout signalé, dimanche, par sa disponibilité dans le sillage de Wilkinson, sa percussion et ses prises d'intervalle.

"Ouais… Mais j'ai plus tendance à retenir mon plaquage loupé, car on l'a payé cash, insiste-t-il. Cela m'a fait de la peine pour les copains. Du coup, cette défaite, je l'ai un peu plus prise pour moi. Il faut cependant garder la tête haute, car je ne vais pas non plus m'en vouloir toute ma vie ! Je dois, au contraire, m'investir deux fois plus à l'entraînement."

"Avec les Bleus, c'est un peu 'Je t'aime, moi non plus'"

Il a déjà donné pas mal dans ce domaine, depuis plusieurs mois. Après un premier exercice toulonnais assez inégal, Bastareaud, dont le transfert au RCT à l'été 2011 avait été marqué par un long bras-de-fer avec le Stade Français, ne cesse de prendre une place de plus en plus prépondérante au sein de l'équipe varoise, cette saison. Une progression qui n'a pas échappée à Philippe Saint-André.

Tout à l'heure, le sélectionneur-manager du XV de France communiquera la liste des 33 joueurs appelés à préparer le prochain Tournoi des Six Nations. Il y a de grandes chances que Bastareaud soit retenu dans le groupe. "Vous savez, on sort d'une défaite au RCT et je me concentre, d'abord, sur le match face à Cardiff, ce samedi, coupe net "Basta". Après, s'il y a une bonne surprise concernant l'équipe de France, je serai naturellement très content."

L'ancien joueur de Massy (Fédérale 1) et du Stade Français (9 capes) n'a plus fréquenté les Bleus depuis trois ans. "Mon histoire avec les Bleus, c'est un peu 'Je t'aime, moi non plus'", rigole celui qui a été lancé par Marc Lièvremont, puis rayé des listes par ce même sélectionneur, payant en partie, certainement, "l'affaire de la commode", lors de la tournée d'été 2009 en Nouvelle-Zélande (*), et une condition physique jugée insuffisante.

L'intéressé le reconnaît lui-même, il a abordé le présent exercice "avec une autre approche par rapport aux saisons précédentes." Et de développer : "En club, j'ai eu une discussion franche avec Bernard (Laporte) et Pierre (Mignoni, coach en charge des trois-quarts). Ils ont trouvé les mots pour me piquer un peu. Ça m'a reboosté. J'avais une vraie envie de me faire mal à l'entraînement et de me bouger le c… tout simplement. J'ai eu une prise de conscience."

"Je ne pouvais plus me permettre de me contenter du moyen"

Générale, en l'occurrence. "Le bien-être d'un sportif de haut niveau, c'est un tout, indique Bastareaud. C'est la vie professionnelle et privée. J'ai compris que j'avais des moyens et ce serait criminel de les gâcher. Bernard m'a dit que beaucoup rêveraient d'être à ma place au RCT et ne pas se faire violence était un manque de respect envers ceux-là. Je ne pouvais plus me permettre de me contenter de l'à-peu-près et du moyen."