Depuis le début de saison, il n’y a d’yeux que pour Toulouse et Clermont. Et pourtant notre cher championnat, qualifié par beaucoup comme le meilleur au monde, ne se limite pas qu’à ces deux clubs, aussi impressionnant soient-ils.

Derrière eux, d’autres équipes poussent au portillon. Outre Agen, Castres ou bien le Stade Français, c’est Toulon qui, cette année, semble avoir franchi un cap. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce changement radical dans un club qui la saison dernière avait fini à une peu honorable 8ème place au vue de son effectif. Car il ne faut pas se leurrer, le RCT est depuis son retour dans le Top 14, l’équipe qui fait signer le plus de joueurs de renom. Umaga,  Gregan, Merhtens ou bien Collins ont tous porté le maillot rouge et noir frappé de l’emblème au muguet. Mais aucune de ses stars n’a réussit à ramener le plus beau des cadeaux aux supporters Toulonnais : le Bouclier de Brennus. Et pourquoi pas alors cette année ?

Bernard Laporte, le beau coup de Boudjellal

Délesté d’un Philippe Saint-André en fin de règne et parti exercer ses talents de manager avec le XV de France, Mourad Boudjellal a sans aucun doute réussi son plus beau coup depuis qu’il a pris la présidence du club en 2005. En débauchant Bernard Laporte, il a osé un pari risqué avec un homme qui n’est pas spécialement aimé. En atteste sa vrai-fausse arrivée au sein de l’Aviron Bayonnais, la saison dernière. Peu importe pour Mourad Boudjellal, qui semble se foutre royalement de ce que la Ligue pense. Car en faisant signer Bernard Laporte, c’est tout un système que le président a exporté sur la Rade.

Cette méthode est basée sur une seule chose : la culture de la gagne. Depuis son arrivée le 30 septembre dernier, Toulon a joué 6 rencontres de Top 14 pour 4 victoires, un nul à Castres et une défaite sur le terrain de Toulouse. Ce bilan quasi-parfait, Toulon le doit à ses joueurs qui ont acquis cette envie de gagner chaque rencontre, de se saigner sur chaque ballon. Car avouons-le, Toulon est en très peu de temps devenu une machine froide, pleine de réalisme et qui ne pense qu’à une chose, faire « le plus de mal » à l’adversaire. Et surtout, hormis les défaites face à Toulouse et Clermont, Toulon a su gagner ou prendre des points contre ses potentiels adversaires direct. Et le plus souvent avec la manière. Agen n’a rien pu faire à Mayol, la semaine dernière (34-12). Castres a dû batailler jusqu’à la dernière minute pour recoller au score (22-22) et surtout, Toulon a marqué les esprits lors de la 8ème journée en allant gagner à Colombes contre le Racing (9-16). C’est sûrement le match le plus abouti des Toulonnais sous l’ère Laporte.

Enfin, au delà des simples chiffres qui placent Toulon sur la troisième marche du Top 14, c’est aussi un homme qui sait parler à ses joueurs que Mourad Boudjellal a fait venir. En démontre le dernier épisode du week-end dernier où, juste avant le match face à Newcastle en Amlin Cup, Bernard Laporte a voulu remettre les choses au clair avec Mathieu Bastareaud et Alexis Palisson, potentiellement sélectionnables pour le prochain Tournoi. En ancien sélectionneur, il a les a tout simplement alarmé sur le niveau assez faible de leurs performances individuelles. Bilan de cette discussion, les deux joueurs en question ont tout simplement réalisé leur meilleur match depuis qu’ils ont revêtu le maillot rouge et noir.

Une défense de fer

Mais tous les bons résultats toulonnais sont dus en grande partie à la défense. Car Toulon a bâti les plus belles pages de son histoire sur cette valeur de combat. Et cette année, c’est réellement le cas car les hommes de Laporte sont la meilleure défense du championnat avec 156 points encaissés. Il faut dire que le huit de devant des Toulonnais est impressionnant. Fort d’un mélange de joueurs de classe mondiale que sont Steffon Armitage, Joe Van Niekerk (qui va faire son retour contre Lyon, vendredi soir), Bakkies Botha et de jeunes joueurs comme la révélation Pierrick Gunther en troisième ligne, Toulon dispose d’un des packs les plus imposants et talentueux du Top 14.

Des trois-quarts efficaces

Et lorsque l’on recule dans le XV Toulonnais, on se rend compte que les 7 de derrière sont loin d’être des manchots. En effet, la ligne de trois-quarts toulonnaise impressionne également depuis le début de saison. Sur les 18 essais marqués par le RCT depuis le début de saison, 9 ont été marqués par les trois-quarts. La palme revient à David Smith, auteur à lui tout seul de 4 essais. Quand tout marche donc, il n’y a rien à redire. Surtout que l’avenir s’annonce radieux quand on y regarde de plus près, notamment au niveau de l’association Jonny Wilkinson – Matt Giteau. Les deux joueurs, qui font partis des meilleurs du monde, associés vont faire des ravages. Les premières minutes à Castres et contre Agen ont laissé entrevoir de réelles bonnes choses. Surtout que Wilkinson, fraichement retraité du XV de la Rose, sait se sublimer quand il est au côté de grands joueurs. Et puis Matt Giteau reste une valeur sure du rugby mondial et aligné en premier centre, il va sans aucun doute faire des ravages.

Parce que Toulon, rouge de colère. Parce que Toulon, noir de peur que sont ses adversaires. Parce que Toulon, rouge et noir, un savant mélange qui pourrait leur permettre d’aller le plus loin possible cette saison.

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