Laporte: « Toulon n’est pas une maison de retraite »

Laporte: « Toulon n’est pas une maison de retraite »

Le samedi 18 février 2012 à 13:53 par David Demri

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Toujours aussi passionné, le manager du club varois, Bernard Laporte, raconte les raisons de son retour dans le rugby avant d’affronter le Stade Français.
Après quatre années loin des terrains, l’ancien sélectionneur du XV de France a accepté, en octobre dernier, de remettre le survêtement pour s’occuper du RC Toulon. Le club varois, 3e du Top 14, défie samedi après-midi le Stade Français au Stade de France. Avant d’affronter «avec beaucoup d’émotion» son ancienne équipe, Bernard Laporte s’est confié au Figaro.
Le Figaro.- Votre souhait était que Toulon redevienne une équipe phare du Top 14. Cela semble en bonne voie…
Bernard Laporte.- Il n’y a jamais rien d’acquis. Aujourd’hui, on fait de bons matchs, on est bien au classement, mais le sport de haut niveau, c’est un éternel recommencement. Il faut avoir cette humilité pour continuer à travailler.
Quelle fut votre priorité en arrivant?
Faire comprendre aux joueurs qu’ils devaient se concentrer sur le rugby et pas sur autre chose. On m’avait raconté des trucs, et je leur ai dit que je ne voulais plus que ça se reproduise. Quand on est pro, on se tient bien en dehors, car on défend l’image du club. Toulon, ce n’est pas Paris. Ici, tout se sait très vite. (Sourire) Depuis, je n’ai eu personne à reprendre…
Vous avez eu des mots durs pour Mathieu Bastareaud. Répond-il à vos attentes?
Depuis quelque temps, Mathieu fait beaucoup d’efforts, et ça payera. Mais il a encore beaucoup de boulot. Et on ne peut pas s’entraîner à sa place, faire attention à sa place… Après les entraînements, Pierre (Mignoni, entraîneur adjoint en charge des trois-quarts) dirige des séances de skills (exercices de technique gestuelle). Au départ, ils n’étaient pas beaucoup à rester. Aujourd’hui, ils sont une dizaine. C’est mieux, car tout le monde doit répéter les gammes tous les jours. C’est cela qu’il fallait développer chez certains comme Mathieu. Quand on a du retard, il n’y pas de secret: il faut travailler plus.
Diriger un effectif qui compte beaucoup de grands noms, est-ce compliqué?
C’est loin d’être compliqué. Ce sont des professionnels. Mais, comme je leur dis, ici, ce n’est pas une maison de retraite… On n’a plus beaucoup d’internationaux en activité. Ils l’ont été, mais, quand on ne l’est plus, on ne l’est plus! Il faut donc encore plus travailler, car on ne joue pas à ce jeu avec des pièces d’identité.
Avec Jonny Wilkinson, bourreau de travail, vous n’avez pas ces soucis…
Il montre l’exemple. Je n’ai jamais vu un joueur qui s’entraînait autant. Et pourtant, j’en ai vu… C’est de la folie! Le rugby, c’est sa vie. En plus, il transmet. Il garde les mecs avec lui après l’entraînement pour leur donner des conseils, les aider à progresser. C’est quelqu’un de généreux.
Êtes-vous satisfait des prestations de votre équipe?
Jusqu’à maintenant, oui, ça me plaît. On marque beaucoup d’essais et on en prend peu. Mais j’attends la suite. Le rugby est un sport de combat où il faut, d’abord, remettre le bleu de chauffe chaque week-end. Sinon, le jeu n’existe pas… Et puis, il faut toujours chercher à grandir.
Quelle est l’ambition pour cette saison?
Nous qualifier pour les phases finales. Champion de France, ça me semble compliqué. Toulouse et Clermont sont au-dessus de nous. On espère toujours avoir son mot à dire, mais quand je regarde leur effectif… Nous, on ne double pas tous les postes qualitativement.
Vous ne vouliez plus entraîner. Comment vivez-vous ce retour au bord du terrain?
J’avais refusé des clubs, car, dans ma tête, je ne pensais pas qu’un jour je referais ça. Et puis les circonstances ont fait que… La rencontre avec le président (Mourad Boudjellal) qui m’a tout de suite plu; le maire de la ville (Hubert Falco), un ami avec lequel j’étais au gouvernement; Toulon un club que j’ai toujours aimé pour sa ferveur, sa passion, ses excès. Alors, je me suis dit «pourquoi pas?» J’ai 47 ans, si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai plus. Après, à partir du moment où je décide de faire quelque chose, je le fais à fond.
Finalement, ça vous manquait?
(Longue réflexion) Ce n’est pas ça. Quand je fais quelque chose, j’oublie après. Ça ne m’a pas manqué, parce que j’étais très occupé par ailleurs. Mais le côté: transmettre à trente mecs, il n’y a que dans le sport que tu peux le vivre. Donc: ça me manquait, non; mais content d’être revenu, oui.
Vous avez du caractère. Votre président aussi. Cela provoque-t-il des étincelles?
Il ne peut pas y avoir d’étincelles. Parce que j’ai beaucoup de respect pour lui. C’est un président atypique, comme Max Guazzini (l’ex-président du Stade Français). J’aime bien les gens qui prennent des risques. (Il s’emballe) On peut toujours critiquer, dire qu’il n’est pas du sérail. Mais Mourad a des idées, de la passion, de l’énergie. Il ne se sert pas du rugby, il sert le rugby. Après, il y aura toujours des cons qui lui reprocheront l’aspect médiatique. Il ne manquerait plus qu’il ne parle pas aux journalistes!
Êtes-vous en accord avec lui quand il s’en prend vivement à l’arbitrage?
Il a juste soulevé un problème que tout le monde connaît, mais dont personne ne veut parler. Moi, je pense qu’il faut payer plus les arbitres afin de les valoriser. Un arbitre touche 420 euros par match, quand des joueurs touchent 30.000 euros. C’est un scandale! On me répond que ce n’est pas parce qu’ils deviennent professionnels qu’ils ne feront plus d’erreurs. Bien sûr! Mais en offrant une véritable reconnaissance à ce métier, on attirerait plus de candidats, d’anciens pros deviendraient arbitres. Et puis, ils seraient ainsi beaucoup plus indépendants…

Toujours aussi passionné, le manager du club varois, Bernard Laporte, raconte les raisons de son retour dans le rugby avant d’affronter le Stade Français.

Après quatre années loin des terrains, l’ancien sélectionneur du XV de France a accepté, en octobre dernier, de remettre le survêtement pour s’occuper du RC Toulon. Le club varois, 3e du Top 14, défie samedi après-midi le Stade Français au Stade de France. Avant d’affronter «avec beaucoup d’émotion» son ancienne équipe, Bernard Laporte s’est confié au Figaro.

Le Figaro.- Votre souhait était que Toulon redevienne une équipe phare du Top 14. Cela semble en bonne voie…

Bernard Laporte.- Il n’y a jamais rien d’acquis. Aujourd’hui, on fait de bons matchs, on est bien au classement, mais le sport de haut niveau, c’est un éternel recommencement. Il faut avoir cette humilité pour continuer à travailler.

Quelle fut votre priorité en arrivant?

Faire comprendre aux joueurs qu’ils devaient se concentrer sur le rugby et pas sur autre chose. On m’avait raconté des trucs, et je leur ai dit que je ne voulais plus que ça se reproduise. Quand on est pro, on se tient bien en dehors, car on défend l’image du club. Toulon, ce n’est pas Paris. Ici, tout se sait très vite. (Sourire) Depuis, je n’ai eu personne à reprendre…

Vous avez eu des mots durs pour Mathieu Bastareaud. Répond-il à vos attentes?

Depuis quelque temps, Mathieu fait beaucoup d’efforts, et ça payera. Mais il a encore beaucoup de boulot. Et on ne peut pas s’entraîner à sa place, faire attention à sa place… Après les entraînements, Pierre (Mignoni, entraîneur adjoint en charge des trois-quarts) dirige des séances de skills (exercices de technique gestuelle). Au départ, ils n’étaient pas beaucoup à rester. Aujourd’hui, ils sont une dizaine. C’est mieux, car tout le monde doit répéter les gammes tous les jours. C’est cela qu’il fallait développer chez certains comme Mathieu. Quand on a du retard, il n’y pas de secret: il faut travailler plus.

Diriger un effectif qui compte beaucoup de grands noms, est-ce compliqué?

C’est loin d’être compliqué. Ce sont des professionnels. Mais, comme je leur dis, ici, ce n’est pas une maison de retraite… On n’a plus beaucoup d’internationaux en activité. Ils l’ont été, mais, quand on ne l’est plus, on ne l’est plus! Il faut donc encore plus travailler, car on ne joue pas à ce jeu avec des pièces d’identité.

Avec Jonny Wilkinson, bourreau de travail, vous n’avez pas ces soucis…

Il montre l’exemple. Je n’ai jamais vu un joueur qui s’entraînait autant. Et pourtant, j’en ai vu… C’est de la folie! Le rugby, c’est sa vie. En plus, il transmet. Il garde les mecs avec lui après l’entraînement pour leur donner des conseils, les aider à progresser. C’est quelqu’un de généreux.

Êtes-vous satisfait des prestations de votre équipe?

Jusqu’à maintenant, oui, ça me plaît. On marque beaucoup d’essais et on en prend peu. Mais j’attends la suite. Le rugby est un sport de combat où il faut, d’abord, remettre le bleu de chauffe chaque week-end. Sinon, le jeu n’existe pas… Et puis, il faut toujours chercher à grandir.

Quelle est l’ambition pour cette saison?

Nous qualifier pour les phases finales. Champion de France, ça me semble compliqué. Toulouse et Clermont sont au-dessus de nous. On espère toujours avoir son mot à dire, mais quand je regarde leur effectif… Nous, on ne double pas tous les postes qualitativement.

Vous ne vouliez plus entraîner. Comment vivez-vous ce retour au bord du terrain?

J’avais refusé des clubs, car, dans ma tête, je ne pensais pas qu’un jour je referais ça. Et puis les circonstances ont fait que… La rencontre avec le président (Mourad Boudjellal) qui m’a tout de suite plu; le maire de la ville (Hubert Falco), un ami avec lequel j’étais au gouvernement; Toulon un club que j’ai toujours aimé pour sa ferveur, sa passion, ses excès. Alors, je me suis dit «pourquoi pas?» J’ai 47 ans, si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai plus. Après, à partir du moment où je décide de faire quelque chose, je le fais à fond.

Finalement, ça vous manquait?

(Longue réflexion) Ce n’est pas ça. Quand je fais quelque chose, j’oublie après. Ça ne m’a pas manqué, parce que j’étais très occupé par ailleurs. Mais le côté: transmettre à trente mecs, il n’y a que dans le sport que tu peux le vivre. Donc: ça me manquait, non; mais content d’être revenu, oui.

Vous avez du caractère. Votre président aussi. Cela provoque-t-il des étincelles?

Il ne peut pas y avoir d’étincelles. Parce que j’ai beaucoup de respect pour lui. C’est un président atypique, comme Max Guazzini (l’ex-président du Stade Français). J’aime bien les gens qui prennent des risques. (Il s’emballe) On peut toujours critiquer, dire qu’il n’est pas du sérail. Mais Mourad a des idées, de la passion, de l’énergie. Il ne se sert pas du rugby, il sert le rugby. Après, il y aura toujours des cons qui lui reprocheront l’aspect médiatique. Il ne manquerait plus qu’il ne parle pas aux journalistes!

Êtes-vous en accord avec lui quand il s’en prend vivement à l’arbitrage?

Il a juste soulevé un problème que tout le monde connaît, mais dont personne ne veut parler. Moi, je pense qu’il faut payer plus les arbitres afin de les valoriser. Un arbitre touche 420 euros par match, quand des joueurs touchent 30.000 euros. C’est un scandale! On me répond que ce n’est pas parce qu’ils deviennent professionnels qu’ils ne feront plus d’erreurs. Bien sûr! Mais en offrant une véritable reconnaissance à ce métier, on attirerait plus de candidats, d’anciens pros deviendraient arbitres. Et puis, ils seraient ainsi beaucoup plus indépendants…

Source: lefigaro.fr

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  1. ipac83 18 février 2012 at 15h

    "Il ne se sert pas du rugby, il sert le rugby. Après, il y aura toujours des cons qui lui reprocheront l’aspect médiatique. Il ne manquerait plus qu’il ne parle pas aux journalistes!"

    J’espère que certains blogueurs ** Propos modérés par l'administrateur ** qui traînent par ici et qui crachent très souvent sur Mourad et sur ses décisions se reconnaîtrons dans cette phrase … merci Mr Laporte de toujours employer les bons mots afin de remettre certaines pendules à l'heure car ils y en a qui en ont bien besoin.

  2. Dam 18 février 2012 at 16h

    Hors sujet mais :

    En contacts depuis plusieurs semaines avec Perpignan et Agen, Nicolas Durand (photo) pourrait finalement prendre la direction de… Toulon !

    Selon Canal Plus, le demi-de-mêlée du Racing-Métro, en fin de contrat en juin prochain avec le club francilien, aurait été séduit par le discours de Bernard Laporte et de Mourad Boudjellal.

    Avec Frédéric Michalak, recruté pour jouer à la mêlée, Sébastien Tillous-Borde et Nicolas Durand, le RC Toulon serait bien outillé au poste de demi-de-mêlée pour la saison prochaine.

  3. tino83 18 février 2012 at 16h

    Y a déjà un article sur le blog depuis hier soir dam 😉

  4. tino83 18 février 2012 at 16h

    Quand à moi je suis fier d'être un con qui reproche à Mourad son côté médiatique. Du calme dans ses propos ne le ferait que grandir médiatiquement.

    Faut pas être neuneu pour comprendre non ? Au lieu de croire qu'on trahi le club car on critique le comportement du président

    Certains d'entre vous critiquent l'attitude de Sarko mais vous ne trahissez pas la france pour autant 🙄

    Les mecs qui ont découvert le rct avec mourad me font rire 😆

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