Dimanche 13 avril, dans un quart de finale de Champions Cup au parfum de Top 14, les joueurs du Stade Toulousain ont vécu une immersion aussi rugueuse qu’inoubliable dans l’antre mythique du rugby varois. Le Stade Mayol, fidèle à sa réputation de volcan en éruption, a offert aux visiteurs une expérience sensorielle totale – entre frissons, clameurs et sifflets à faire vibrer les tympans.

Dès leur arrivée à pied, au cœur de la ferveur populaire, les « rouge et noir » venus du Sud-Ouest ont été accueillis par une marée humaine chauffée à blanc. Si certains connaissaient déjà la chaleur de Mayol, pour d’autres, c’était une grande première.

Blair Kinghorn et Jack Willis, notamment, ont découvert un décor bien éloigné de l’ambiance feutrée des stades britanniques. Descendus du bus, les deux compères ont arpenté, mi-amusés mi-déroutés, le couloir vivant d’une hostilité toulonnaise parfaitement assumée.

« Un petit chemin initiatique »

Tout au long de la semaine, le staff toulousain avait préparé les joueurs à cette atmosphère unique. Ugo Mola, entraîneur principal, en avait même fait un élément central de son discours d’avant-match :

« Cette génération-là, elle a peu eu l’occasion de s’y frotter [à l’ambiance de Mayol], c’est un élément à prendre en compte. Je crois que tout joueur de rugby qui a le moyen de pouvoir aller à Mayol, doit passer par ce petit chemin initiatique de se retrouver à un moment ou à un autre de sa carrière à aller jouer là-bas », avait-il déclaré.

Le technicien toulousain allait plus loin :

« Je crois beaucoup au parcours collectif, à l’expérience collective, à la capacité qu’ont les joueurs à vivre des moments ensemble dans des milieux ou dans des endroits ou dans des environnements différents, et celui-là, je pense qu’ils ne l’ont jamais vécu. »

Loin d’être paralysés, les Toulousains ont relevé le défi avec courage.

« C’était énorme »

Au coup de sifflet final, les visages affichaient encore la tension d’une bataille ardue. Emmanuel Meafou, géant du pack toulousain, ne cachait pas son émotion :

« C’était énorme. C’est un stade historique et on en a parlé pendant la semaine, on savait que ça n’allait pas être facile. Face à Toulon, j’avais joué deux fois à Mayol et deux fois au Vélodrome et j’ai perdu quatre fois. »

Une série noire enfin brisée, dans l’un des contextes les plus intenses du rugby hexagonal.

Pour Julien Marchand, capitaine de l’équipe et tout juste cinquantenaire en Champions Cup, la symbolique de l’instant n’échappait à personne :

« On sait très bien que Toulon et plus particulièrement Mayol, c’est une place forte du rugby depuis très longtemps. C’est un très gros stade, une très grosse ambiance, une très grosse ferveur. On l’a vu dès l’arrivée, donc on le savait. Et à partir de là, on savait aussi qu’il y avait beaucoup de Toulousains qui nous ont soutenus. Mais globalement, ça reste très rugby et très fair play. »

Ramos : sifflé, mais philosophe

Tous n’ont pas vécu la rencontre avec la même sérénité. Thomas Ramos, régulièrement hué lors de ses tentatives au pied, en a fait les frais. Pourtant, même l’arrière international a su saluer l’ambiance, à sa manière :

« Avec un stade pareil, dans un environnement pareil, ces pénalités, on les rêve. Je n’en veux même pas au public qui siffle, c’est limite normal. »

Viril mais loyal, bruyant mais vibrant, le public de Mayol aura une nouvelle fois fait honneur à sa légende. Et les Toulousains, désormais initiés, garderont sans doute longtemps le souvenir de ce quart de finale où rugby et passion ont, plus que jamais, marché main dans la main.