« Moi, j’étudie tous leurs matches à la vidéo. Je connais presque par cœur les actions de leurs quatre derniers matches, aux Toulonnais. Alors oui, je suis convaincu, ils m’ont convaincu ! » Ne comptez pas sur Fabien Galthié pour décrier ou critiquer la façon de jouer de Toulon. Lui, il le dit, il est fan.

Et ne se mêle pas au concert des râleurs qui, sous couvert de french flair, ne supporte pas tout simplement la réussite de celui par qui tout ce “scandale” est arrivé, Bernard Laporte

Déjà, quand il était sélectionneur tricolore, le chauve à lunettes en avait pris plein la poire (parfois justifié, il est vrai). On vous passe l’épisode politique (voire juridique…), et revoilà le grand nerveux au centre de la polémique. Surtout depuis qu’un ancien gardien du temple du jeu, André Boniface, y a mis son grain de sel en clamant haut et fort qu’il « s’emmerdait devant le jeu toulonnais ».

Bernard Laporte y a répondu. En attendant, son club, le RCT, est leader du Top 14. Et ça lui plaît, comme il aime le clamer haut et fort : il « prend son pied ». Car ce trublion, qui a trouvé en la personne de son président, Mourad Boudjellal, un communicant aussi provocateur que lui, adore peut-être plus que tous ceux qu’il a porté son nouveau costume, le “survêt”.

Et l’odeur des vestiaires a du réveiller en lui celle du pack des Rapetout, qu’il cornaquait à l’époque de Bègles, ou l’ambiance du Stade Français, ces deux clubs avec qui il a touché le bois du Bouclier suprême.

Alors pourquoi refuser de reprendre le manche, surtout avec un tel groupe à disposition, une pléiade de stars mondiales, même si l’homme aux lunettes cerclées n’aime pas ce terme, tout comme celui de mercenaires.

« C’est passionnant, enrichissant, un réel plaisir, lâche celui qui ne veut pas réduire son action à gérer uniquement du gros gibier. Il y a des jeunes, aussi, il ne faut pas l’oublier ». Des anciens, des nouveaux et le défi est de mélanger tout ça Car ce qu’aime à relever Laporte, c’est aussi la difficulté d’amalgamer autant de cultures et de niveaux différents. « Le secret, c’est de prendre du plaisir ensemble, rugit celui qui avoue qu’échanger sur le jeu avec de tels joueurs enrichit sa propre expérience. Une expérience qu’il partage avec tous.

« On n’est plus dans la même catégorie » Fabien Galthié

Et quand on lui dit que le jeu de Toulon est ennuyeux, comme le lui reprochent certains, il lâche une évidence : « Si le jeu proposé ne leur plaisait pas, je peux te dire qu’ils me le feraient savoir ». Notamment un certain Wilkinson… « Quand tu entraînes un gars comme Wilkinson, c’est le pied », clame-t-il. Avant de rajouter : « Et quand tu penses que ce mec a été l’un des principaux bourreaux de l’équipe de France quand je l’entraînais !« .

Drôle de destin, il est vrai. Comme seul un club comme Toulon avec un président comme Boudjellal pouvait offrir à un gars comme Laporte. « Ici, il est à sa place », résume-t-on du côté du club en parlant de celui qui, demain soir, à Du-Manoir, va retrouver en face de lui une vieille connaissance, donc, Fabien Galthié. Qui est toujours surpris qu’on ose lui demander quelles sont ses relations avec son ancien entraîneur.

« Pourquoi on me pose toujours la même question ? Bernard a été mon entraîneur pendant quatre ans en équipe de France, il a fait de moi le capitaine de l’équipe de France. J’ai passé quatre années extraordinaires avec lui, il m’a beaucoup appris. Voilà. »

Apparemment, vu ce qu’il observe à la vidéo, peut être que Bernard Laporte lui en apprend encore… « On n’est plus dans la même catégorie », grimace Galthié. Une critique ? De la jalousie ? Non, juste de l’envie.

Midi Libre