Jérôme Gallion : « Faire douter les All Blacks »

Jérôme Gallion : « Faire douter les All Blacks »

Le samedi 22 octobre 2011 à 13:08 par David Demri

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Le demi de mêlée toulonnais avait battu les Blacks en 1979, à Auckland. Retour sur ce match référence avant la finale de dimanche.
Dans l’histoire, il a fallu attendre le XV de France de « Casque d’Or » (Jean-Pierre Rives) pour voir quinze Coqs français sortir d’un stade néo-zélandais en vainqueur après avoir croisé le fer avec les All Blacks. C’est arrivé à l’été 1979, et Jérôme Gallion, 24 ans alors au compteur, inscrivait à Auckland, le premier essai de ce match qui a permis aux générations qui suivirent de croire à l’impossible. Pour Metro, le demi de mêlée toulonnais, depuis son cabinet de dentiste, fait le tour de la bête noire trente-deux ans après.
Jérôme, une question simple : comment passer sur ces Blacks ?
A chaque fois que les Français ont pu battre les All Blacks, c’est simplement parce que les All Blacks sont arrivés sur le terrain en excès de confiance. Nous, en 1979, on sort d’une tournée qui a duré quarante-jours, et après le premier test, on se fait balayés, tant et si bien qu’au moment du deuxième test, la presse néo-zélandaise se demandait si leur équipe allait nous passer quarante points ou soixante… Au final, nous, on s’est dit qu’on n’allait pas être les victimes des All Blacks une deuxième fois, on s’est transcendés et on fait péter ce match. Nos adversaires sont surpris de voir l’intensité qu’on est arrivés à mettre dans le jeu, la bataille qu’on a livré à chaque regroupement. Et en 1999, ça s’est passé de la même des manières et en 2007. On met de l’agressivité et de la hargne. Les joueurs qui sont en Nouvelle-Zélande peuvent les déconcentrer avec une fougue terrible, des plaquages féroces et un grain de folie. Si on joue trop maîtrisé, les All Blacks vont gagner. Ils ont plus le sens du collectif que nous. C’est dans leur culture.
Est-ce suffisant ?
L’autre chose qui pourrait inquiéter les All Blacks, c’est qu’ils aient déjà cet excès de confiance. Et on n’est pas à l’abri que ça arrive : ils nous ont passé vingt points en poule (37-17), ils savent que ce n’est pas sur le match de la quart de finale qu’on s’est rassuré et on ne les a pas inquiéter avec ce qu’on a montré en demie, face au pays de Galles (9-8). Si on ne met pas tout ce qu’on a dans le combat, avec une hargne féroce, on va prendre une déferlante…
Quels sont les points faibles de cette équipe néo-zélandais, si tant est qu’elle en aient ?
Le jeu au pied des tricolores va être très important. Les All Blacks n’apprécient pas de reculer pour aller chercher les ballons. Un joueur néo-zélandais, quand il n’a pas le ballon, il ne doit jamais reculer. Lors d’une tournée en Afrique du Sud, un coach kiwi était venu nous entraîner. Il m’a inculqué un message dont je me souviendrai à vie : quand on doit plaquer, même si on doit lui arracher les oreilles, l’adversaire ne doit jamais avancer deux mètres de plus. Et pour un All Black, cette règle est immuable. Il ne doit jamais prendre d’essai casquette. Jamais !
Quels sont les atouts des joueurs de Lièvremont ?
Par nature, les Français sont coquins, très solidaires et peuvent aussi se révélé être d’énormes combattants, avec derrière des joueurs très fins, capables d’inspirations ! C’est cet aspect insaisissable qui fait que les autres équipes nous craignent. Voir cette équipe en finale, c’est pour moi inespéré. Alors là, ils n’ont plus rien à perdre. La plupart des joueurs dans leur vie n’auront plus l’occasion de rejouer une finale de Coupe du monde. Ils savent qu’ils vont donner 140 % d’eux-mêmes pendant quatre-vingt minutes… mais 140 % est-ce que c’est assez ? La question elle est là.
Jouer à l’Eden Park, bonne ou mauvaise affaire ?
Sur les 60 000 personnes qu’il y aura, 55 000 Néo-zélandais vont soutenir leur équipe. Culturellement, ce ne sont pas des bruyants. Quand ça bruisse, c’est déjà qu’ils sont satisfaits, s’ils applaudissent, cela signifie que le match des All Blacks est magnifique.
A quoi voit-on qu’un All Black vacille ?
Quand ils commencent à se regarder entre eux et qu’ils comprennent qu’ils n’ont pas la solution. Dans son ADN, un All Black ne doute jamais. Depuis qu’il est tout petit, il sait exactement ce qu’il a à faire, quelle est la partition qu’il doit jouer pour son coéquipier. A chacun la sienne. Mais quand ils commencent à se regarder entre eux, les mains sur les hanches, là, c’est qu’on est arrivé à les faire douter.
Le Haka peut-il faire la différence dans les têtes des adversaires ?
Le haka ? Quand on est sur le terrain en face d’eux et qu’on est sportif de haut niveau, on a juste envie de les tuer… haka ou pas haka. Si on n’est pas dans cet état d’esprit-là, on se fait manger et on y reste sur le terrain. Enterrés. Dès la première minute, on peut se prendre un gros de 120 kilos qui arrive à 2000 à l’heure et si on n’est pas prêt, on se fait labourer.
MINI BIO de Jérôme Gallion
Date de naissance : 04/04/1955
Date de première sélection : 21/01/1978 contre Angleterre
Nombre de sélection : 27
Nombre d’essais : 10
Club : R.C. Toulon
Poste : Demi de mêlée
Taille : 1m72
Poids : 75kg

Le demi de mêlée toulonnais avait battu les Blacks en 1979, à Auckland. Retour sur ce match référence avant la finale de dimanche.

Dans l’histoire, il a fallu attendre le XV de France de « Casque d’Or » (Jean-Pierre Rives) pour voir quinze Coqs français sortir d’un stade néo-zélandais en vainqueur après avoir croisé le fer avec les All Blacks. C’est arrivé à l’été 1979, et Jérôme Gallion, 24 ans alors au compteur, inscrivait à Auckland, le premier essai de ce match qui a permis aux générations qui suivirent de croire à l’impossible. Pour Metro, le demi de mêlée toulonnais, depuis son cabinet de dentiste, fait le tour de la bête noire trente-deux ans après.

Jérôme, une question simple : comment passer sur ces Blacks ?

A chaque fois que les Français ont pu battre les All Blacks, c’est simplement parce que les All Blacks sont arrivés sur le terrain en excès de confiance. Nous, en 1979, on sort d’une tournée qui a duré quarante-jours, et après le premier test, on se fait balayés, tant et si bien qu’au moment du deuxième test, la presse néo-zélandaise se demandait si leur équipe allait nous passer quarante points ou soixante… Au final, nous, on s’est dit qu’on n’allait pas être les victimes des All Blacks une deuxième fois, on s’est transcendés et on fait péter ce match. Nos adversaires sont surpris de voir l’intensité qu’on est arrivés à mettre dans le jeu, la bataille qu’on a livré à chaque regroupement. Et en 1999, ça s’est passé de la même des manières et en 2007. On met de l’agressivité et de la hargne. Les joueurs qui sont en Nouvelle-Zélande peuvent les déconcentrer avec une fougue terrible, des plaquages féroces et un grain de folie. Si on joue trop maîtrisé, les All Blacks vont gagner. Ils ont plus le sens du collectif que nous. C’est dans leur culture.

Est-ce suffisant ?

L’autre chose qui pourrait inquiéter les All Blacks, c’est qu’ils aient déjà cet excès de confiance. Et on n’est pas à l’abri que ça arrive : ils nous ont passé vingt points en poule (37-17), ils savent que ce n’est pas sur le match de la quart de finale qu’on s’est rassuré et on ne les a pas inquiéter avec ce qu’on a montré en demie, face au pays de Galles (9-8). Si on ne met pas tout ce qu’on a dans le combat, avec une hargne féroce, on va prendre une déferlante…

Quels sont les points faibles de cette équipe néo-zélandais, si tant est qu’elle en aient ?

Le jeu au pied des tricolores va être très important. Les All Blacks n’apprécient pas de reculer pour aller chercher les ballons. Un joueur néo-zélandais, quand il n’a pas le ballon, il ne doit jamais reculer. Lors d’une tournée en Afrique du Sud, un coach kiwi était venu nous entraîner. Il m’a inculqué un message dont je me souviendrai à vie : quand on doit plaquer, même si on doit lui arracher les oreilles, l’adversaire ne doit jamais avancer deux mètres de plus. Et pour un All Black, cette règle est immuable. Il ne doit jamais prendre d’essai casquette. Jamais !

Quels sont les atouts des joueurs de Lièvremont ?

Par nature, les Français sont coquins, très solidaires et peuvent aussi se révélé être d’énormes combattants, avec derrière des joueurs très fins, capables d’inspirations ! C’est cet aspect insaisissable qui fait que les autres équipes nous craignent. Voir cette équipe en finale, c’est pour moi inespéré. Alors là, ils n’ont plus rien à perdre. La plupart des joueurs dans leur vie n’auront plus l’occasion de rejouer une finale de Coupe du monde. Ils savent qu’ils vont donner 140 % d’eux-mêmes pendant quatre-vingt minutes… mais 140 % est-ce que c’est assez ? La question elle est là.

Jouer à l’Eden Park, bonne ou mauvaise affaire ?

Sur les 60 000 personnes qu’il y aura, 55 000 Néo-zélandais vont soutenir leur équipe. Culturellement, ce ne sont pas des bruyants. Quand ça bruisse, c’est déjà qu’ils sont satisfaits, s’ils applaudissent, cela signifie que le match des All Blacks est magnifique.

A quoi voit-on qu’un All Black vacille ?

Quand ils commencent à se regarder entre eux et qu’ils comprennent qu’ils n’ont pas la solution. Dans son ADN, un All Black ne doute jamais. Depuis qu’il est tout petit, il sait exactement ce qu’il a à faire, quelle est la partition qu’il doit jouer pour son coéquipier. A chacun la sienne. Mais quand ils commencent à se regarder entre eux, les mains sur les hanches, là, c’est qu’on est arrivé à les faire douter.

Le Haka peut-il faire la différence dans les têtes des adversaires ?

Le haka ? Quand on est sur le terrain en face d’eux et qu’on est sportif de haut niveau, on a juste envie de les tuer… haka ou pas haka. Si on n’est pas dans cet état d’esprit-là, on se fait manger et on y reste sur le terrain. Enterrés. Dès la première minute, on peut se prendre un gros de 120 kilos qui arrive à 2000 à l’heure et si on n’est pas prêt, on se fait labourer.

MINI BIO de Jérôme Gallion

Date de naissance : 04/04/1955

Date de première sélection : 21/01/1978 contre Angleterre

Nombre de sélection : 27

Nombre d’essais : 10

Club : R.C. Toulon

Poste : Demi de mêlée

Taille : 1m72

Poids : 75kg

Source: metrofrance.com

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  1. Georges 22 octobre 2011 at 22h

    😀 …JEROME….immense joueur….malgré s taille !!!!!

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