Si le RC Toulon commence à s’installer comme un sérieux concurrent au Stade Toulousain et à Clermont pour décrocher le Bouclier de Brennus, Mathieu Bastareaud, lui, est toujours à la recherche de son premier essai en Top 14. Où en est le trois-quarts centre français ?

Toulon impressionne. La dernière victoire sur le Racing-Métro (32-20) confortant la troisième place du RCT au classement rappelle les ambitions crédibles d’un Bouclier de Brennus. Matt Giteau dispense sa classe aux côtés du pragmatisme de Jonny Wilkinson. Et Bakkies Botha répand son chromosome de «garçon boucher» cher à Mourad Boudjellal sur la pelouse de Mayol. Mais après vingt et une journées, un homme intrigue toujours autant : Mathieu Bastareaud (23 ans, 1,83 m, 115 kg). Pour sa première saison sous le maillot frappé du Muguet, le trois-quarts centre s’impose dans les choix de Bernard Laporte (16 titularisations pour 20 matches disputés en Top 14). Mais une statistique semble pourtant confirmer son retour laborieux au plus haut niveau : 0 essai inscrit (le dernier essai de Bastareaud en Championnat remonte au 8 janvier 2011 face au Stade Toulousain : 31-3, ndlr). «Je n’ai pas à juger comment il était avant mais c’est un joueur comme un autre. On essaie de l’utiliser sur ses points forts que l’on connaît mais aussi d’améliorer des points où qui ne correspondent pas à son registre, nous explique Pierre Mignoni, l’entraîneur des arrières toulonnais. Mais il ne s’agit pas le changer du jour au lendemain, loin de là.»

«On en a discuté avec lui. Il n’est pas encore où l’on veut qu’il soit. Ça, c’est sûr. Mathieu doit encore franchir un palier. On lui donne tous les moyens pour qu’il le fasse.» Pierre MignoniSi son compteur est toujours vierge, Bastareaud a toutefois réussi à chasser ses vieux démons parisiens. «C’est moins à lui de faire la différence comme c’était le cas au Stade Français où tout le monde attendait énormément de sa part, note Henry Chavancy, son adversaire direct samedi dernier. A Toulon, il rentre dans un cadre, il a un rôle précis. C’est un maillon de la chaîne où il est entouré de joueurs exceptionnels. Au Stade Français, il avait plus de responsabilités mais aussi plus de pression. C’était l’enfant du pays. D’où le passage à vide qu’il a connu.» Mais un retour en grâce tarde. Une tendance accentuée par son absence du casting de Philippe Saint-André lors du Tournoi des Six Nations. «Il doit progresser, insiste Mignoni. Il doit être déterminant dans le jeu de ligne. De par ses courses, ses intentions, il est important que l’on marque des essais. Il faut qu’il soit aussi passeur, qu’on se serve de lui dans la défense, devant les défenses.» Chavancy sent toutefois venir les prémices d’un come-back. «Samedi il a été très bon balle en main ou défensivement, rappelle le trois-quarts centre du Racing-Métro. Il n’a pas souffert de la chaleur. Pour avoir discuté avec lui après le match, il se sent bien. On peut s’attendre à le revoir au plus haut niveau comme ce fut le cas en 2010 lors du Grand Chelem.»

«Il fait beaucoup d’efforts»
En attendant un éventuel rappel avec le XV de France (il a déclaré dernièrement qu’il s’était fixé la Tournée d’été en Argentine comme ultimatum pour retrouver les Bleus, ndlr), Mathieu Bastareaud a désormais deux mois pour redevenir ce joueur hors-norme, décisif, craint. «On a discuté avec lui. Il n’est pas encore où l’on veut qu’il soit, avoue Mignoni. Ça, c’est sûr. Mais il le sait. On se fixe des objectifs avec lui que ce soit technique ou tout le reste. Il y a une grosse concurrence au poste de centres et il n’y échappe pas. Personne n’est installé. Et lui le premier. Il sait qu’il a beaucoup d’effort à faire. Mais je sais qu’il fait des efforts. On lui demande beaucoup. C’est très encourageant pour la suite de sa carrière. On lui donne tous les moyens pour qu’il le fasse. C’est aussi à lui de mettre les choses à l’endroit pour y arriver.» Mais après cinq saisons en Top 14, le même constat s’impose : «Mathieu doit encore franchir un palier…»

Source: lequipe.fr