– Toulouse et Toulon s’affrontent samedi à partir de 18 heures au stade de France de Saint-Denis. Quel est le sentiment de l’ancien joueur, sur ce match ?
Je pense que l’on est passé dans une autre ère, rugbystiquement parlant. Ce sport a bien évolué je trouve. On a désormais des athlètes de très haut-niveau avec des rencontres de très haut-niveau. Il n’y a pas eu d’essai dans les demi-finales mais quelle intensité, quelle confrontation physique !

– Comment analysez-vous le match Clermont-Toulon ?
Je trouve que les Toulonnais ont réalisé une grande performance. Clermont était l’équipe la plus forte, la plus dense et la plus capable de l’emporter dans ce championnat. Ils ont très mal joué le coup en seconde période et peuvent s’en mordre les doigts. Ils auraient dû changer d’option de jeu au lieu de continuer à vouloir jouer malgré les conditions météos. De l’autre côté Toulon a parfaitement su profiter des erreurs auvergnates. Lors des vingt premières minutes du match, Toulon n’a quasiment pas eu de ballon mais ils ont su jouer parfaitement en défense. Mon sentiment est que les Clermontois ont été tellement habitués à réciter leur rugby qu’ils ont continué à livrer la même partition alors qu’il aurait fallu changer.

– Le jeu des Toulonnais vous a fait plaisir ?
Oui car j’ai eu la sensation qu’on est revenu au jeu originel du RC Toulon avec un énorme combat devant. Toulon est l’équipe qui, cette saison, a encaissé le moins d’essais (23, NDLR) et à mon époque déjà on prenait peu d’essais. Une défense de fer a toujours caractérisé le RCT. Par contre, la touche a été une grosse lacune face à Clermont. Mais si Toulon a pu gagner malgré cela, on se dit qu’en la travaillant toute la semaine comme cela va être le cas, il y aura plus de chance de passer contre Toulouse.

– Le Stade Toulousain, justement, qu’en pensez-vous ?
C’est une équipe qui n’a que des forces ! Sa seule faiblesse sur ce match sera peut-être la pression du résultat alors que Toulon aborde ce match dans un vrai rôle de challenger. Il y a une autre faille : l’indiscipline. Face à Castres, ils sont pas mal sanctionnés et ils prennent 2 cartons jaunes. Réduits à 13, ils ont su conserver la balle avec leurs avants. Ils n’ont jamais tenté d’ouvrir le jeu au risque de perdre la balle. C’est très fort. Lorsqu’ils sont bousculés, les Toulousains commettent des fautes et cela peut aussi être une solution ; notamment avec une seconde ligne monstrueuse. D’ailleurs, je trouve que Bakkies Botha est un joueur formidable. Les jeunes deuxièmes lignes français doivent absolument s’en inspirer ! Il est exceptionnel au combat !

– Vous semblez admiratif de cette équipe toulonnaise…
Je trouve que Bernard Laporte a fait un travail formidable. Avec lui, tous les joueurs se sont bonifiés. Que vous veniez de 4e série ou que vous soyez champion du monde, vous êtes soumis au même régime avec Bernard Laporte. Ceux qui avaient des doutes sur sa venue et son investissement peuvent être rassurés. La qualification en finale valide son projet de jeu. Bernard Laporte est un entraîneur qui ne lâche jamais ses joueurs. Il sait très bien comment les tenir. Face à Toulouse, sa faiblesse pourra être la profondeur du banc, surtout sur carl Hayman n’est pas réhabilité. Cela risque d’être juste.

– On vous sent « heureux » devant ce rugby…est-ce la présence du RCT en finale qui veut ça ?
Je me régale avec ce TOP 14 Orange ! On peut y voir des joueurs formidables : McAlister, Botha, Wilkinson, Armitage qui est un joueur merveilleux et Smith, Fernandez-Lobbe un joueur intelligent qui sait faire jouer les autres. Et Vincent Clerc ? Son placage est extraordinaire ! On va se retrouver en Finale avec des joueurs de classe mondiale ! Ce qui me fait plaisir aussi c’est de constater que l’on a des joueurs « intelligents », qui savent se placer, faire jouer les autres, etc. De toute manière c’est l’essence même de ce sport d’être bon physiquement d’être intelligent. Il n’y a pas de victoire s’il n’y a pas de tête !

– Par rapport à 1985 le jeu a considérablement évolué. Dans quels domaines selon vous ?
La notion de gestion des temps forts et temps faibles. A mon époque, quand on était dominé ou fatigué on pouvait mettre la balle en touche et prendre quelques secondes pour souffler. Et il n’y avait pas cette qualité de couverture défensive du jeu. Là il y a plus de rythme, plus de temps de jeu.

– Samedi, à 18 heures, serez-vous au stade de France ?
Bien sûr. Je vais aller dans une tribune parmi les supporters, les anonymes car là est ma place. Je suis très excité, exalté car ce qui se passe est beau. Le rugby c’est beau. Les joueurs, le staff, les salariés du RCT, les spectateurs, les abonnés, les supporters, le président ont fait des efforts pour en arriver là. C’est formidable ! Moi je ne suis qu’un ancien joueur, je reste à ma place, anonyme et discret car c’est ma place. Si victoire il y a ce sera celle du peuple toulonnais et des joueurs. Certainement pas la mienne…