Thomas Pesquet : « Il y a des gars qui après 10 ans d’entraînement ne sont jamais allés dans l’espace »
Thomas Pesquet : « Il y a des gars qui après 10 ans d’entraînement ne sont jamais allés dans l’espace »
Le jeudi 17 avril 2025 à 1:01 par David Demri
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Lors d’un long entretien accordé à Midi Olympique, l’astronaute français Thomas Pesquet s’est confié sur la blessure contractée par Antoine Dupont.
Selon lui, Antoine Dupont sait très bien ce qu’il a à faire lors de sa convalescence.
Il n’est pas du tout inquiet pour l’international Français qui a les ressources mentales pour rapidement revenir. Extrait:
« Antoine sait parfaitement ce qu’il doit faire et il a toutes les ressources mentales pour surmonter cette épreuve. Bien que la blessure soit physique, c’est l’état d’esprit qui fera la différence. En tant que sportif, on connaît bien cette période où l’on se sent un peu seul, le téléphone sonne moins…
Mais Antoine a un mental fort, et je suis certain qu’il reviendra au maximum de ses capacités. Je voudrais lui dire que tout le monde est derrière lui. Et puis s’il a envie d’aller boire un verre, maintenant qu’il aura moins d’entraînement, je serai disponible. »
Dans la foulée, il fait le rapprochement avec le métier d’astronaute.
Il explique que certains astronautes s’entrainent durant 10 années pour rejoindre l’espace sans finalement jamais aller dans l’espace en raison d’un problème de santé.
A lire ci-dessous :
« Le doute fait partie du processus, surtout dans notre domaine contrairement aux joueurs qui jouent chaque weekend. Nous la mission peut être dans 7 ou 8 ans. On s’entraîne tous les jours, mais on ne joue pas le week-end. L’objectif est lointain et incertain donc cela peut être psychologiquement difficile. Malgré des années d’entrainement, il n’y a aucune garantie de participer à la mission.
Quand on est pilote de chasse, on s’entraîne au simulateur, mais de temps en temps on fait aussi des vrais vols; L’espace c’est différent donc il faut trouver du plaisir dans le processus, dans la préparation, sinon on risque de se rendre malheureux pendant des années. Je me disais que la probabilité que ça ne se réalise pas était élevée, et que c’était important d’accepter cette incertitude. Bien sûr, j’avais des collègues qui étaient plus sûrs d’eux, mais moi, je préférais garder une certaine distance et accepter que tout pouvait arriver. C’était une manière pour moi de me protéger psychologiquement.
Il y a des gars qui malheureusement, après 10 ans d’entraînement et alors qu’ils allaient voler, ils ont eu un problème de santé, ils ne sont jamais allés dans l’espace, ils ont vraiment perdu 10 ans de leur vie. J’aimais me répéter que ça n’allait pas arriver et j’avais toute une liste de choses qui pouvaient se passer et qu’il fallait surmonter pour que la mission se concrétise. J’aimais me répéter « on verra » et garder cela hypothétique.
Et un jour je me suis retrouvé vraiment dans l’espace et cette liste était vide pour la première fois depuis 8 ans. C’était vraiment un super feeling car j’avais toujours eu un peu ce poids de se dire que tous ces efforts, ce rêve pouvaient m’échapper au dernier moment. Le jour où vraiment j’étais dans la station, je me suis senti libéré de cette liste de choses, c’était vraiment des supers moments. »
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