Fabien Cibray, c’est vraiment « un bon client » comme on dit dans le jargon journalistique. Intelligent, posé, lucide, critique, Fabien Cibray sait porter un regard objectif sur l’évolution de son sport, sur le RCT ou encore sur lui-même. Sans concession.

Le statut de ce demi de mêlée, arrivé il y a deux ans de Biarritz en cours de saison, a changé depuis l’arrivée de Bernard Laporte. Les cartes ont été redistribuées. Pas à son avantage.

Âgé de 27 ans, ce numéro 9 est bien à l’image de ses pairs. Il a besoin d’évoluer en pleine confiance pour donner le meilleur de lui-même. Ce n’est plus le cas depuis le départ de Saint-André. Mais en bon professionnel, ce garçon originaire de Pau assume cette position, même si elle est inconfortable.

« L’heure n’est pas encore au bilan »

Son entrée sur le terrain peu après le début de la seconde mi-temps contre Lyon, dimanche dernier, a changé le cours du jeu. Remplaçant le jeune Laurent Magnaval, peu à son aise sur ce match, ce passionné a pris du plaisir et en a donné, aussi bien à ses partenaires qu’au public.

« Ces trente-cinq minutes se sont bien déroulées. Ma rentrée a été satisfaisante, reconnaît l’intéressé sans fanfaronnade aucune. Elle arrive après des prestations pas spécialement abouties. Je n’ai pas été très heureux contre Newcastle. Pour moi, c’est parfois compliqué. Quand on se sait sur la sellette, on veut trop montrer sa valeur. Et en pareil cas, on se met en danger. Quand tu surjoues, le piège est là. »

Fabien est bien placé pour faire cette analyse. Demain, contre Petrarca, il sera titulaire. Et même si son avenir à Toulon s’est singulièrement assombri depuis l’annonce de la venue de Frédéric Michalak dans le Var, la saison prochaine, il veut continuer l’aventure avec le RCT et en profiter pleinement : « J’ai encore envie de jouer sous ce maillot rouge et noir. L’heure n’est pas encore au bilan. La situation actuelle ne me convient certes pas. Personne ne m’a reçu. Je ne reçois que des messages indirects. Maintenant, on est dans un monde professionnel. On a le sac à dos sur l’épaule. »

Des titres à gagner

« Ceci étant, j’ai un travail à faire et je le fais le mieux possible. Je m’accroche au maximum. J’essaie de tout optimiser. Le rugby est avant tout ma passion et j’ai la chance d’y gagner ma vie », poursuit un joueur qui regrette l’évolution, voire la disparition de certaines valeurs. « On a une belle fin de saison à jouer, des titres à aller chercher », estime-t-il.

À commencer par une qualification en quart dans ce Challenge européen.

« On devra mettre du rythme d’entrée face aux Italiens. Il y aura beaucoup d’intentions. On devra essayer de rester dans la ligne du final contre les Lyonnais. On a largement les moyens de ramener les cinq points de ce déplacement ».

Plus préoccupé par ses performances et celles de ses coéquipiers que par les recettes de la boutique du RCT, l’ami de Lionel Beauxis veut rebondir. A Toulon d’abord, éventuellement ailleurs par la suite.

Et malgré les incertitudes qui planent sur son devenir (« On n’est jamais à l’abri d’une blessure, même si j’ai déjà donné », affirme-t-il), Cibray a encore plein de choses à prouver. Ne serait-ce que pour laisser des regrets à Toulon et se faire remarquer par d’autres clubs.

Source: varmatin.com